Amy Tobin, « Candace Hill-Montgomery, against containment », Art History, février 2023, p. 38-67.
→Judith Wilson, « Interview of Candace Hill-Montgomery, March 7, 1987 », dans Leo Hamalian et James V. Hatch (dir.), Artist and Influence, New York, Hatch-Billops Collection, 1987, p. 48-55.
→Lucy Lippard, « Issue and Taboo », dans Get the Message ? A Decade of Art for Social Change, New York, E. P. Dutton, 1984, p. 125-149.
Candace Hill-Montgomery : Pretty Birds Peer Speak Sow Peculiar, Blank Forms, New York, février-mai 2024.
→Currents : Candace Hill-Montgomery, New Museum, New York, août-septembre 1982.
→Candace Hill-Montgomery, Bronx Museum of the Arts, New York, mars-avril 1980.
Artiste interdisciplinaire et poétesse états-unienne.
S’attelant à différents médiums – installation, assemblage, photographie, peinture, textile et écriture –, Candace Hill-Montgomery interroge les inégalités sociales, notamment le racisme, la gentrification urbaine, la pauvreté et la violence d’État, par le biais d’expérimentations matérielles. Née et élevée dans la banlieue new-yorkaise du Queens, elle est confrontée au New York de l’après-guerre, avec ses stratifications et ses ségrégations raciales et de classe. Ce vécu génère pour l’artiste des expériences formatrices qui influencent en grande partie son œuvre à ses débuts. C. Hill-Montgomery est initiée à la création artistique dès l’enfance, par des cours à l’Albert Pels Art School, à Manhattan, où elle apprend la pratique du portrait traditionnel. Elle étudie ensuite à Fordham University, puis obtient un diplôme de master dans le cadre du programme artistique du Hunter College, où elle s’initie au langage de l’abstraction et du conceptualisme. Politisé par l’activisme révolutionnaire noir des années 1970, son travail commence alors à interroger les systèmes d’inégalités sociales et de violence.
En 1979, alors qu’elle est toujours étudiante à Fordham University, elle entre en résidence au Studio Museum, à Harlem. Dans ce contexte, l’artiste trouve une inspiration créatrice dans le grand nombre d’immeubles d’habitation négligés, laissés à l’abandon et à la ruine par des propriétaires absents. En réponse à cela, elle monte Reflections on Vacancy (1979), une installation sauvage dans un immeuble qu’elle investit sur Frederick Douglass Boulevard. Elle drape de film Mylar argenté les encadrements vides des fenêtres de cet édifice déserté. Le bâtiment, remanié, fait face à une clôture de piquets blanc immaculé, installée sur un terrain également abandonné ; s’ajoute alors aux asymétries géographiques une confrontation de classe. En 1981, son projet d’art public General Coldspot Memorials to Indifference in the Year of our Lord 1981, commissionné par Creative Time, consiste à ériger un mur de vingt-six portes de réfrigérateurs désossés dans des espaces publics délaissés, attirant l’attention sur la hausse des inégalités alimentaires.
Au fil de sa carrière, C. Hill-Montgomery est active dans divers cercles artistiques new-yorkais. À ses débuts, elle travaille comme mannequin pour des défilés et des magazines. Durant presque trois décennies, elle est enseignante au sein du système scolaire new-yorkais et, pendant cinq ans, elle enseigne à la School of Visual Arts. Au début des années 1980, elle collabore avec des artistes investi·e·s sur la scène du West Village, au sud de Manhattan, ainsi qu’avec d’autres actif·ve·s à Harlem et dans le South Bronx. C. Hill-Montgomery participe au Times Square Show (1980), une exposition-guérilla organisée par le collectif d’artistes Collaborative Projects Inc. qui se tient dans un salon de massage temporairement abandonné sur la 42e rue. Son installation en plusieurs parties, intitulée 92 Morningside – Remember Fred Hampton (1980), fait référence à deux événements violents : un raid du FBI lancé à la recherche d’Assata Shakur, militante pour la libération noire, et l’assassinat de Fred Hampton, leader des Black Panther. Le titre choisi par C. Hill-Montgomery mêle ces actes jumeaux dans leur brutalité au site de Times Square, confondant géographiquement et temporellement des événements où s’est exercée la violence de l’État contre les Noirs avec les problèmes de la surveillance racialisée et de la spéculation immobilière pour exposer leurs fondations communes. En 1982, C. Hill-Montgomery organise avec la curatrice et activiste féministe Lucy Lippard une exposition intitulée Working Women / Working Artists / Working Together, où sont présentées des œuvres d’artistes explorant le genre et le travail salarié, comme Lorna Simpson (née en 1960), Vanalyne Green (née en 1948), Sandra Payne (1951-2021) et Ntozake Shange (1948-2018). L’exposition prend place dans une galerie new-yorkaise gérée par un syndicat de professionnels hospitaliers.
Après avoir pris sa retraite de l’enseignement en 2011, C. Hill-Montgomery s’installe à Bridgehampton, sur Long Island, où son travail prend une autre ampleur. L’artiste crée désormais des assemblages de textiles colorés, des tissages intimes et irréguliers de laine filée à la main, fabriqués sur de petits métiers à tisser. Elle y incorpore des matériaux trouvés, comme des lacets de chaussures ou du ruban de masquage, pour produire des tissages semi-abstraits qui font référence à de nombreux artefacts des cultures historiques et contemporaines. Au cours des décennies, son œuvre est largement exposée, notamment dans les institutions suivantes : le Store Front Museum, Franklin Furnace, Artists Space, Fashion Moda, le Bronx Museum of the Arts, le New Museum of Contemporary Art, le Sag Harbor Whaling and Historical Museum et Blank Forms. C. Hill-Montgomery reçoit en 1985 la bourse John Simon Guggenheim. Elle écrit aussi de la poésie et a publié deux recueils de poèmes : Muss Sill (2020) et Short Leash Kept On (2022).
Une notice réalisée dans le cadre du programme « The Origin of Others. Réécrire l’histoire de l’art des Amériques, du XIXe siècle à nos jours » en partenariat avec le Clark Art Institute.
© Archives of Women Artists, Research and Exhibitions, 2024