Greet, Michele, « “Exhilarating Exile”: Four Latin American Women Exhibit in Paris », Artelogie, n° 5, 2013
→Duarte Sánchez, María Elena (dir.), Lola Cueto: trascendencia mágica, 1897-1978, cat. expo., Museo Casa Estudio Diego Rivera, Mexico (2009), Mexico, Instituto Nacional de Bellas Artes, 2009
→Flores, Tatiana, « Strategic Modernists: Women Artists in Post-Revolutionary Mexico », Woman’s Art Journal, vol. 29, n° 2 (automne – hiver, 2008), p. 12-22
Flores Mexicanas: Women in Modern Mexican Art, Dallas Museum of Art, 16 février – 10 janvier 2021
→Lola Cueto: trascendencia mágica, 1897-1978, Museo Casa Estudio Diego Rivera, Mexico, 2009
→Tapisseries Mexicaines de Lola Velasquez Cueto, Salle de la Renaissance, Paris, 6 – 19 février 1929
Peintre, graveuse, artiste textile, marionnettiste et enseignante mexicaine.
María Dolores Velázquez Rivas, mieux connue sous le nom de Lola Cueto, entame sa pratique artistique en 1909 à l’académie San Carlos, à tout juste douze ans, et poursuit son éducation à l’école de peinture Al Aire Libre de Santa Anita. Son œuvre et sa future carrière d’enseignante viendront incarner le concept d’identité nationale développé au lendemain de la révolution mexicaine (1910-1920) et l’idée d’une « renaissance » artistique et culturelle fondée sur une fusion d’esthétiques populaires et modernes.
L. Cueto et son mari, l’artiste Germán Cueto (1893-1975), cofondateur du mouvement artistique et littéraire stridentiste, sont des figures centrales des avant-gardes du Mexique postrévolutionnaire. Grâce à son approche novatrice de la broderie, L. Cueto parvient à s’intégrer dans ce groupe majoritairement masculin qui s’intéresse principalement aux technologies modernes et son travail est souvent présenté dans la revue Horizonte, dirigée par le poète stridentiste Germán List Arzubide.
Ses œuvres Tehuantepec (vers 1920-1927) et Tehuana (1926) illustrent parfaitement son approche de la broderie. Elle y représente une femme tehuana portant un panier de fruits sur un arrière-plan de flore et de faune inspiré des motifs traditionnels des tenues huipil et du papel picado. L. Cueto fait ici usage de l’un des symboles préférés des artistes postrévolutionnaires et traduit ainsi la beauté, la force et l’indépendance qui caractérisent les femmes de la région de Tehuantepec, emblèmes de la vitalité de la culture autochtone face à la colonisation. Pour aborder ces sujets, elle se distingue de ses contemporains et contemporaines par son usage de la broderie, technique privilégiée par de nombreuses femmes autochtones. Elle modifie néanmoins la nature traditionnellement manuelle de cette pratique en se servant d’un outil technologique plus moderne : une machine à broder Cornely. Sa façon unique d’associer les arts populaires et la technologie moderne crée ainsi une fusion entre le passé et le présent. Ce faisant, elle rattache l’indigénéité préhispanique aux idéologies postrévolutionnaires et positionne son œuvre au centre des discours nationalistes de l’époque.
L. Cueto s’installe à Paris avec son mari et ses deux filles en 1927 et y expose avec succès ses œuvres textiles. Après avoir vu son travail lors d’une importante exposition à la galerie Renaissance en 1929, le critique André Salmon loue sa pratique et écrit que « ce n’est pas une machine […] qu’elle conduit aussi volontairement […] qu’elle ferait du pinceau ». L’œuvre de L. Cueto est appréciée d’un public français friand d’exotisme et A. Salmon va même jusqu’à déclarer que ses tapisseries sont « la dernière grande espérance de ceux que l’art nègre [sic] avait lassés jusqu’à la fatigue ».
Le succès parisien de L. Cueto lui ouvre la porte de nouvelles expositions à Barcelone et aux Pays-Bas. Pourtant, à son retour au Mexique en 1932, elle choisit de se consacrer principalement à la confection de marionnettes. L’année suivante, elle fonde ainsi avec son mari, accompagnés d’Angelina Beloff (1879-1969), de Graciela Amador (1898-1972), Leopoldo Méndez (1902-1969), Roberto Lago (1903-1995) et d’autres, le théâtre de marionnettes Rin-Rin. L. Cueto crée les personnages, met en scène et joue des spectacles pour les enfants des villes et des campagnes, tout en animant en 1938 un atelier dédié au théâtre de marionnettes à l’École nationale d’arts plastiques. Plusieurs groupes de marionnettistes se forment à l’issue de ce travail et, avec le soutien du gouvernement, se produiront dans l’ensemble du pays au cours des décennies suivantes. La fille de L. Cueto, Mireya Cueto (1922-2013), fait perdurer l’héritage de sa mère à travers son propre parcours de marionnettiste et la fondation du Museo Nacional del Títere [musée national de la Marionnette] à Huamantla (Tlaxcala).
Une notice réalisée dans le cadre du réseau académique d’AWARE, TEAM : Teaching, E-learning, Agency and Mentoring
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