Bell, Vikki, « Absence and Vigilance: The Artwork of Diana Dowek and Lucila Quieto » in The Art of Post-Dictatorship: Ethics and Aesthetics in Transitional Argentina, New York, Routledge, 2014
→Dowek, Diana, La pintura es un campo de batalla, Buenos Aires, Asunto Impreso, 2013
→Glusberg, Jorge, Diana Dowek: Exposición retrospectiva, 1972–2000, Buenos Aires, Museo Nacional de Bellas Artes, 2001
Diana Dowek. Paisajes insumisos, Museo Nacional de Bellas Artes, Buenos Aires, avril – juin 2019
→La pintura es un campo de batalla, Museo Nacional de Bellas Artes, Neuquén, mars – juin 2013
→Diana Dowek: Exposición retrospectiva, 1972–2000, Museo Nacional de Bellas Artes, Buenos Aires, mars – avril 2001
Peintre argentine.
Diplômée de l’école nationale des beaux-arts Manuel-Belgrano (1959), Diana Dowek s’engage très jeune dans le mouvement étudiant, ce qui lui vaut d’être exclue de l’école nationale des beaux-arts Prilidiano-Pueyrredón où elle étudie de 1960 à 1964. Les lectures et les rencontres des années 1960 la familiarisent avec les notions de dialectique brechtienne et de montage cinématographique, qui joueront un rôle essentiel dans son travail. Son intérêt pour le cinéma, qu’elle partage avec son mari, la conduit à s’installer en Italie en 1964 afin d’étudier ce médium. La découverte de réalisateurs comme Sergei Eisenstein, Roman Polanski, Pier Paolo Pasolini ou Francis Ford Coppola lui suggère des dispositifs qu’elle mobilise dans ses séries ultérieures.
À son retour en Argentine, D. Dowek réalise la série Vietnam (1967) et participe aux expositions protestataires Homenaje al Vietnam [Hommage au Vietnam, 1966] et Malvenido Rockefeller [Malvenue Rockefeller, 1967]. Au cours de la décennie suivante, son œuvre prend pour objet la crise politique de plus en plus aiguë que connaît le pays. Dans Lo que vendrá [Ce qui vient, 1972], elle peint, encore pleine d’espoir, des scènes d’insurrection populaire, tandis que Procedimientos [Procédures, 1974] et Retrovisores [Rétroviseurs, 1975] met en scène les agissements de milices, dans des images qui annoncent la violence du coup d’État militaire de mars 1976 et du terrorisme d’État. Pendant la dictature militaire (1976-1983), D. Dowek et son mari envisagent d’abord de s’exiler mais décident finalement de rester en Argentine afin de « lutter et résister » dans les rangs du Parti communiste révolutionnaire.
Son œuvre de cette époque évoque de manière à la fois symbolique et précise la torture et la « disparition » systématique d’opposants ; sa poétique métaphorique lui permet de contourner la censure et d’être même exposée dans le cadre de manifestations officielles. Dans Paisajes [Paysages, 1976], elle peint des scènes de persécution en rase campagne, tandis que Paisajes cotidianos [Paysages quotidiens, 1978] montre de grands grillages, parfois troués, entourant des espaces ou enfermant des corps ou des articles domestiques. Le grillage apparaît en tant qu’objet dans Argentina 78 (1978), première étape d’une enquête sur le statut du support et la matérialité de la peinture – recherche poursuivie avec Los anversos de los cuadros [Les avers des tableaux, 1981-1983] où elle mobilise cadres cassés, toiles déchirées et tableaux vides afin de conférer aux œuvres l’aspect d’un corps ayant subi des interventions chirurgicales. En 1981, elle rencontre les Mères de la place de Mai, auxquelles elle consacre deux tableaux – l’un d’eux illustrera en 1989 la campagne d’Amnesty International pour les droits humains, aux côtés d’une autre de ses œuvres.
En 2001, D. Dowek commence à utiliser la photographie et la technique du transfert afin de « documenter plus objectivement la réalité » dans ses œuvres. Elle n’a cessé depuis lors d’utiliser ce dispositif, par exemple dans des séries comme Astilleros [Chantiers navals, 2009], Migraciones [Migrations, 2014-2015] ou Pandemia [Pandémie, 2020], élaborées à partir de photographies personnelles ou empruntées aux journaux ou à Internet.
La femme comme sujet politique au centre de la réalité sociale apparaît précocement dans Sillón [Fauteuil, 1969] ou dans Las heridas del proceso [Les blessures du procès, 1985], qui montre des corps féminins lacérés, témoignages de la cruauté institutionnelle et patriarcale, ou Un día en la vida de María Rosario, une mujer trabadora [Un jour dans la vie de María Rosario, femme travailleuse, 2006-2007], qui représente la journée d’une ouvrière d’usine et dirigeante syndicale.
D. Dowek a fait partie, entre autres associations artistiques ou militantes, du groupe Postfiguración (1979-1983), qui s’inspirait de la tradition figurative argentine et concevait la peinture comme « expression de la réalité », et du collectif Artistas Plásticos Solidarios (2007-2013), engagé dans des actions pour la mémoire historique et les droits humains. Elle a obtenu la bourse de la fondation Pollock-Krasner (1995, 2011) et le grand prix de peinture du salon national (2015). Elle est membre fondatrice de l’Association des artistes visuels de la République Argentine et membre titulaire de l’Académie nationale des beaux-arts d’Argentine (2020).
Une notice réalisée dans le cadre du réseau académique d’AWARE, TEAM : Teaching, E-learning, Agency and Mentoring