Lisbet Ahnoff, « Wilhelmina (Mina) Carlson-Bredberg », Svenskt kvinnobiografiskt lexikon [Dictionnaire biographique des femmes suédoises], novembre 2020
→Anita Brusewitz-Hansson, Mina Carlson-Bredberg: Från Lidingö till Björnholmen [Mina Carlson-Bredberg : De Lidingö à Björnholmen], Stockholm: Stockholms Stadsmuseum, 1971
→Carina Rech, Becoming Artists: Self-Portraits, Friendship Images and Studio Scenes by Nordic Women Painters in the 1880s, Gothenburg: Makadam, 2021
Ett halvsekel som målarinna [Un demi-siècle comme peintre], Galleri Modern, Stockholm, 1931
→Utställning av Fru Mina Carlson-Bredbergs Målningar [Exposition des peintures de Mme Mina Carlson-Bredberg], Sigge Björcks Konsthandel A.B., Stockholm, 18 septembre – 7 octobre 1920
Peintre suédoise.
Au XIXe siècle, de plus en plus de peintres quittent la Suède pour Paris. Parmi ces artistes se trouve Mina Carlson-Bredberg, née dans une famille au cœur de la vie culturelle et politique de Stockholm. Après un mariage de courte durée, elle se rend en France, où elle étudie la peinture à l’Académie Julian de 1883 à 1889. Elle trouve bientôt sa place dans le monde de l’art parisien et partage un atelier avec d’autres artistes, dont Anna Bilińska (1854-1893) et Amélie Beaury-Saurel (1849-1924). M. Carlson-Bredberg représente ce milieu à la fois créatif et compétitif dans des peintures (Académie Julian. Mlle Beson boit dans un verre, 1884), des esquisses et des dessins (Atelier Julian, 1884). Elle remporte la médaille d’argent au concours de têtes peintes et dessinées de l’Académie Julian en 1885.
M. Carlson-Bredberg poursuit sa formation en Italie et au Royaume-Uni. À son retour en Suède, elle se fait connaître pour la sincérité de ses œuvres. Après avoir épousé Georg Carlson en 1895, elle expose à l’étranger, à Chicago, Londres, Copenhague et Paris, mais il est dit alors qu’elle abandonne presque son métier en raison de son mariage. Elle reste à la frontière entre confidentialité et célébrité au sein des milieux culturels, mais fait un retour marquant sur la scène artistique en 1917, à la Liljevalchs konsthall de Stockholm, où elle participe à l’exposition organisée par les sociétés Föreningen Svenska Konstnärinnor et Vereinigung bildender Künstlerinnen Österreichs.
M. Carlson-Bredberg est plus particulièrement reconnue pour sa manière de sonder, dans ses tableaux d’histoire, les personnalités de la reine Christine de Suède et de sainte Brigitte de Suède (1894). La complexité psychologique de ses portraits est ainsi continûment louée au cours de sa carrière. Sa touche et ses compositions sont rattachées tour à tour à l’influence de l’école vénitienne, de Jules Bastien-Lepage (1848-1884) et de James McNeill Whistler (1834-1903). Par la suite, les recherches sur la lumière et sur la couleur qu’elle poursuit dans ses paysages et dans ses vues urbaines témoignent de son intérêt pour Joseph Mallord William Turner (1775-1851). C’est supposément l’artiste Lewis Foreman Day (1845-1910) qui lui fait découvrir ce dernier lors de son séjour en Angleterre, où elle est très inspirée par les recherches du mouvement Arts and Crafts.
Ses portraits ne font pas que déployer l’intrigue de l’histoire de ses modèles, ils illustrent aussi le réseau artistique transnational de la peintre. Ainsi, en hommage à leur solide amitié, M. Carlson-Bredberg expose un portrait de L. F. Day et de son épouse Ruth Emma Morrish à l’Exposition des anonymes, à Stockholm, en 1892. Sous les pseudonymes « New » et « Old », elle présente le portrait du couple d’artistes, ainsi qu’un tableau représentant Olga Jalensky à son chevalet (1886), aussi connu sous le titre de Peintre russe. Olga Zalenska. Ce portrait d’O. Jalensky, vêtue de noir, évoque à un critique le style de Théodule Ribot (1823-1891) et prouve que M. Carlson-Bredberg ne recule pas devant les expérimentations formelles.
M. Carlson-Bredberg continue d’exposer ses œuvres à l’étranger tout au long de sa carrière et produit plus particulièrement des portraits, des paysages et des scènes de la vie urbaine. Au Salon parisien, elle reçoit les éloges des critiques Félix Jahyer et Paul Heusy, tandis qu’à Stockholm, en 1927, son Portrait de Mme Esché (1894) attire l’attention d’André Meller. Aujourd’hui, son œuvre la plus connue est sans doute son Autoportrait de 1889, empreint de sincérité et célébré, qu’elle présente à l’Exposition universelle de 1889 et à la New Gallery en 1892. L’œuvre fait désormais partie de la collection du Prins Eugens Waldemarsudde.
Une exposition rétrospective marquant le cinquantenaire de sa carrière est organisée en 1931. Dans les dernières années de sa vie, ses portraits des années 1880 attirent de nouveaux publics à l’occasion d’une exposition collective en 1941. M. Carlson-Bredberg reste ainsi une figure importante de l’art européen au tournant du XXe siècle. Ses portraits, qui témoignent de ses recherches attentives et ardentes, continuent de susciter l’admiration.
Publication en partenariat avec le SMK – National Gallery of Denmark, dans le cadre de l’exposition Against All Odds: Historical Women and New Algorithms
© Archives of Women Artists, Research and Exhibitions, 2025