Kraynak Janet (dir.), Monica Bonvicini, Londres, Phaidon, 2014
→Dorin Lisa (dir.), Monica Bonvicini: Light Me Black, cat. expo., Art Institute of Chicago (20 novembre 2009 – 24 janvier 2010), Chicago, Art Institute of Chicago, 2009
→Fricke Harald, Monica Bonvicini – Platz machen, Berlin, Kulturwerk des BBK, 1994
Monica Bonvicini: Anxiety Attack, Modern Art Oxford, Oxford ; Tramway, Glasgow, 2003
→BOTH ENDS, Kunstalle Fridericianum, Cassel, 28 août – 14 novembre 2010
→3612,54 m3 vs 0,05 m3, Berlinische Galerie, Berlin, 16 septembre 2017 – 26 février 2018
Plasticienne italienne.
Monica Bonvicini suit des études à Berlin (1986-1990), puis à Los Angeles, au California Institute of the Arts (1991-1992). Présentée au milieu des années 1990, son œuvre la propulse rapidement sur la scène artistique internationale et fait l’objet d’expositions dans de nombreuses institutions (Kunstmuseum de Bâle ; Le Magasin à Grenoble ; Kunsthalle de Kassel ; palais de Tokyo à Paris ; musée d’Art contemporain à Vigo ; Palazzo Grassi à Venise ; Secession à Vienne). Elle obtient le Lion d’or à la Biennale de Venise en 1999 et le prix de la Nationalgalerie de Berlin en 2005. En 2007, elle décroche une commande publique : une sculpture flottante, face au nouvel Opéra House d’Oslo (Norvège). « Engagée », son œuvre s’inscrit profondément dans la société contemporaine. L’artiste questionne, parfois avec violence, les structures traditionnelles du pouvoir, qui régissent les rapports homme/femme et déconstruit de façon méthodique les systèmes de valeurs sociales, culturelles et identitaires. Elle mène alors une analyse critique sur l’architecture, ses codes et ses représentations, en termes de sexualité : I Believe in the Skin of Things as in That of Women (1999), titre emprunté à une citation de Le Corbusier, est un espace en placoplâtre, dont les parois portent des citations d’architectes célèbres dialoguant avec des dessins caricaturaux, parfois obscènes, qui tournent en ridicule les grand maîtres du modernisme ; à la destruction morale s’ajoute parfois une destruction physique, comme dans Hammering Out (an old argument) (1998), performance filmée, montrant le bras d’une femme assenant un mur de coups de marteau, ou encore Plastered (1998), faux sol recouvrant un espace d’exposition, voué à être détruit par le flux de visiteurs. Sans être pour autant participatives, les réalisations de M. Bonvicini impliquent le spectateur dans un processus particulier, d’où il est parfois rejeté, mais dont il demeure le destinataire. Ainsi, les inscriptions en ampoules et en miroir de Not For You (2006), tout en s’adressant au visiteur, le mettent à l’écart. Le corps dans un espace, dans une architecture, au sein d’un milieu donné, constitue une des problématiques que l’artiste développe à travers l’ensemble de ses œuvres.
Si l’architecture constitue un domaine de questionnement du pouvoir révélateur de l’asymétrie homme/femme, à partir des années 2000, la plasticienne diversifie ses recherches en s’intéressant à d’autres formes de domination, telle que la pratique du sadomasochisme, dont elle s’approprie des éléments caractéristiques – cuir noir et chaînes en acier –, qu’elle combine avec des grilles métalliques et du verre éclaté, le tout étant détourné au service de mises en scène fortes et grinçantes (Never again, 2005 ; Identity Protection, 2006). Le cuir devient alors une matière emblématique de nombre de ses œuvres (Black You, 2010 ; Leather Chainsaw, 2004 ; Leather Tools, 2009), de même que les chaînes en acier (Black, 2002 ; Knotted (big) 2004 ; Starway to Hell, 2003 ; Scale of Things [to come], 2010). Qu’elle soit définie par son absence ou sa présence, la femme occupe une place importante, et, plus particulièrement, dans des performances qui dénoncent l’hégémonie masculine (Hausfrau Swinging, 1997 ; Wallfuckin’, 1995-1996). À travers sa démarche, l’artiste développe un discours qui l’inscrit dans l’héritage des mouvements féministes des années 1970, tels que le Feminist Art Movement, groupe très actif qui entendait lutter contre le sexisme. Cependant, il ne s’agit pas tant de prendre position en faveur de la femme que de déconstruire les rapports traditionnels entre les sexes au sein de la société. De fait, dans ses pièces, la femme n’est pas considérée comme un objet de désir ou catégorisée par un ensemble de clichés. Pour M. Bonvicini, la femme est une force potentiellement destructrice, capable de déstabiliser les structures autoritaires et de renverser la domination masculine, devenant parfois elle-même dominatrice.