Muñoz, José Esteban, « The Vulnerability Artist: Nao Bustamante and the Sad Beauty of Reparation, » in The Sense of Brown, Durham, Duke University Press, 2020
→Alvarado, Leticia, « Of Betties Decorous and Abject: Ugly Betty‘s America la fea and Nao Bustamante’s America la bella, » in Abject Performances: Aesthetic Strategies in Latino Cultural Production, Durham, Duke University Press, 2018
→Gutiérrez, Laura G., « Nao Bustamante’s « Bad-Girl » Aesthetics, » in Performing Mexicanidad: Vendidas y Cabareteras on the Transnational Stage, Austin, University of Texas Press, 2010
BLOOM, Artpace San Antonio, San Antonio, 15 juillet – 5 septembre 2021
→The Pleasure Principle, Maccarone Gallery, Los Angeles, 21 septembre – 23 novembre 2019
→Soldadera, Vincent Price Art Museum, Los Angeles, 16 mai – 1er août 2015
Artiste états-unienne interdisciplinaire pratiquant la performance, la sculpture, l’installation et l’art vidéo.
Née dans la vallée de San Joaquin, en Californie, Nao Bustamante reçoit une éducation typique de la classe moyenne catholique mexicano-états-unienne. Alors qu’elle étudie l’économie et le droit à la California State University, à Fresno, des cours de danse lui permettent de découvrir la vie nocturne queer de San Francisco. Bien qu’elle n’ait aucune formation adéquate lorsqu’elle entre sur la scène artistique dans les années 1980, son expérience dans la région de la baie de San Francisco fait d’elle une figure de référence intergénérationnelle pour les communautés queer et leurs sous-cultures. En 2001, elle reçoit un diplôme conjoint de Bachelor of Fine Arts et de Master of Fine Arts en « nouveaux genres artistiques » du San Francisco Art Institute ; en 2020, elle reçoit un doctorat honoraire en beaux-arts de la même institution.
En 1992, N. Bustamante participe à une série d’actions artistiques critiquant les commémorations du 500e anniversaire de la conquête des Amériques par des Européens prétendant avoir découvert le « Nouveau Monde ». Sa performance la plus connue, Indigurrito, mêle de manière satirique l’identité autochtone (indigeneity) et le burrito, symbole phallique et stéréotype de la culture mexicaine. Incarnant une danseuse burlesque nommée Rosa et portant un burrito attaché au niveau de son entrejambe, elle propose à des hommes blancs parmi le public de prendre une bouchée de ce burrito pour s’absoudre de cinq cents années de culpabilité. La même année, elle interprète Rosa l’exhibitionniste dans l’émission télévisée The Joan Rivers Show, pour son œuvre vidéo Rosa Does Joan (1992). Sa pratique fait usage des nouveaux médias populaires et de la technologie, qu’elle critique tout en les utilisant comme des plateformes de création. En 2010, elle donne un nouvel exemple de cette approche en participant à l’émission de télé-réalité Work of Art: The Next Great Artist, diffusée sur la chaîne nationale Bravo, où elle concourt pendant quatre semaines, incarnant une artiste de performance vulnérable.
Les performances de N. Bustamante incluent des œuvres travaillant sur l’endurance aussi bien que des projets nécessitant d’importantes recherches, où est mise en avant l’expérience corporelle. Parmi la première catégorie, on compte Sans Gravity (1993-2003), America, the Beautiful (2002) et Given Over to Want (2007-2019). Dans America, the Beautiful, l’artiste modifie son corps à l’aide de ruban adhésif transparent pour ressembler au stéréotype de la blonde lascive si répandu dans les médias états-uniens. De manière à la fois caricaturale et risquée, elle grimpe jusqu’au sommet d’une échelle – au sens ici littéral comme au figuré –, offrant une image distordue de la beauté idéalisée. Ses performances basées sur des recherches préalables incluent The Chain South (1997), Soldadera (2015) et BLOOM (2021). Dans cette dernière, elle conçoit une nouvelle forme de spéculum vaginal pour défaire cet objet de son histoire chargée de violence. Inspiré par une fleur qui s’ouvre lentement, BLOOM est une réponse féministe au design original, créé en 1846 par James Marion Sims, qui a rencontré le succès aux États-Unis en pratiquant des expérimentations sur des femmes esclavagisées sans leur prodiguer de soins adéquats. En 2021, N. Bustamante présente une version aboutie de ce projet à Artpace San Antonio. Dans cette galerie, elle imagine un autre avenir pour la gynécologie.
Surnommée « l’artiste de la vulnérabilité » par le théoricien José Esteban Muñoz, N. Bustamante utilise son propre corps comme source d’images, de récits et d’émotions pour son œuvre. Par l’intermédiaire du corps, sa pratique fait la démonstration d’une vulnérabilité authentique tout en se présentant comme un acte d’artifice assumé. Comme l’écrit J. E. Muñoz, « la performance que pratique Bustamante traite de ce qu’a été l’histoire de la violence, de la dégradation et de la performance compulsive et en propose de nouveaux récits » (« The Vulnerability Artist », p. 194).
Une notice réalisée dans le cadre du réseau académique d’AWARE, TEAM : Teaching, E-learning, Agency and Mentoring
© Archives of Women Artists, Research and Exhibitions, 2023