Marta Hoepffner, Fotografien und Lichtobjekte [photographies et objets lumineux], Pfalzgalerie Kaiserslautern, Kaiserslautern, juin-juillet 1984
→Marta Hoepffner : Das Fotografische und linchkinetische Werk [travail photographique et cinétique], Städtische Galerie, Ravensburg, février-mars 1982
Photographe allemande.
Marta Hoepffner, nièce d’Hugo Ball, fait partie du groupe restreint de photographes qui, resté en Allemagne sous le national-socialisme, assure la continuité entre la recherche photographique avant-gardiste des années 1920 et celle de l’après-guerre. Dans son travail abstrait se mêlent références à l’abstraction picturale et procédés de la Nouvelle Vision. Sa formation à la Kunstschule de Francfort (1929-1933) a été sur ce point déterminante : la ville, nouveau foyer moderne de l’Allemagne, a rivalisé avec l’effervescence culturelle de Berlin ou de Weimar. Initiée à la photographie par son professeur Willi Baumeister, qui diffuse à ses élèves les travaux de László Moholy-Nagy, Man Ray ou encore Herbert Bayer, Hoepffner s’engage immédiatement dans la photographie expérimentale. La lecture de Peinture, photographie, film (1925) de Moholy-Nagy ne fait que renforcer cette aspiration. Elle profite de ses années de formation pour se familiariser avec les techniques photographiques des avant-gardes (solarisation, exposition multiple, surexposition ou encore photomontage), mais reste attachée au médium pictural.
L’exposition Vom Abbild zum Sinnbild au Städel Museum de Francfort en 1931 et ses multiples visites à Paris en 1937 enrichissent sa connaissance de la peinture abstraite et sont décisives dans l’élaboration de son imaginaire artistique. Ce vocabulaire innovant est mis à profit dans certaines compositions au rendu irréel pour le journal Das Illustrierte Blatt (1936-1938) mais aussi dans des photogrammes tenus secrets (Hommage à Kandinsky, 1937) pour défendre l’esthétique moderniste proscrite par le régime nazi.
Après la guerre, Hoepffner se consacre pleinement à la création de photogrammes en couleurs à l’aide du procédé de polarisation. Ce travail sur la révélation de la lumière blanche et de l’effet optique produit n’est en réalité qu’un premier pas vers quelque chose de plus ambitieux : le cinétisme. Les lightboxes sont en effet la transposition en trois dimensions de ses photogrammes. Elles présentent de multiples affinités avec le Modulateur espace-lumière (1930) de Moholy-Nagy : elles font non seulement le lien entre la photographie et les jeux d’ombres et de lumière, mais donnent également l’impression, par leur aspect pictural, que la lumière est en train de peindre ce qui apparaît sous nos yeux. Enfin, Hoepffner s’est distinguée par son rôle de professeure dans l’école de photographie qu’elle fonde en 1949. Aux côtés de sa sœur Madeleine et de sa compagne et photographe Irm Schoeffers, ses cours visaient surtout une exploration technique, expérimentale et totale de la photographie.
Publication en partenariat avec le Centre Pompidou, dans le cadre de l’exposition Elles font l’abstraction présentée au Centre Pompidou, Musée national d’art moderne, Galerie 1, Paris, du 5 mai au 23 août 2021, sous le commissariat de Christine Macel et de Karolina Ziebinska-Lewandowska (pour la photographie), assistées de Laure Chauvelot. Notice tirée du catalogue de l’exposition publié par les éditions du Centre Pompidou ©Éditions du Centre Pompidou, 2021