Davey, Isabella, « A Chat with Ming Smith – the Photographer whose Work is Soft, Intimate and Bathed in Community through Its Documentation of the Black American Experience », Twin Factory, 22 juillet 2022
→White, Ryan, « Ming Smith’s Life in Photos », I-D Magazine, 2 juillet 2020
→Smith, Ming, Iduma, Emmanuel, Jafa, Arthur, Jayawardane, M. Neelika, Ming Smith: An Aperture Monograph, New York / Dallas, Aperture / Documentary Arts, 2020
Photographe états-unienne.
La photographe Ming Smith est diplômée d’un bachelor de microbiologie de Howard University en 1973. Elle part alors à New York et s’installe à Greenwich Village. C’est là qu’elle entame une carrière de mannequin, travaillant pour Wilhelmina Models, Ford Models et Pauline’s Model Management – une agence parisienne réputée, qui fit d’elle la première ambassadrice noire de L’Oréal – tout en se mettant à la photographie. Ses premiers sujets sont le groupe portoricain de lutte contre le crime, les Young Lords, et son voisin, l’écrivain James Baldwin. Elle suit aussi des cours de danse après avoir découvert Katherine Dunham, qui influe fortement sur sa démarche photographique.
M. Smith a souvent recours au flou, à la double exposition et même à la peinture dans ses photographies en noir et blanc et en couleurs. Ces techniques confèrent à ses images évocatrices et lyriques une dimension picturale et spirituelle. Elle est connue pour ses scènes urbaines poétiques ainsi que pour ses portraits de personnalités culturelles noires, comme le musicien Sun Ra dans Sun Ra Space II (New York) (1978) et son amie mannequin Grace Jones, saisie dans Grace Jones at Studio 54 (1978).
En 1973, elle devient, à l’invitation du photographe Louis Draper (1935-2002), la seule femme membre du Kamoinge Workshop, un collectif de photographes noirs fondé à Harlem en 1963. C’est également en 1973 qu’elle publie ses premières œuvres : quatre de ses photographies sont incluses dans le premier volume de The Black Photographers Annual, qui est autoédité par le collectif. M. Smith se fait véritablement connaître lorsqu’elle apporte un portfolio de son travail au Museum of Modern Art (MoMA) en 1979. Elle est d’abord prise pour une livreuse, jusqu’à ce qu’un employé du musée découvre qu’elle est l’autrice des photographies. Le MoMA en achète deux – David Murray in the Wings (1978) et Christmas Constellation (1978) –, faisant de M. Smith la première photographe américaine noire à voir son œuvre acquise par ce grand musée.
En 1981, M. Smith est invitée par Linda Goode Bryant à participer à Artists Who Do Other Art Forms, une exposition à la légendaire et désormais disparue galerie Just Above Midtown (JAM). À partir des années 2010, la carrière de M. Smith suscite un regain d’intérêt. En 2017, elle participe à l’exposition historique We Wanted a Revolution: Black Radical Women, 1965–85 au Brooklyn Museum et à Soul of a Nation à la Tate Modern, à Londres. Son premier livre, Ming Smith: An Aperture Monograph, qui rassemble quarante ans de photographies, paraît en 2020. La même année, ses œuvres sont présentées dans l’exposition collective Working Together: Louis Draper and the Kamoinge Workshop au Virginia Museum of Fine Arts. L’exposition s’exporte au J. Paul Getty Museum de Los Angeles et au Whitney Museum of American Art à New York. L’année suivante, l’exposition Ming Smith: Evidence inaugure la galerie Nicola Vassell. On trouve les photographies de M. Smith dans les collections de grands musées comme la National Gallery of Art de Washington, le Whitney Museum of American Art, le Brooklyn Museum et le Schomburg Center for Research in Black Culture.
Une notice réalisée dans le cadre du programme « The Origin of Others. Réécrire l’histoire de l’art des Amériques, du XIXe siècle à nos jours » en partenariat avec le Clark Art Institute.
© Archives of Women Artists, Research and Exhibitions, 2022