Teixeira, Marina Dias, « Vocação, dedicação e respeito: a criação artística de Lidia Lisboa- entrevista » [Emplacement, dévouement et respect : la création artistique de Lidia Lisboa- interview], SP Arte [en ligne], 11 novembre 2019
→Adriana Oliveira, Silva, « Lidia Lisboa: argila, crochê, tecidos e performances » [Lidia Lisboa : argile, crochet, tissus et performances], Contemporary & América Latina [en ligne], 29 mai 2018
Memórias do Afeto [Souvenir d’affection], Centro Cultural Santo Amaro, São Paulo, 4 août – 4 septembre 2021
→Vestidos & Cupinzeiros [Robes et termitières], Galeria Espaço Caixa Branca, São Paulo, février – mars 2019
→Performance Corpos e Tramas [Performance corps et trames], Virada Cultural – SESC Pinheiros, São Paulo, 2018
Créatrice d’installations, performeuse, céramiste, artiste textile et sculptrice brésilienne.
Lídia Lisboa naît à Guaíra, dans l’État du Paraná, au Brésil en 1970. Elle fait partie d’un grand nombre d’artistes noirs à avoir émergé dans le sud du Brésil, une région aux forts préjugés racistes, résultant notamment du projet de « blanchiment de la population » mené par le gouvernement brésilien entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle, à la suite de l’asservissement et de la détention massifs de personnes noires ou d’ascendance africaine durant des centaines d’années sur son territoire. En 1986, L. Lisboa, alors âgée de seize ans, s’installe à São Paulo, où elle s’essaie à différentes activités artistiques, de la pose comme modèle à la couture en atelier. Le crochet, qu’elle a appris enfant, constitue un point de repère dans sa vie de créatrice. Il influe grandement sur son œuvre, dans lequel elle explore les possibilités plastiques du tissage et de la couture pour créer des objets et des installations exprimant les réalités de la vie d’une artiste brésilienne noire.
Lisboa étudie la gravure du métal au musée Lasar-Segall en 1993, la sculpture contemporaine au musée brésilien de Sculpture (MuBE), la céramique à l’école d’art et d’artisanat de São Paulo et l’histoire de l’art au musée d’Art de São Paulo (MASP). En 1997, elle donne sa première exposition personnelle au Goethe-Institut de São Paulo, entamant ainsi une carrière qui devait devenir une référence dans le débat sur l’art « afro-brésilien » ou « afrodiasporique ».
La céramique est une constante de l’œuvre de L. Lisboa, comme le montre sa série intitulée Cupinzeiros [Nids de termites, 2013], où des formes en terre cuite évoquent les petites constructions qu’érigent les termites dans les prairies et les milieux ruraux. L’artiste relate sa propre vie à travers ces groupes d’insectes vivant en colonie : elle explique qu’il s’agit d’une image récurrente de son enfance dans les campagnes du Sud brésilien. Dans Casulos [Cocons, 2010-2015], L. Lisboa crée une sorte de capsule protectrice pour la vie féminine dans un contexte d’extrême violence, comme celui qui prévaut au Brésil. La série Tetas que Deram de Mamar ao Mundo [Seins allaitant le monde], commencée en 2020, où L. Lisboa fabrique des objets évoquant les seins de mères primitives, évoque cette même thématique. D’immenses structures en tissu pendent du plafond des salles d’exposition, frôlant le sol : elles invitent le public à partager une expérience singulière avec chacune de ces œuvres et l’espace qu’elles façonnent.
L’œuvre de L. Lisboa est très présente dans les expositions qui donnent à voir les productions contemporaines d’artistes afro-brésiliens. Son œuvre est mise en valeur lors de grands événements comme PretAtitude: Emergence, Insurgency and Affirmation in Contemporary Afro-Brazilian Art (SESC São Paulo, 2018), Estratégias do Feminino (Farol Santander, São Paulo, 2019) et Carolina Maria de Jesus: Um Brasil para os Brasileiros (IMS Paulista, São Paulo, 2021-2022). Elle lui a valu le prix des 75 ans de Maimeri (1998) et le IIe prix national des Expressions afro-brésiliennes (2012).
Une notice réalisée dans le cadre du programme « The Origin of Others. Réécrire l’histoire de l’art des Amériques, du XIXe siècle à nos jours » en partenariat avec le Clark Art Institute.
© Archives of Women Artists, Research and Exhibitions, 2022