Haedo Oscar Félix, Lola Mora. Vida y obra de la primera escultora argentina, Buenos Aires, Eudeba, 1974
→Páez de la Torre Carlos & Terán Celia, Lola Mora. Una biografía, Buenos Aires, Planeta, 1997
→Corsani Patricia, Lola Mora. El poder del mármol, Buenos Aires, Vestales, 2009
Lola Mora, por amor al arte, Espacio Multiarte, Buenos Aires, 20 avril – 31 mai 2007
Sculptrice argentine.
Dolores (Lola) Mora, qui est sans conteste l’artiste femme la plus célèbre de l’histoire de l’Argentine, naît dans la province de Tucumán en 1867. Issue d’une famille aisée, elle suit des cours de dessin dès son plus jeune âge. Plus tard, elle bénéficie de leçons particulières que lui donne un peintre italien, Santiago Falcucci (1857-1922). En 1894, la Sociedad de Beneficencia, un organisme de bienfaisance locale, ouvre une exposition pour célébrer l’anniversaire de l’indépendance argentine. L. Mora y présente plus de 20 portraits au fusain des gouverneurs de sa province natale. La presse, les politiques et les élites louent le degré de précision des dessins, qui démontrent sa formation académique. Le geste de l’artiste est audacieux, d’autant plus que les autres jeunes exposantes ont choisi de proposer des œuvres moins ambitieuses.
En 1895, L. Mora demande et obtient officiellement une bourse pour un séjour d’études de deux ans en Europe. Elle part pour Rome et commence à travailler sous la direction de Francesco Michetti (1851-1929) et Costantino Barbella (1853-1925). Un peu plus tard, elle se tourne vers la sculpture, se formant sous la houlette de l’artiste académique Giulio Monteverde (1837-1917). Elle ouvre rapidement son propre atelier à Rome et devient une sculptrice de renom, recevant des commandes importantes de la part du gouvernement argentin. Comme nombre de ses consœurs, L. Mora bénéficie de la fascination suscitée par l’association, supposément improbable, des femmes et de la sculpture.
En 1900, elle revient en Argentine pour la première fois. Elle obtient alors sa première grande commande pour un lieu public : le monument à Juan Bautista Alberdi, un héros national né dans la province de Tucumán. Elle présente également les plans de ce qui deviendra sa sculpture la plus célèbre : la Fuente de las Nereidas [Fontaine des Néréides, 1903], une fontaine monumentale qu’elle offre à la ville de Buenos Aires, en gage de remerciement pour la bourse qui lui a permis d’étudier à Rome. Elle reçoit rapidement d’autres commandes, parmi lesquelles figure celle du Monumento Nacional a la Bandera [Monument national au drapeau], un mémorial bâti dans la ville florissante de Rosario. Après plusieurs années de travail, la Fuente de las Nereidas est dévoilée en 1903 dans le jardin public du Paseo de Julio, récemment créé. L. Mora attire l’attention des critiques d’art et de la presse argentine, qui consacrent des milliers de pages à son éloge ; son œuvre n’est ouvertement décriée qu’à de rares reprises. De 1900 à 1910, période relativement brève où elle est le plus prolifique, elle jouit d’une reconnaissance impressionnante.
À partir de 1910, date qui marque un tournant non seulement dans les goûts de ses contemporains, mais aussi dans la situation politique de l’Argentine, l’aura de L. Mora commence à faiblir. Ses liens avec ce qui est désormais perçu comme l’élite de l’ancien régime l’excluent des nouveaux projets, et beaucoup de ses œuvres restent inachevées. Sa mort en 1936 provoque des réactions dans l’ensemble de la presse et des milieux littéraires et signe son entrée dans la légende de l’histoire de l’art argentin.