Shapira, Yaniv, Leeb, Susanne, Lubin, Avi, Tamar Getter. Hēliotropion, Mishkan Museum of Art, Kibbutz Ein Harod, 2018
→Aviv, Naomi, Soen, Jonathan, Tamar Getter, GO 2: Works 1974-2010, Tel Aviv, Tel Aviv Museum of Art, 2010
→Bar-Or, Galia, Dolev, Leah, Breitberg Semel, Sarah, Tamar Getter, Ha’kibbutz Ha’Meuhad publishing, 2009
Hēliotropion, Mishkan Museum of Art, Kibbutz Ein Harod, janvier – mars 2018
→GO 2: Works 1974-2010, Tel Aviv Museum of Art, Tel Aviv, mars – juillet 2010
→Tamar Getter: Paintings 1977–78, Israel Museum, Jerusalem, juillet – septembre 1978
Peintre israélienne.
Tamar Getter a joué un rôle majeur dans le développement de l’art conceptuel israélien dans les années 1970. Sa pratique singulière, qui associe conceptualisme, formalisme et expressionnisme, se compose de fresques monumentales et de séries de dessins répétitifs qui mettent souvent en jeu des textes de fiction et des références à l’architecture et à l’histoire de l’art occidentales.
T. Getter fait ses études à l’Institut de formation des professeurs d’art de Ramat Ha-Sharon de 1975 à 1976. Elle suit également des cours privés de l’influent peintre israélien Raffi Lavie (1937-2007) au début des années 1970. Elle étudie ensuite la poétique et la littérature comparée à l’université de Tel Aviv de 1975 à 1979 et publie des ouvrages de fiction en parallèle d’une pratique artistique elle-même influencée par l’écriture. Dans les années 1980, elle vit à Francfort, où elle reçoit une bourse d’atelier de la part du Künstlerhaus Mousonturm en 1989-1990. Elle a par ailleurs été professeure à l’école d’architecture David Azrieli au sein de l’université de Tel Aviv et enseigne actuellement à l’Académie Bezalel des arts et du design à Jérusalem.
L’une des premières œuvres de T. Getter est aussi l’une de ses plus connues : la série de dessins Tel Haï (1974-1978) est présentée lors de sa première exposition individuelle en 1978 (Tamar Getter: Paintings 1977-1978 au musée d’Israël, Jérusalem) et représente la célèbre cour de la ferme de Tel Haï, dans le nord d’Israël, où se tient la bataille du même nom entre un groupe paramilitaire israélien et la population locale arabe en 1920. Dans la série, ce jalon de l’histoire sioniste est utilisé pour remettre en question des problématiques formelles et modernistes telles que la perspective linéaire et la symétrie en les mettant en parallèle avec les mythes locaux et les concepts d’héroïsme national et de terrorisme.
Dans nombre de ses œuvres, T. Getter déconstruit l’idée d’une quête obstinée (mais vouée à l’échec) de la perfection géométrique. Elle fait un usage répété de références historiques, comme l’Étude de perspective d’un calice (1430-1450) de Paolo Uccello (1397-1475) (Double Monster [Double monstre], Sagacho Exhibit Space, 1996) ou les plans non réalisés pour la cité-jardin de Nordau en Palestine conçus par Alexander Baerwald (Boulevard Central, Zman Leamanut, Tel Aviv, 2002).
La création de ces œuvres est souvent facilitée, mais aussi restreinte, par diverses techniques picturales, dont celle consistant à peindre les yeux bandés. Le motif du corps handicapé ou déformé est récurrent dans son œuvre. À cet égard, la malformation du bras gauche de l’artiste, qui ne l’empêche cependant pas de pratiquer des activités sportives et la danse dans sa jeunesse, s’avère un point de détail biographique significatif. Pour T. Getter, la peinture est une action et le corps du peintre une machine dont l’impotence ou l’invalidité représente non seulement un point de départ, mais également une métaphore de l’acte artistique lui-même.
D’autres œuvres de T. Getter abordent la dynamique conflictuelle entre l’art et l’iconographie israéliens et l’histoire de l’art occidental. Dans son installation The « U » in Gustave [Le « u » de Gustave, 1994-1995], par exemple, l’artiste associe des images de jeunes hommes portant des cerfs, pour lesquelles elle s’est inspirée d’une photographie récupérée représentant des garçons qui ramènent des cerfs au kibboutz, à un récit fictif sur Gustave Courbet (1819-1877) (Mishkan Museum of Art, Ein Harod). L’étude singulière et constante que fait T. Getter de la peinture moderne, couplée à un ancrage dans la politique de son pays et à une perspective fictionnelle, fait d’elle l’une des plus importantes artistes israéliennes actuellement en activité. Elle représente Israël à la 40e Biennale de Venise en 1982 aux côtés de Michal Na’aman (1951-) (The Landscapes [Paysages]) et ses œuvres sont présentées dans de nombreuses collections, dont celles du musée d’Art de Tel Aviv, du musée d’Israël et de la collection Arturo Schwarz à Jérusalem, ainsi que celles du Frankfurter Kunstverein.
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