Paasche, Marit, Hannah Ryggen. Threads of Defiance, Londres, Thames & Hudson Ltd, 2019
→Ustvedt, Øystein (dir), Hannah Ryggen. Weaving the World, Oslo, Nasjonalmuseet, Malmö, Moderna Museet, Londres, Koenig Books, 2015
→Gjelsvik, Magni Moksnes, Hannah og Hans Ryggen. Deres eventyrlige liv og kunst, Trondheim, NT Forlag, 1993
Hannah Ryggen: Bildvävnader, Lunds Konsthall, Lund, février – mars 1972
→Hannah Ryggen: Bildvävnader 1933-1961, Moderna Museet, Stockholm, 1962
→Hannah Ryggen, Kunstnernes Hus, Oslo, mars – avril 1953
Tisserande norvégienne d’origine suédoise.
Hannah Ryggen, née Hanna Josefina Jönsson, grandit à Malmö, en Suède, dans une famille ouvrière. Elle suit des études pour devenir institutrice, mais aspire à une carrière plus artistique. Elle décide de poursuivre son rêve en 1916 et, après six années passées à étudier la peinture et le dessin, principalement à la faculté technique de Lund, elle apprend à maîtriser la perspective, la composition et le dessin à main levée. En 1923, elle se plonge dans le tissage et lui découvre une force d’expression qu’elle ne trouve pas en peinture. Elle se passionne pour son lien avec l’art populaire et perçoit le potentiel politique de cette technique traditionnelle. H. Ryggen avait déjà pratiqué le tissage auparavant à l’occasion d’ateliers à l’été 1916 mais, en dehors de cette initiation, elle est encore novice dans ce domaine.
Elle rencontre son futur époux Hans Ryggen en 1922 et emménage en 1924 dans sa petite ferme à Ørlandet en Norvège. Dès qu’elle en a le temps, elle travaille sur le métier à tisser que son mari lui a fabriqué avec la laine qu’elle carde, file et teint elle-même, ainsi qu’avec le lin qu’elle cultive et transforme. Le couple vit une vie simple, modeste et proche de la nature. Les tissages de H. Ryggen abordent une vaste palette de thématiques fondée à la fois sur ses propres expériences de vie et ses convictions politiques. Son amour des animaux et la tristesse qu’elle éprouve à devoir les abattre sont évoqués dans son œuvre monumentale Vi og våre dyr [Nous et nos animaux, 1934], longue de près de cinq mètres. H. Ryggen croit en la fonction sociale de l’art et cherche à faire entrer la tapisserie dans le monde moderne en y intégrant des situations politiques liées à la société contemporaine.
Son style s’inspire généralement du vocabulaire formel médiéval, avec des formes simplistes et une perspective aplanie, auxquelles elle ajoute des éléments plus intenses et expressionnistes qui traduisent ses intérêts sociopolitiques. L’artiste doit l’originalité de ses œuvres au fait qu’elle associe le style moderne et abstrait typique de la peinture avec la tradition figurative du tissage, tout en travaillant sans cartons ou dessins préparatoires. H. Ryggen consacre souvent ses œuvres à ceux et celles qu’elle considère comme victimes d’injustice, comme dans Etiopia (1935), où elle condamne l’occupation fasciste de l’Éthiopie par Mussolini en représentant la tête du dictateur empalée sur une lance, ainsi que dans Drømmedød [Mort des rêves, 1936], qui représente la persécution brutale et inhumaine par les Nazis de l’écrivain de gauche Carl von Ossietzky. C’est de sa petite maison d’Ørlandet qu’elle met en œuvre, à travers sa tapisserie, sa propre forme de résistance politique et souvent féministe.
Une notice réalisée dans le cadre du réseau académique d’AWARE, TEAM : Teaching, E-learning, Agency and Mentoring
© Archives of Women Artists, Research and Exhibitions, 2022