Sabine Eckmann, Katharina Grosse. Studio Paintings 1988-2022, St. Louis, Mildred Lane Kemper Art Museum and Berlin, Hatje Cantz, 2022. Bilingue anglais et allemand.
→Louise Neri, Jona Lueddeckens, Katharina Grosse, New York, Rizzoli International Publications and Gagosian, 2018.
→Ulrich Loock, Annika Reich et Katharina Grosse, Katharina Grosse, Cologne, Verlag der Buchhandlung Walther König, 2013.
Katharina Grosse, Studio Paintings 1988-2022, Kemper Art Museum, St. Louis, 23 septembre 2022 – 23 janvier 2023 ; Kunstmuseum Bern, 3 mars 2023 – 25 juin 2023 ; Kunstmuseum, Bonn, 2023-2024
→Katharina Grosse. It Wasn’t Us, Hamburger Bahnhof–Museum für Gegenwart–Berlin, 14 juin 2020 – 10 janvier 2021
→Wunderbild, Národní galerie, Prague, 16 février 2018 – 31 mars 2019
Peintre abstraite allemande.
À l’âge de cinq ans, Katharina Grosse emménage avec sa famille à Bochum, dans la région de la Ruhr, en Allemagne, où elle grandit. De 1982 à 1986, elle fréquente la Kunstakademie de Münster, où elle étudie avec Norbert Tadeusz (1940-2011) et Johannes Brus (1942-). Entre 1986 et 1990, elle est étudiante à la Kunstakademie de Düsseldorf, dont elle sort diplômée d’un master auprès de Gotthard Graubner (1930-2013).
K. Grosse vit et travaille à Berlin et en Nouvelle-Zélande. Dans ses peintures d’atelier comme dans ses œuvres in situ de grand format, peintes directement sur des environnements construits ou naturels, elle explore des expériences sensorielles qu’elle amplifie au moyen de teintes spectaculaires, de combinaisons de couleurs inattendues et d’une insistance sur la matérialité de la peinture. Par son approche radicalement ouverte, non programmatique ni catégorielle, elle reformule tout en les défiant les questions fondatrices du médium de la peinture.
Pendant la première décennie de sa carrière, K. Grosse expérimente des applications complexes de couches de couleur dans le but de déstabiliser les relations entre surface et profondeur, dessus et dessous, visible et invisible, comme on peut le voir dans une œuvre Sans titre de 1992. Elle effectue des gestes amples et expansifs, qui se poursuivent au-delà du bord de la toile, et présente des formes abstraites fluides, aussi bien géométriques qu’organiques. Elle réalise des peintures en atelier, des œuvres sur papier mais aussi des peintures murales in situ (Untitled, 1996).
La pratique de K. Grosse change radicalement en 1998, lorsqu’elle commence à appliquer des peintures industrielles au pistolet. L’œuvre murale (Sans titre, 1998) qu’elle réalise en hauteur dans un coin de l’une des galeries de la Kunsthalle de Berne, ouvre la voie à des travaux similaires, mais de plus grandes dimensions et plus englobants. Un autre tournant décisif dans la carrière de l’artiste est marqué par Das Bett [Le Lit, 2004], qui présente les meubles de sa chambre aspergés de peinture. Avec cette œuvre, elle propose une expansion radicale de ses expérimentations performatives, qu’elle ne cantonne plus à des environnements architecturaux mais étend à des espaces peuplés d’éléments naturels, tels que de la terre et des arbres (Untitled Trumpet, 2015), mais aussi d’éléments fabriqués, comme des vêtements, des meubles usagés et des structures de polystyrène.
K. Grosse continue par ailleurs sa pratique en atelier, qui est tout aussi importante. En plus de sa technique de pulvérisation de peinture, elle commence à utiliser des pochoirs dans les années 2010, comme dans Sans titre (2013). En 2020, elle entreprend de travailler avec des toiles lacérées et des éléments naturels, par exemple des algues et des branches d’arbre, comme c’est le cas dans Sans titre (2021). Avec ces méthodes, elle s’en prend de plus en plus au support de la peinture, qu’elle brise et transperce, questionnant son autonomie et repoussant ses limites dans le but de l’enchevêtrer avec le tissu social qui compose le monde.
Le travail de K. Grosse a été largement exposé et fait partie de nombreuses collections publiques et privées à travers le monde, telles que l’Albertina de Vienne, le Centre Pompidou de Paris, la K21 – Kunstsammlung Nordrhein-Westfalen et Düsseldorf et les Staatliche Museen zu Berlin. Elle a été lauréate de plusieurs prix prestigieux, dont le prix Oskar-Schlemmer (2014), le prix de peinture Fred-Thieler (2003) et le prix de la Villa Romana, à Florence (1992). Elle a été professeure à la Weißensee Kunsthochschule de Berlin (2000-2009) et à la Kunstakademie Düsseldorf (2010-2018).