Respini, Eva, Erikson, Ruth (dir.), When Home Won’t Let You Stay: Migration through Contemporary Art, cat. exp., Institute of Contemporary art, Boston (23 octobre 2019 –26 janvier 2020); Minneapolis Institute of Art, Minneapolis (22 février – 24 mars 2020); Iris & B Gerald Cantor Center for Visual Arts, Stanford (30 septembre 202 0– 26 janvier 2021), New Haven, Yale University Press, 2019
→Chevrier, Jean-François, Goytisolo, Juan, Muracciole, Marie, Najafi, Sina, Yto Barrada, Zurich, JRP/Ringier, 2013
→Barrada, Yto, A Life Full of Holes: The Strait Project, Londres, Autograph ABP, 2005
Yto Barrada: The Dye Garden, Neuberger Museum of Art, Harrison, 25 septembre – 22 décembre 2019
→Play, Galerie Sfeir-Semler, Beirut, 22 avril – 10 juillet 2010
→A Life Full of Holes: The Strait Project, Galerie Delacroix, Tangier, 27 avril – 27 mai 2001
Artiste pluridisciplinaire franco-marocaine.
Née à Paris et élevée à Tanger, Yto Barrada propose une perspective unique sur le Maroc et la vie des habitants de sa ville. Elle explore les histoires de sa ville d’enfance à travers de multiples médiums, dont la photographie, le cinéma et la sculpture. Son travail prend en compte le contexte environnemental et sociopolitique actuel à Tanger et ses effets sur la vie quotidienne au Maroc. Y. Barrada retourne à Paris pour étudier l’histoire et les sciences politiques à la Sorbonne, puis s’installe à New York pour étudier la photographie à l’International Center of Photography en 1996. Elle vit et travaille actuellement entre New York et Tanger, et explore de nombreuses thématiques telles que la maternité et les notions de temps et de nature.
La première série photographique d’Y. Barrada, A Life Full of Holes: The Strait Project (1988-2004), documente le détroit de Gibraltar, où se rencontrent les frontières de l’Europe et de l’Afrique du Nord et point de départ de ceux qui veulent rejoindre l’Europe. Elle capture le détroit en mettant l’accent sur la brutalité silencieuse des restrictions et de l’aliénation dont il est le théâtre. Ses clichés offrent une image sans filtre de ceux qui se confrontent à l’implacable barrière qu’imposent les frontières. Les sujets qu’elle photographie présentent une réalité sur laquelle la répression politique et sociale à Tanger a eu de lourdes conséquences. Advertisement Lightbox, qui fait partie de cette série, représente les silhouettes de deux enfants devant une publicité pour une compagnie de ferries. Cet ensemble de photographies met en avant les questions de migration, de diaspora et d’exil et fait l’objet d’une publication en 2005.
À travers ses expériences et observations personnelles, Y. Barrada met en lumière sa propre histoire et celles des autres. Une œuvre telle que Palm Sign (2011) utilise un procédé métaphorique ou symbolique pour laisser aux spectateurs le loisir d’interpréter le sens de l’œuvre. Présentée lors de son exposition I Decided Not to Save the World, Palm Sign se compose d’une structure en aluminium en forme de palmier éclairée par une myriade d’ampoules colorées. En associant le naturel (le palmier) et l’artificiel (les ampoules), l’artiste encourage les spectateurs à envisager ce qui les lie et ce qui les distingue. Ses œuvres laissent place à la réflexion, notamment à propos de sujets souvent négligés ou incompris. L’interprétation que fait Y. Barrada des changements qu’a connus Tanger depuis l’application des lois sur l’immigration nous pousse à repenser le lien que nous entretenons avec les espaces que nous occupons.
Y. Barrada a reçu de nombreux prix pour son travail, notamment le Queen Sonja Print Award (2022), qui récompense à la fois son expertise dans les différents médiums qu’elle utilise dans son travail et la manière dont elle les associe à des idées conceptuelles. Citons également une autre de ses grandes réussites : l’ouverture en 2004 de la Cinémathèque de Tanger, la première de son genre en Afrique du Nord. Cet espace propose à la population de Tanger une programmation de films soigneusement sélectionnés et culturellement variés. Les œuvres d’Y. Barrada se distinguent par leurs qualités hautement mémorables et édifiantes au sein de la scène artistique contemporaine, et encouragent le public à se confronter aux complexités de l’identité. Son travail a fait l’objet d’expositions dans le monde entier, notamment à l’International Center of Photography de New York et au Centre Pompidou à Paris.
Une notice réalisée dans le cadre du réseau académique d’AWARE, TEAM : Teaching, E-learning, Agency and Mentoring