Williamson Sue, South African Art Now, New York, Collins Design, 2009
→Gevissor Mark (dir.), Sue Williamson: Life and Work, Milan, Skira, 2016
Sue Williamson: Selected Work, Centre d’art contemporain, Bruxelles, 2003
→The Truth Is on the Walls, Wilfredo Lam Centre, La Havane, 2009
→Can’t Forget, Can’t Remember, Apartheid Museum, Johannesburg, 2017
Plasticienne sud-africaine.
Arrivée en Afrique du Sud à l’âge de 7 ans, Sue Williamson est notamment diplômée de la Michaelis School of Fine Art de Cape Town en 1983. Frappée par la violence des rapports socio-politiques à l’œuvre dans le pays, elle puise dans le passé la matière d’un questionnement du temps présent et documente, de manière critique, l’actualité dont elle est témoin. En 1977, elle assiste pendant sept jours à la démolition par des agents de l’État de 2 000 habitations d’une communauté de squatters, installée à la sortie du Cap ; quatre ans plus tard, la destruction des derniers logements du District 6 dans la même ville l’incite à réaliser The Last Supper Revisited (1993) : accompagnée des témoignages des habitants expulsés, l’installation donne à voir les déchets récupérés dans la démolition ; objets intimes se mêlent aux récits oraux, aux bruits de bulldozers ou aux appels à la prière pour faire revivre la mémoire du quartier.
En 1990, l’artiste crée For Thirty Years Next to His Heart, un assemblage de photographies effectué à partir du passbook de Ncithakalo John Ngesi, sorte de passeport interne, « symbole de terreur », selon elle, que tout Noir africain devait porter sur lui, sous peine d’être immédiatement arrêté – pendant longtemps, les Noirs n’étaient pas autorisés à vivre ou à travailler dans une zone « blanche » en Afrique du Sud. Ce document contenait la mention des différents emplois de son propriétaire, datés et localisés depuis 1955, la confirmation qu’il payait ses taxes et autres renseignements. Accrochées selon les principes d’une grille moderniste, mêlant l’intime au juridique, le mémoriel à l’administratif, ces pages semblent plonger l’individu dans l’anonymat, alors que pendant trente ans elles constituaient son unique papier d’identité. Dans la série Better Lives présentée à la Biennale de Dakar en 2004, des migrants venus au Cap racontent leurs parcours souvent douloureux. S. Williamson a exposé dans de nombreuses expositions collectives et individuelles, ainsi qu’au sein de plusieurs biennales. Artiste mais également critique et éditrice, elle contribue, à sa façon, à promouvoir les artistes sud-africains, tout en poursuivant une action politique et militante.