Thụy Khuê, Lê Thị Lựu: Ấn tượng hoàng hôn [Lê Thị Lựu : Impression crépusculaire], cat. exp., Musée des Beaux-Arts de Hô Chi Minh-Ville, Hô Chi Minh-Ville (23 novembre 2018 – décembre 2018), Hô Chi Minh-Ville, Ho Chi Minh City General Publishing House, 2018
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Phương Lan, « Nữ họa sĩ Lê-Thị-Lựu » [La peintre Lê-Thị-Lựu], in Phương Lan, Anh thư nước Việt: Từ lập quốc đến hiện đại [Les femmes éminentes du Vietnam : de la fondation à la nation moderne], Đại Nam Publisher, 1984, p. 270-271
→P.N.T.V, « Một nhà nữ mỹ thuật của ta » [Our female artist], Phụ nữ Tân Văn, no.127, 14 avril 1932, p. 19
Timeless Souls: Beyond the Voyage, Park Hyatt Saigon, Hô Chi Minh-Ville, 11–14 July 2022
→Lê Thị Lựu – Ấn tượng hoàng hôn [Le Thi Luu : Impression crépusculaire], Musée des Beaux-Arts de Hô Chi Minh-Ville, Hô Chi Minh-Ville, 23 novembre 2018 – décembre 2018
→Du fleuve Rouge au Mékong, visions du Vietnam, Le Musée Cernuschi, Paris, 21 septembre 2012 – 27 janvier 2013
Peintre vietnamienne.
Lê Thị Lựu est une figure pionnière de l’art moderne vietnamien, connue pour ses peintures sur soie et à l’huile. Elle fait partie d’un quartet renommé d’artistes originaires du Vietnam actif·ves en France, aux côtés de Mai Trung Thứ (1906-1980), Lê Phổ (1907-2001) et Vũ Cao Đàm (1908-2000). Son œuvre est principalement composé de portraits de femmes et d’enfants vietnamien·nes, de paysages ruraux et de scènes de la vie quotidienne. Contrairement à la plupart des artistes, pour qui le montage de la soie sur le papier constitue l’étape finale, elle commence par appliquer la soie sur le papier – une méthode inaugurée par V. C. Đàm. Ses œuvres se distinguent par leur approche occidentale, avec des couleurs vibrantes appliquées par couches. Son style fusionne de manière singulière des influences diverses, mettant en harmonie l’imagerie vietnamienne et une expression artistique occidentale.
L. T. Lựu naît à Bắc Ninh, où elle grandit dans une famille d’intellectuel·les qui valorise la tradition. Bien que son père ait été l’une des premières personnes au Vietnam à avoir reçu une éducation occidentale, il insiste pour que ses filles conservent l’apparence traditionnelle des femmes vietnamiennes avec les cheveux longs, des pantalons noirs et les dents noircies. Elle accède toutefois à une éducation et voyage dans différentes régions du nord du Vietnam grâce aux missions de son père, fonctionnaire, ce qui lui ouvre plus d’opportunités que ce dont bénéficient la plupart des femmes vietnamiennes à cette époque.
L. T. Lựu est la première femme à étudier à l’École des beaux-arts de l’Indochine, à Hanoï. Alors qu’elle fréquente encore cet établissement, son talent est reconnu grâce à sa participation à différentes expositions artistiques, comme l’Exposition coloniale de Paris en 1931, où ses œuvres parviennent à impressionner les critiques d’art. Après avoir obtenu son diplôme en 1932, elle n’enseigne pas seulement l’art dans les écoles locales, mais collabore aussi avec les publications du Tự Lực Văn Đoàn (Groupe littéraire autonome), un courant des années 1930 en faveur de l’innovation culturelle et de la réforme de la société, dans la presse locale. Elle publie des illustrations sous le pseudonyme Văn Đỏ ainsi qu’un petit nombre de poèmes qu’elle signe Thạch Ẩn.
En 1940, elle emménage en France avec son mari, Ngô Thế Tân, en raison de la mutation de ce dernier. Ce déménagement s’inscrit aussi dans une tendance des artistes originaires du Vietnam à tenter de s’approcher de l’école de Paris. Cependant, la guerre qui perdure en France complique la poursuite de la carrière de l’artiste, qui ne crée donc que très peu d’œuvres dans les années 1940. Alors que se propagent les battements des révolutions anticoloniales, N. T. Tân quitte son emploi de fonctionnaire pour le gouvernement français, et le couple participe activement à ce mouvement de rébellion ainsi qu’à des associations vietnamiennes en France.
Dans la seconde moitié des années 1950, L. T. Lựu retourne à sa pratique artistique et présente fréquemment ses œuvres dans des galeries françaises. Privilégiant la peinture sur soie, elle représente des scènes paisibles, dans une palette lumineuse et vibrante, en dépit des bouleversements politiques qui marquent la société dans laquelle elle vit. En 1959, elle remporte le premier prix à l’exposition du Salon de l’Union des femmes peintres, sculpteurs et graveurs. Malgré sa pratique artistique régulière, en particulier dans la dernière phase de sa vie, elle n’a jamais bénéficié d’exposition individuelle. Ses œuvres sont aujourd’hui dispersées dans des musées et des collections privées.
Une notice réalisée dans le cadre du programme The Flow of History. Southeast Asian Women Artists, en collaboration avec Asia Art Archive
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