Jackson, Suzanne, et Lovelace O’Neal, Mary, « Mary Lovelace O’Neal », Bomb, no 154, 2021, p. 24-37
→Rajaratnam, Sukanya, Mary Lovelace O’Neal: Chasing Down the Image, cat. exp., Mnuchin Gallery, New York (2020), New York, Mnuchin Gallery, 2020
→LeFalle-Collins, Lizzetta, « When the Muse Comes a-Callin’: In the Print Lab with Mary Lovelace O’Neal », Black Renaissance, vol. 13, no 1, 2013, p. 46-59
New Work: Mary Lovelace O’Neal, San Francisco Museum of Modern Art, San Francisco, 16 mars – 20 octobre 2024
→Mary Lovelace O’Neal: Chasing Down the Image, Mnuchin Gallery, New York, 6 février – 21 mars 2020
→Adventures & Misadventures: The Art of Mary Lovelace O’Neal, Togonon Gallery, San Francisco, 11 octobre – 24 novembre 2007
Peintre, graveuse et artiste pluridisciplinaire africaine-américaine.
Par son travail pionnier, Mary Lovelace O’Neal explore les croisements entre mémoire, politique et identité noire. Pendant plus d’un demi-siècle, elle façonne sa propre esthétique vernaculaire : un langage visuel singulier, mêlant l’abstraction à des récits profondément personnels, liés à ses méditations sur la culture africaine-américaine. Figure associée au Black Arts Movement, elle repousse les frontières de la représentation et interroge le rôle du militantisme dans l’art.
En 1964, M. Lovelace O’Neal est diplômée d’un Bachelor of Fine Arts de la Howard University, où elle a étudié sous la direction de James A. Porter (1905-1970), David Driskell (1931-2020) et Loïs Mailou Jones (1905-1998) – trois figures tutélaires qui influencent sa trajectoire artistique. Lors de ses études, en 1963, une bourse lui permet d’étudier à la Skowhegan School of Painting and Sculpture, où elle s’est imprégnée des œuvres de l’expressionnisme abstrait. C’est également dans ce cadre qu’elle cimente son engagement politique, nouant des liens avec des militant·es des droits civiques comme Stokely Carmichael, avec qui elle organise des marches de protestation et des campagnes d’inscription des citoyen.nes africains-américain.es sur les listes électorales. Lorsque M. Lovelace O’Neal obtient son Master of Fine Arts à la Columbia University en 1969, elle est la seule étudiante africaine-américaine de sa promotion. C’est au cours de cette période qu’elle développe sa série fondatrice, Lampblack (fin des années 1960 – années 1970) : d’immenses toiles densément recouvertes de pigment noir appliqué au pinceau.
La pratique artistique de M. Lovelace O’Neal est profondément nourrie par ses expériences vécues, sa passion pour la diversité des genres et des pratiques artistiques, ainsi que par sa curiosité insatiable de grande voyageuse. Après son premier mariage avec le dramaturge John O’Neal (1940-2019), elle s’installe à New York et aide ce dernier à fonder le Free Southern Theater, une troupe qui apporte l’art dramatique aux communautés noires du Sud pendant l’ère des droits civiques. Elle fait ultérieurement la rencontre du maître graveur Robert Blackburn (1920-2003), avec qui elle collabore. Son travail évolue alors vers l’intégration de techniques mixtes, donnant naissance à des peintures monumentales richement texturées.
Tout au long de sa carrière, M. Lovelace O’Neal a brisé les barrières en tant que femme noire dans le monde de l’art américain, majoritairement blanc et dominé par les hommes. Elle commence à enseigner à l’université de Californie, à Berkeley, en 1978, devenant ainsi la première africaine-américaine à obtenir la titularisation en 1985. Elle est nommée directrice du département d’arts plastiques et prend sa retraite avec le titre de professeure émérite en 2006. Son influence s’étend à l’échelle mondiale grâce à ses résidences artistiques en France (Cité internationale des arts, Paris, 1993), au Maroc et au Chili. Son œuvre figure dans d’importantes collections, telles que celles de l’Art Institute of Chicago, du Baltimore Museum of Art et du San Francisco Museum of Modern Art.
Parmi les expositions individuelles de l’artiste figurent New Work: Mary Lovelace O’Neal (2024), au San Francisco Museum of Modern Art, Hecho en Mexico – a mano (2024), à la Marianne Boesky Gallery de New York, et Whales, A Romance… (2020), au San Francisco Museum of the African Diaspora. Sa participation à la Biennale du Whitney Museum of American Art de New York, Even Better Than the Real Thing (2024), et à l’exposition Paris Noir (2025), au Centre Pompidou de Paris, montre l’actualité de son œuvre et souligne sa pertinence continue dans l’art contemporain. En 2025, M. Lovelace O’Neal poursuit sa pratique entre Oakland (Californie) et Mérida (Mexique), créant un art d’une densité émotionnelle et culturelle qui résonne au-delà des frontières.
Une notice réalisée dans le cadre du programme « The Origin of Others. Réécrire l’histoire de l’art des Amériques, du XIXe siècle à nos jours » en partenariat avec le Clark Art Institute.
© Archives of Women Artists, Research and Exhibitions, 2025