She-Bam Pow Pop Wizz ! Les amazones du pop (1961-1973), MAMAC, Nice, 3 octobre 2020 – 28 mars 2021
→Seductive Subversion: Women Pop Artists, 1958-1968, University of the Arts, Philadelphie, 2010
→Ridiculous Portrait: The Art of May Wilson, Morris Museum, Morristown, New Jersey, 2008
Plasticienne états-unienne.
Issue de la classe ouvrière américaine, May Wilson abandonne l’école à la suite de la mort de son père, alors qu’elle est adolescente, pour travailler en tant que dactylographe et aider sa mère. À 20 ans, elle épouse un avocat, William S. Wilson Jr., a deux enfants, s’installe dans le Maryland et mène la très classique existence de femme au foyer que l’on attend d’elle. Son mari s’enrichit ; le couple fait alors l’acquisition d’une belle maison, de luxueuses voitures et se distrait au country club. À mesure que son mode de vie se rapproche de l’American dream, M. Wilson éprouve une envie grandissante de s’en échapper, certaine de vouloir devenir une artiste. À 42 ans, elle suit alors des cours par correspondance d’arts plastiques et d’histoire de l’art. Elle peint des toiles que ses proches qualifient de primitives. On ressent dans ses œuvres du début l’influence de Paul Cézanne (1839-1906) notamment.
Elle se considère comme peintre amatrice jusqu’au milieu des années 1950, moment où elle fait la rencontre de l’artiste Ray Johnson (1927-1995). Ce pionnier du mail art est fasciné par son apprentissage de l’art par correspondance. M. Wilson crée des portraits qu’elle qualifie de « ridicules », des images de son visage distordu, réalisées dans une cabine photographique à Times Square, qu’elle plaque sur des portraits existants et adresse à ses ami·es. R. Johnson et elle s’écrivent beaucoup ; plusieurs échanges permettent à chacun·e d’intervenir sur le collage de l’autre et d’y ajouter quelque chose avant de l’envoyer à un nouveau ou une nouvelle destinataire. M. Wilson emballe aussi des objets, par exemple des poupées ou des fers à repasser, dans du tissu qu’elle recouvre ensuite de peinture en spray monochrome.
Son arrivée tardive sur la scène artistique new-yorkaise, en 1966 – l’année de son divorce –, lui vaut le surnom de Grandma Moses of the Underground. Elle s’installe alors dans une chambre du Chelsea Hotel. Ce surnom ne fait pas seulement référence à son changement radical de vie, mais aussi à la liberté avec laquelle elle se joue des conventions sociales et du monde qui l’entoure. Au début des années 1970, Amalie Rothschild réalise un documentaire sur l’artiste : Woo Who? May Wilson. Durant sa carrière, M. Wilson n’a que peu d’occasions de montrer son travail, excepté lors d’une prestigieuse exposition monographique à la Gimpel & Weitzenhoffer Gallery à New York, en 1971-1972, qui remporte un grand succès critique, mais ne donne lieu à aucune vente. Alors que sa santé décline, l’artiste produit de moins en moins. En 1984, comme elle souffre de démence, sa famille la place en maison de retraite à Manhattan où elle meurt deux ans plus tard.
Publication réalisée en partenariat avec le musée d’Art moderne et d’Art contemporain de Nice, dans le cadre de l’exposition She-Bam Pow POP Wizz ! Les amazones du POP (1961-1973).
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