Erin L. McCutcheon, « Performative Resurrections. Necropublics and the Work of Guadalupe García-Vásquez », dans Mara Polgovsky Ezcurra (dir.), The New Public Art : Collectivity and Activism in Mexico since the 1980s, Austin, University of Texas Press, 2023.
→Araceli Zúñiga, « Mi Vida / Performance / Espiritualidad – Guadalupe García Vásquez », Escáner Cultura, 5 novembre 2012.
→Sylvia Moore, Yesterday and Tomorrow : California Women Artists, New York, Midmarch Arts, 1989.
1989 Annual Exhibition : Guadalupe Garcia, Reiko Goto, Mildred Howard, Hilda Shum, San Francisco, San Francisco Art Institute, 1989.
→Presente 1989, Berkeley, Berkeley Art Center, juin-juillet 1989.
Artiste multidisciplinaire afro-mexicaine et autochtone.
Guadalupe García-Vásquez s’initie à l’art alors que, âgée d’une vingtaine d’années, elle vit au Brésil. Les disciplines qu’elle choisit sont la peinture et la photographie, mais ce sont les performances rituelles de la macumba, c’est-à-dire les cultes et religions afro-brésiliens, et plus particulièrement celles du candomblé, qui l’incitent à dédier sa vie à l’art. Mariée à un homme d’affaires nord-américain depuis l’âge de seize ans, elle abandonne alors une existence qu’elle juge insatisfaisante. En 1972, lors des célébrations du Nouvel An, G. García-Vásquez entre dans la mer au large de la plage d’Ipanema, ôte son alliance et l’offre à Yemanja – déesse marine, patronne des femmes et mère de tous les autres orishas – et à Notre-Dame de Guadalupe, demandant qu’en échange elles la guident dans sa vie et son divorce. Cette « performance rituelle », comme elle qualifie ses œuvres performatives, symbolise le début de sa carrière dans les arts et sa conversion à la santería, une religion de la diaspora africaine qui s’est développée à Cuba, syncrétisme de la religion yoruba traditionnelle, née en Afrique de l’Ouest, du catholicisme et du spiritisme.
Après avoir quitté son mari, contrainte de lui abandonner leurs enfants, G. García-Vásquez retourne à Mexico en 1976. En 1978, elle a l’opportunité d’être l’une des premières personnes à voir le monolithe de Coyolxauhqui, récemment découvert ; ce disque sculpté représente la fille rebelle de la déesse aztèque Coatlicue, que l’artiste révère comme une figure emblématique de sa propre autochtonie, de sa conscience féministe et de ses relations souvent difficiles avec sa famille. (McCutcheon 2023, 119) En 1983, elle s’inscrit à l’Académie de San Carlos, à Mexico, où elle entreprend des études en arts visuels.
G. García-Vásquez est la fille du poète afro-mexicain Juan García Jiménez. Dans les années 1980, elle devient l’une des rares plasticiennes mexicaines à reconnaître et à célébrer la tercera raíz (« troisième racine [africaine] ») comme une partie intégrante de l’héritage racial du Mexique. Son œuvre se développe dans le cadre de l’art conceptuel et du féminisme, explorant ses racines autochtones et noires. Sa pratique est multidisciplinaire, mais c’est la performance qui lui permet d’articuler de la manière la plus convaincante afro-mexicanisme, esthétisme, amour, vie et spiritualité. L’artiste en revient toujours aux performances rituelles qu’elle a observées au Brésil, vues comme des systèmes décoloniaux de conservation et de sauvegarde des savoirs ancestraux qu’elle considère comme des moyens de transformation et de guérison.
En 1984, aux côtés des artistes Nunik Sauret (née en 1951), Roselle Faure (dates ?), Rose van Lengen (née en 1940) et Laïta Dubois (née en 1952), G. García-Vásquez forme le collectif Bio-Arte, une proposition artistique forte qui prend pour moyens de création le corps féminin, son ventre, le regard féministe et la spiritualité.
En 1986, peu après le pire séisme de l’histoire de Mexico, G. García-Vásquez déménage à San Francisco, aux États-Unis. L’artiste est influencée par le mouvement états-unien de libération des femmes dans les années 1980. Elle retourne fréquemment au Mexique pour participer à des événements artistiques et culturels où les danses et musiques ancestrales, les traditions orales et les rituels publics occupent une place centrale. Ces manifestations l’aident à explorer plus en profondeur le rôle de femmes telles que la Malinche, Coatlicue, Coyolxauhqui, Notre-Dame de Guadalupe, sœur Juana Inés de la Cruz et Frida Kahlo (1907-1954), entre autres, dans la constitution de l’identité mexicaine. Son intérêt pour les rituels afro-mexicains et la performance la pousse à s’inscrire dans un programme doctoral de la New York University au cours des années 1990, où elle centre ses recherches sur les performances traditionnelles des communautés noires de la Costa Chica, dans l’État de Guerrero, au Mexique. À peu près à la même époque, elle est initiée comme santera (prêtresse de la santería) par le babalao (grand prêtre) Armando Sánchez. Depuis lors, l’art et la vie – quotidienne et une certaine essence vitale – sont étroitement mêlés dans la pratique de G. García-Vásquez. Dans ses performances, son corps lui sert de véhicule pour mettre en œuvre des rituels d’autoguérison et de guérison de ses ancêtres. (McCutcheon 2023, 122)
G. García-Vásquez a réalisé ses performances dans de nombreux pays, dont le Brésil, le Mexique, les États-Unis, Cuba, la République tchèque et les Pays-Bas. Elle a collaboré avec d’autres artistes de performance, tels que Guillermo Gómez-Peña (né en 1955) et René Yáñez (1942-2018). Elle a en outre reçu de nombreux prix et distinctions, dont la bourse de la John Rockefeller Foundation en 1992. En 2024, G. García-Vásquez vit et travaille à New York.
Une notice réalisée dans le cadre du programme « The Origin of Others. Réécrire l’histoire de l’art des Amériques, du XIXe siècle à nos jours » en partenariat avec le Clark Art Institute.
© Archives of Women Artists, Research and Exhibitions, 2024