Mia Bustam, Potret Diri [Autoportrait], 1959, huile sur toile, dimensions inconnues, perdue (détruite lors des émeutes qui ont incendié les bureaux de Lekra à Jakarta au lendemain du génocide de 1965), la peinture originale était en couleur, le seul vestige restant était cette photo en noir et blanc, conservée par Marah Djibal. Exposée dans les pays du bloc de l’Est par Lekra, en 1964-1965, ainsi qu’à l’exposition du 45e anniversaire du Parti communiste indonésien, le 23 mai 1965 à Jakarta, en Indonésie © Mia Bustam
Isabella, Brigitta, « Who Are We Writing For? A Feminist Counter-Public Inside and Outside Open Letter » in Laru-an, et al (dir.), Soft Spots (Biennale Matter of Art Reader), Prague, Spector Books & tranzit, 2022, p. 303–315
→Low, Yvonne, « Mia Bustam and Her Memoirs: Speaking for Herself », Southeast of Now: Directions in Contemporary and Modern Art in Asia, vol. 5, no. 1 & 2, octobre 2021, p. 335–338
→Dirgantoro, Wulan, « Haunting in the Archipelago: Emiria Sunassa and Mia Bustam » in Feminisms and Contemporary Art in Indonesia: Defining Experiences, Amsterdam, Amsterdam University Press, 2017, p. 77-118
102 Years of Mia Bustam, Goethe Haus Jakarta – Indonesia, 21st August 2022
→Exposition collective avec Lekra dans les pays du bloc de l’Est, divers pays européens, 1964-1965
→Exposition collective avec sept femmes artistes, Sanggar Seniman Alun-Alun Utara [Atelier d’artistes de la place nord], Yogyakarta, 1957
Peintre, brodeuse, écrivaine et traductrice indonésienne.
Mia Bustam étudie à l’école Van Deventer, à Surakarta, pour devenir enseignante en maternelle (1933-1936). Elle ne parvient toutefois pas à mener à terme sa formation, car son père est renvoyé de son poste d’officier colonial néerlandais. Elle étudie ensuite à l’Universitas Rakyat (UNRA) [université du Peuple], où elle est nommée meilleure étudiante en 1963.
En 1943, M. Bustam épouse Sindoedarsono Soedjojono (1913-1985), un peintre communiste indonésien, avec lequel elle a huit enfants. Ce mariage prend fin en raison d’une liaison extraconjugale de son mari – un scandale public qui lui vaut d’être exclu du Parti communiste indonésien. Refusant une relation polygame, M. Bustam demande le divorce en 1959.
Après cette séparation, M. Bustam s’épanouit sur le plan artistique. Elle commence à se consacrer avec sérieux à la peinture et rejoint le collectif Seniman Indonesia Muda [SIM, Jeunes artistes indonésien·nes]. En 1959, elle devient membre de Lembaga Kebudayaan Rakyat [Lekra, Institut pour la culture du peuple], une organisation artistique de gauche, et en 1963 elle devient la responsable de Lekra Yogyakarta. Sa peinture à l’huile Potret Diri [Autoportrait, 1959] est exposée dans des pays du bloc de l’Est par Lekra (1964-1965) et à l’exposition du 45e anniversaire du Parti communiste indonésien, le 23 mai 1965, à Jakarta. Ce tableau est perdu lors des tueries de masse de 1965, quand a lieu une émeute au sein des bureaux de Lekra, à Jakarta. La seule trace qu’il en reste est une photographie monochrome conservée par son amie Marah Djibal (1935-?).
Le 23 novembre 1965, M. Bustam est arrêtée chez elle par l’armée, en présence de sept de ses enfants – l’aîné avait déjà été arrêté un mois auparavant. Elle passe les treize années et demi suivantes en prison, où elle a été jetée sans procès par le Nouvel Ordre militaire, et est déplacée d’une prison pour femmes à l’autre à travers Java. Elle est libérée en juillet 1978. M. Bustam réalise quelques œuvres durant sa captivité, comme Sriyoga Plantungan [Femme méditant à Plantungan, vers 1971-1976], créée au sein de la prison pour femmes de Plantungan. Ce portrait de son amie la militante Ibu Werdoyo Deksono est sérigraphié sur le plastique utilisé pour emballer les objets artisanaux produits en détention pour le commerce. M. Bustam est aussi une brodeuse de talent. Dans son point de croix Sans titre (vers 1976-1978), réalisé lors de son incarcération à la prison de Bulu, à Semarang, elle imagine que ses petits-enfants lui rendent visite au camp de Plantungan.
Par la suite, M. Bustam publie ses mémoires : Sudjojono dan Aku [Sudjojono et moi, 2006], Dari Kamp ke Kamp: Cerita Seorang Perempuan [De camp en camp. L’Histoire d’une femme, 2008] et, de manière posthume, Kelindan Asa dan Kenyataan [L’Espoir et le Réel emmêlés, 2022] et Mutiara Kisah Masa Lalu [Perles d’histoires du passé, 2024].
La plupart des œuvres de M. Bustam ont été perdues durant les tueries de masse qui ont eu lieu entre 1965 et 1966 en Indonésie. L’artiste rêvait d’une exposition individuelle, mais sa carrière fut écourtée en raison de sa longue incarcération, puis de son statut d’ex-prisonnière politique du Nouvel Ordre.
Une notice réalisée dans le cadre du programme The Flow of History. Southeast Asian Women Artists, en collaboration avec Asia Art Archive
© Archives of Women Artists, Research and Exhibitions, 2025