Pollock Griselda, Mary Cassatt, New York, Harper & Row, 1980 et Thames and Hudson, 1998
→Mowll Matthews Nancy , Mary Cassatt : A Life, New York, Villard, 1994 et New Haven, Yale University Press, 1998
→Mauvieux Martine, Mary Cassatt, Paris, Les Dossiers du musée d’Orsay, n° 21, 1988
Mary Cassatt, une impressionniste américaine à Paris, musée Jacquemart-André Institut de France, Paris, 9 mars – 23 juillet 2018
→Degas/ Cassatt, National Gallery of Art, Washington, 11 mai – 5 octobre 2014
→Mary Cassatt, Impressions, musée d’Art américain, Giverny, 1er avril – 3 juillet 2005
Peintre, pastelliste et graveuse états-unienne.
Issue d’un milieu aisé, Mary Cassatt passe une partie de son enfance avec sa famille à Paris, Heidelberg et Darmstadt. Formée à la Pennsylvania Academy of Fine Arts (1860-1864), elle retourne en France étudier la peinture de genre avec Jean-Léon Gérôme (1824-1904), Charles Chaplin (1825-1891), Paul-Constant Soyer (1823-1903), Édouard Frère (1819-1886) et Thomas Couture (1815-1879). Elle fréquente le Louvre et débute au Salon en 1868, sous le nom de Mary Stevenson, avec Joueuse de mandoline. Entre 1872 et 1874, elle séjourne en Italie, à Rome et à Parme, où elle copie Le Corrège (1489-1534) et étudie la gravure ; elle voyage en Espagne, aux Pays-Bas et en Belgique avant de s’installer définitivement en France en 1874.
Au Salon de 1874, son tableau Ida frappe Edgar Degas (1834-1917), tandis qu’elle-même est bouleversée par deux pastels de l’artiste vus dans une galerie parisienne. Ils nouent une forte amitié artistique, partageant leur passion pour les maîtres anciens, le dessin, le pastel et les expérimentations techniques, mais aussi le refus du plein air et l’intérêt pour les sujets de la vie moderne. En 1877, E. Degas invite M. Cassatt à exposer avec les Indépendants, qu’elle rejoint en 1878, après avoir été refusée du Salon. Elle participe à quatre expositions du groupe : en 1879, 1880, 1881 et 1886. En 1878, le tableau Petite fille dans un fauteuil bleu, aujourd’hui conservé à la National Gallery de Washington, est refusé par la section américaine de l’Exposition universelle de Paris pour son radicalisme. Durant ses années impressionnistes, M. Cassatt développe des thèmes liés à la représentation et aux codes de genre, avec des images de spectatrices dans leurs loges aux accessoires significatifs (bouquets, éventails, lorgnettes). Elle joue un rôle clé dans la diffusion de l’impressionnisme aux États-Unis, conseillant son amie Louisine Elder Havemeyer, qui devient la plus grande collectionneuse d’E. Degas outre-Atlantique et à l’origine de la collection impressionniste du Metropolitan Museum de New York. Elle encourage également son frère Alexander Cassatt à acheter parmi les premières œuvres de Claude Monet (1840-1926) et d’E. Degas à être exposées aux États-Unis.
M. Cassatt pratique la détrempe, la peinture métallique, les techniques mixtes ; elle participe au renouveau du pastel et de l’eau-forte. Elle expose en 1889 et en 1890 avec la Société des peintres-graveurs français des pointes-sèches et des aquatintes. En 1891, la galerie parisienne Durand-Ruel organise sa première exposition monographique, où sont notamment montrées dix aquatintes en couleur « à la manière japonaise ». Productrice de plus de deux cent cinquante gravures, elle travaille beaucoup ses planches, à l’instar de Francisco de Goya (1746-1828). Elle souhaite par l’estampe démocratiser son art. Dans les années 1890, elle explore davantage le pastel, pour des portraits de femmes et d’enfants. Elle offre à l’État français son pastel Femme et enfant (1897), rapidement renommé Mère et enfant et aujourd’hui conservé dans les collections du musée d’Orsay. Elle devient célèbre pour ses maternités, thème qui lui permet de dialoguer avec les madones classiques et d’exprimer la sensualité de la chair.
Féministe engagée, M. Cassatt reçoit la commande d’une peinture monumentale, La Femme moderne, pour le hall d’honneur du pavillon de la Femme de l’Exposition universelle de Chicago en 1893. Ce décor consacre sa célébrité dans son pays natal, où sa première exposition en solo se tient chez Durand-Ruel à New York en 1895. M. Cassatt achète le château de Beaufresne, au Mesnil-Théribus, en 1894, et y travaille jusqu’en 1914, date où elle commence à perdre la vue. En 1915, elle figure dans l’exposition de soutien au droit de vote des femmes à la galerie Knoedler & Co à New York. Considérée aux États-Unis comme l’une des artistes majeures de la fin du XIXe siècle, elle reste relativement méconnue en France où elle est très peu présente dans les collections publiques et où elle n’a pas encore bénéficié d’une grande exposition dans un musée national.
Publication en partenariat avec le musée d’Orsay.
© Archives of Women Artists, Research and Exhibitions