Buić Jagoda, Crommelin Liesbeth, Bertheux Wil, Jagoda Buíc, cat d’exp., Stedelijk Museum, Amsterdam [avril – juin 1978], Amsterdam, Stedelijk Museum,1978
→Chaigneau Pierre, Dumoulin Claude, Jagoda Buíc, cat. d’exp., Musée des arts décoratifs, Château des ducs de Bretagne, Nantes [mai – juin 1976], Nantes, le Musée, 1976
→Protic Miodrag B., Kastelan Jure, Lassaigne Jacques, Jagoda Buíc. Formes Tissées, cat. d’exp., Musée d’Art Moderne de la ville de Paris [juin – septembre 1975], Paris, Musée d’art moderne de la ville de Paris (MAM), 1975
Jagoda Buić : formes tissées, Musée des beaux-arts, Carcassonne, juillet – septembre 1993
→Jagoda Buić : expression textile et théâtre, Musée des tapisseries d’Aix-en-Provence, Aix-en-Provence, juin – novembre 1981
→Jagoda Buíc, Den Kulturhuset, Stockholm, novembre – décembre 1979
Artiste textile et plasticienne yougoslave.
Environnements textiles, théorie du tissage, représentations théâtrales et patrimoine culturel, telles sont les composantes du monde artistique de Jagoda Buić. Née en Yougoslavie, elle a grandi dans une famille d’intellectuels et de militants politiques. Après des études de scénographie théâtrale et d’histoire de l’art à l’École des arts appliqués de Zagreb et à l’Université de Zagreb, elle poursuit ses études de scénographie, du costume et de la décoration intérieure à Vienne et à Rome. Après la guerre, ses années de formation la conduisent à réfléchir au rapport entre design, ordre et structure, réflexions esthétiques qui transparaissent constamment dans son œuvre.
Dans un contexte politique qui donne une place de premier plan à la culture populaire nationale, J. Buić présente ses œuvres au public très tôt dans sa carrière. Elle crée costumes et décors pour le théâtre national à Split, remporte une médaille d’argent à la Triennale de Milan en 1957 et représente la Yougoslavie dans des expositions soutenues par l’État, qui voyagent en Europe de l’Est et en Union soviétique. C’est vers 1960 qu’elle aborde ce qu’elle désigne par l’expression « situation de la tapisserie ». J. Buić tisse une tapisserie monumentale pour le Conseil exécutif fédéral à Belgrade, à l’occasion de l’anniversaire de Josip Broz Tito et du marathon de la fête de la jeunesse en 1961. Puis elle réalise une deuxième tapisserie, pétrie de significations allégoriques sur le retour aux racines naturelles, pour la résidence présidentielle en 1963.
Attirée par la poésie des matériaux bruts et des procédés, J. Buić effectue des expérimentations avec les structures, les objets et les « situations » textiles tout au long des années 1960 et 1970. Elle défend l’autonomie des objets tissés et prétend énoncer une nouvelle approche esthétique, inspirée de la symbolique mythologique d’Ariane, où les fils textiles sont les canaux de la pensée indépendante. Elle théorise ses manipulations des fils de laine en les qualifiant d’« entrelacs », concept qui évoque la malléabilité de l’esprit et la capacité à structurer et restructurer nos processus d’imagination. Elle associe l’entrelacs et l’espace vide afin de donner naissance à des structures de surface, des textures et des vides. J. Buić s’inspire également de la Dalmatie, de son peuple et de ses anciennes racines slaves. Elle met souvent en scène ses œuvres dans le paysage, grâce à des images qui la montrent au travail avec des tisseuses et des teinturières de la campagne (qu’elle cite publiquement), parcourant les prairies à pied avec des moutons et traversant à cheval des environnements textiles. Dans ses mises en scène du potentiel métaphorique du textile, on peut voir une expression de l’autodétermination culturelle. Ses œuvres tissées ont servi de toiles de fond à des leaders du mouvement des non-alignés. Sa philosophie artistique et ses formes monumentales caractérisent, en outre, les pratiques de la Nouvelle Tapisserie, axées sur le potentiel spatial et les dimensions conceptuelles des textiles. J. Buić a participé aux Biennales internationales de la tapisserie de Lausanne, à de grandes expositions avec Magdalena Abakanowicz (1930-2017) et d’autres expositions collectives, comme Deliberate Entanglements, présentée à Los Angeles et dans cinq autres villes d’Amérique du Nord en 1971–1972.
Publication en partenariat avec le Centre Pompidou, dans le cadre de l’exposition Elles font l’abstraction présentée au Centre Pompidou, Musée national d’art moderne, Galerie 1, Paris, du 5 mai au 23 août 2021, sous le commissariat de Christine Macel et de Karolina Ziebinska-Lewandowska (pour la photographie), assistées de Laure Chauvelot. Notice tirée du catalogue de l’exposition publié par les éditions du Centre Pompidou ©Éditions du Centre Pompidou, 2021