Nzinga, Fari, « Art, Gender, and Identity », Smithsonian National Museum of the American Indian, 1er avril 2023
→Willis, Deborah, Reflections in Black : A History of Black Photographers, 1840 to the Present, New York, Londres, W.W. Norton & Company, 2000
→Cornell, Daniell, et Cheryl Finley, Imaging African Art : Documentation and Transformation, cat. exp., Yale University Art Gallery, New Haven (9 mai – 30 juillet 2000), New Haven, Yale University Art Gallery, 2000
Ancestors Know Who We Are, Smithsonian National Museum of the American Indian [en ligne], 2022 – en cours
→Imaging African Art : Documentation and Transformation, Yale University Art Gallery, New Haven, 9 mai – 30 juillet 2000
Photographe guyanienne.
La photographe guyanienne Moira Pernambuco réalise des portraits en studio et des photographies de rue. Elle vit et travaille dans le New Jersey et à New York, aux États-Unis. Elle est née d’une mère noire et d’un père autochtone wapishana au Guyana, pays anciennement colonisé par le Royaume-Uni. Ses deux parents, enseignants, ont défié les conventions sociales de leur époque – en particulier l’hostilité raciste, alors dominante, concernant l’union entre une femme noire et un homme autochtone. Pour sa pratique créative, M. Pernambuco puise son inspiration dans l’héritage métis qu’elle porte en elle, à la fois en tant que fille de deux professeurs pionniers de son pays natal et en tant qu’immigrante à la confluence de deux mondes. Elle est emmenée aux États-Unis à l’âge de dix ans, lorsque sa mère fuit le Guyana avec ses cinq enfants dans une période marquée par l’instabilité sociale, la répression et la discrimination raciale.
D’abord intéressée par la danse moderne, M. Pernambuco découvre la photographie après une blessure au genou qui met fin à son rêve de devenir danseuse professionnelle. Au milieu des années 1980, elle commence à réaliser, avec un petit appareil photographique 110 mm, des portraits de sa grand-mère vieillissante. Dès lors, elle documente histoires individuelles et récits familiaux en rendant hommage à ses héritages culturels africains et autochtones. Elle obtient un Bachelor of Arts du SUNY Purchase College (État de New York) en 1995 et un Master of Fine Arts du San Francisco Art Institute en 2005. L’une de ses principales références artistiques est le travail d’Elizabeth Catlett (1915-2012), graveuse et sculptrice africaine-américaine renommée, animée par la volonté de produire un art capable de parler aux classes laborieuses du monde entier, d’être à leur service et de fonctionner comme un outil d’émancipation.
De 1995 à 1998, M. Pernambuco développe l’une de ses séries documentaires les plus plébiscitées, intitulée A Tribute to the Ancestors of the Middle Passage. Elle est constituée de portraits monochromes de participant·es à une cérémonie qui a lieu chaque année sur les rives de l’océan Atlantique, à Coney Island (New York). Vêtu·es de blanc, couleur symbolique de la guérison, de la purification et de la spiritualité, les participant·es déposent des fleurs (Save a Space for Me, 1998) et prient les orishas, des divinités yorubas (The Re-Builder, 1998), pour honorer les vies fauchées par la Traite transatlantique. Avec cette œuvre, M. Pernambuco travaille spécifiquement sur son identité de personne afro-descendante et sur la relation à l’océan comme lieu de trauma et de mémoire. Les titres des clichés de cette série – Father to Daughter, Cousins et The Inheritance – renforcent, selon les historiens de l’art Daniell Cornell et Cheryl Finley, un héritage partagé entre les sujets et la créatrice.
L’influence de E. Catlett et ses propres convictions sur le rôle de l’art dans la société, ainsi que la profession de ses parents, ont nourri la manière dont l’artiste aborde la photographie : un médium permettant d’informer et d’éduquer au sujet de l’expérience afro-autochtone. Les œuvres de M. Pernambuco sont conservées dans des collections d’institutions publiques et privées, comme, à New York, le Caribbean Cultural Center African Diaspora Institute, la School of Social Work de la Columbia University, le Schomburg Center for Research in Black Culture de la New York Public Library et, à New Haven, la Yale University Art Gallery. L’artiste a participé à l’exposition en ligne du Smithsonian National Museum of the American Indian Ancestors Know Who We Are, qui constitue un jalon important dans sa carrière.
Une notice réalisée dans le cadre du programme « The Origin of Others. Réécrire l’histoire de l’art des Amériques, du XIXe siècle à nos jours » en partenariat avec le Clark Art Institute.
© Archives of Women Artists, Research and Exhibitions, 2023