Elvyra Kairiūkštytė, Rachlevičiūtė, Ramutė (dir.), Deginantis gyvenimo artumas [La proximité brûlante de la vie]. Elvyra Kairiūkštytė (1950-2006), Vilnius, Tyto alba, 2010
→Grigoravičienė, Erika, « Elvyra Kairiūkštytė », MO muziejus (en ligne)
Elvyros Kairiūkštytės (1950–2006) piešinių paroda [Exposition des dessins d’Elvyra Kairiūkštytė (1950–2006)], Bažnytinio paveldo muziejus [Musée du patrimoine de l’Église], Vilnius, 23 mars – 6 mai 2017
→Deginantis gyvenimo artumas [La Proximité brûlante de la vie], Klaipėdos dailės parodų rūmai [Palais des Arts de Klaipėda], Klaipėda, 9 avril – 3 mai 2010
→Elvyros Kairiūkštytės personalinė paroda [Exposition personnelle d’Elvyra Kairiūkštytė], Vilniaus meno darbuotojų rūmai [Palais des artistes de Vilnius], Vilnius, 1986
Graphiste lituanienne.
Elvyra Kairiūkštytė, née de parents inconnus, a grandi dans des orphelinats à Širvintos, à Vilnius, puis à Kuršėnai. En 1970, elle entre à l’École technique des beaux-arts Stepas Žukas, à Kaunas, où elle ne reste que quelques mois, puis elle étudie l’illustration de 1971 à 1977 à l’Institut national de l’art de la République socialiste soviétique de Lituanie (actuellement l’académie des arts de Vilnius). Elle commence à exposer dès 1979 en Lituanie et à l’étranger. Elle est membre à partir de 1984 de Lietuvos dailininkų sąjunga [Union des artistes lituaniens]. De son vivant, elle n’a organisé qu’une exposition individuelle : au Palais des artistes de Vilnius en 1986.
La production d’E. Kairiūkštytė se démarque dans le paysage artistique des années 1970 par sa spontanéité et son lien aux éléments naturels, dans la lignée des traditions lituaniennes de l’entre-deux-guerres, de l’expressionisme allemand et des œuvres post-cubistes de Pablo Picasso (1981-1973). Ses estampes de jeunesse représentent souvent son environnement quotidien, ses proches, les artistes qu’elle fréquente, la vie de la jeunesse, ainsi que des sujets érotiques. En effet, ses premières œuvres comptent des représentations de rituels sexuels d’Adam et Ève, de corps nus et sensuels représentés avec un style rappelant les arts d’Égypte et de Mésopotamie antiques, les divinités indiennes, la céramique grecque.
Ses œuvres du début des années 1980, aux silhouettes colorées, ne semblent pas créées en Lituanie soviétique, mais sur une île lointaine et exotique. Pourtant, l’artiste ne quitte la Lituanie qu’à deux reprises, et pour des périodes très courtes. Elle tire son inspiration de livres et d’albums d’autres artistes. Ses improvisations proches de celles de P. Picasso lui valent le surnom de « Kikasso » à l’Institut national de l’art.
E. Kairiūkštytė fait preuve d’une grande maîtrise technique : elle est capable de graver une matrice sans esquisses préparatoires. Invitée à participer aux expositions les plus importantes du moment, elle fréquente les cercles des autres grands artistes lituaniens. Mais, après 1988, sa production artistique entre dans une période de crise. Les premières manifestations de sa schizophrénie apparaissent après que la Lituanie, redevenue une république indépendante, accueille de profonds changements politiques et sociaux. Sa maladie l’isole du monde artistique. Elle continue à créer dans la solitude, jusqu’à sa mort, en fixant chaque journée passée dans les pages éparses d’un journal intime. Au cours des dix-huit ans qu’a duré cet isolement, elle produit près de 15 000 dessins grand format. Ils sont composés de lignes impétueuses, tracées comme sous l’emprise d’images de saints, de démons, d’oiseaux, de plantes, de visages connus. Certains dessins mesurent jusqu’à trois mètres de haut. Ils présentent un monde de visions religieuses qui reflète une forme d’exaltation spirituelle et le drame intérieur de l’artiste
E. Kairiūkštytė perfectionne, renouvelle et modernise la technique traditionnelle de la taille d’épargne. L’artiste est d’ailleurs la première en Lituanie à entreprendre la création d’estampes de grand format (imprimées pour les plus grandes à partir de 8 ou 9 matrices). Ça n’est qu’après sa disparition que le grand public accède à ses œuvres complètes avec la publication d’un album en 2010 et l’organisation de plusieurs expositions. Les œuvres d’E. Kairiūkštytė sont entrées dans les collections des musées publics et privés lituaniens, ainsi que dans des collections privées.
Une notice produite en partenariat avec Artnews.lt et Echo Gone Wrong dans le cadre de la Saison France-Lituanie 2024.
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