Hiller, Susan, Treister, Suzanne (dir.), Monica Ross: Ethical Actions – A Critical Fine Art Practice, Berlin, Sternberg Press, 2016
→Ross, Monica, Lomax, Yve, Panting, Lisa, justfornow, Londres, Milch/ Newcastle, Hatton Gallery, 2004
→Ross, Monica, Valentine, Londres, Milch, 2001
Monica Ross: A Critical Fine Art Practice, Chelsea Space, Londres, novembre – décembre 2016 ; Gallery North, Northumbria University, Newcastle, march – avril 2017
→justfornow, Hatton Gallery, Newcastle, mars – mai 2004
→Storehouse, Galeria On, Poznań, octobre 1995
Plasticienne britannique.
Monica Ross est une artiste, professeure et organisatrice d’actions, dont les œuvres font appel à la vidéo, au dessin, à l’installation, au texte et à la performance. Elle s’investit dans des initiatives collectives à vocation féministe, notamment The Women’s Postal Art Event, également connu sous le nom de Feministo (présenté à l’ICA – Institute of Contemporary Arts à Londres et lors de l’exposition collective Künstlerinnen International 1877-1977 à Berlin), Fenix (1978-1980), qui brouille la distinction entre galerie et atelier (exposition Issue, ICA, 1980, organisée par Lucy R. Lippard), et Sister Seven, un collectif d’artistes et de poètes qui utilise l’art de l’affiche et la performance pour protester contre les armes nucléaires et le militarisme.
Dans les années 1980, M. Ross devient trésorière du comité de pilotage de la revue Feminist Art News et commence à enseigner à la Saint Martin’s School of Art, où elle est à l’initiative d’un cours qui révolutionne l’approche de la pensée critique dans la pratique artistique. Elle aborde dans son propre travail les notions de temps, de mémoire et d’archéologie du présent en dialogue avec la pensée de Walter Benjamin, ainsi que l’invisibilisation permanente des femmes des classes populaires dans l’histoire et l’augmentation des inégalités en Grande-Bretagne et dans le monde.
Dans les années 1990, elle critique les représentations médiatiques des conflits et de la souffrance à travers la répétition de gestes singuliers et en remettant en question le droit du public à voir. This Is Not A Photograph [Ceci n’est pas une photographie, 1990] questionne la couverture médiatique de l’épidémie infantile de sida en Roumanie, et Neither Loaves Nor Fishes [Ni pains ni poissons, 1991] s’interroge sur l’incapacité des des travailleurs et travailleuses humanitaires à fournir de la nourriture aux réfugié·e·s kurdes alors que ceux-ci ont accès à une communication téléphonique.
Valentine (2001), un hybride de livre d’artiste et de traité théorique, mêle les préoccupations esthétiques et politiques de M. Ross à son engagement au sein de réseaux d’amitié et d’entraide, mais aussi ses recherches dans le domaine de la théorie critique et de l’histoire de la culture. Entre 2001 et 2004, elle occupe un poste de chercheuse à l’université de Newcastle et de professeure invitée à l’université des arts de Berlin. Durant cette période, sa pratique est marquée par ses expériences dans ces deux villes et par sa lutte infatigable contre le démantèlement des infrastructures sociales. L’apprentissage de la langue allemande renouvelle son intérêt pour les écrits de W. Benjamin et donne lieu à une série d’œuvres sur la temporalité, la collaboration et la dimension politique des technologies. De 2000 à 2010, elle travaille en tant qu’archiviste pour le Department of Dislocated Memory au sein du projet International Corporation of Lost Structures (ICOLS) fondé par Suzanne Treister (1958-) et Bronia Iwanczak.
Suite à la mort de Jean Charles de Menezes, citoyen innocent abattu par la police à Londres en 2005, M. Ross entame une série de performances au cours desquelles elle récite de mémoire la Déclaration universelle des droits de l’homme. rightsrepeated [droitsrépétés, 2005-2008] évolue ensuite pour devenir Anniversary – an act of memory [Anniversaire – un acte de mémoire, 2008-2013], une série de 60 récitations individuelles et collectives en plusieurs langues présentées dans divers lieux, dont la British Library et la Chambre des communes, à des dates qui correspondent à plusieurs anniversaires, dont la Journée internationale des droits des femmes et la commémoration du massacre de Peterloo à Manchester. Trois des dernières performances sont récitées par Andrew Mitchelson lorsque M. Ross est trop affaiblie par la maladie. Elle s’éteint le jour du soixantième acte de la performance au siège des Nations unies à Genève. Selon ses propres mots : « Il faut s’engager de manière concrète pour la défense des droits humains. L’acte de mémoire n’est qu’une infime partie de ce processus urgent. »
Une notice réalisée dans le cadre du réseau académique d’AWARE, TEAM : Teaching, E-learning, Agency and Mentoring