Low, Yvonne, « Recovering Women’s Subjectivities: Siti Ruliyati and the ‘private’ transformations of Academic Realism », in Ashton, Jenna (dir.), Feminism and Museums: Intervention, Disruption and Change Volume 2, Boston, MuseumsEtc, 2018, p. 210-245
Exposition individuelle, Balai Budaya, Jakarta, 18 – 25 janvier 1979
→Exposition individuelle, Erasmus Huis, Jakarta, 29 octobre–9 novembre 1991
→Tracing memories, Sidharta Fine Arts, Jakarta, décembre 2005
Peintre indonésienne.
Siti Ruliyati veut devenir artiste dès son plus jeune âge. Défiant ses parents, elle s’inscrit en 1950 à l’ASRI Yogyakarta [Académie indonésienne des arts plastiques], dont elle devient l’une des étudiantes pionnières. Elle y découvre la pratique du dessin en plein air, qui devient le fondement de son œuvre durant toute sa carrière. Des années 1950 aux années 1970, ses sujets tournent autour de la vie quotidienne et des décors de la vieille ville de Yogyakarta : l’agitation d’un marché traditionnel, les femmes travaillant dans les rizières, des aperçus de la vie dans un petit village. À ses débuts, ses dessins sont présentés dans des magazines culturels locaux publiés après la proclamation d’indépendance de l’Indonésie (1945), comme Zenith, Budaja et Indonesia.
Une fois diplômée de l’ASRI en 1957, S. Ruliyati devient professeure de dessin dans une école pour enseignants de Yogyakarta. L’un de ses rares tableaux de cette époque à subsister, intitulé Kampung [Village, 1957], est conservé dans les collections du musée des Beaux-Arts et de la Céramique de Jakarta. Il représente des figures humaines vêtues de manière traditionnelle au milieu de bananiers, de pousse-pousse et d’étalages de fruits, rendus par d’épaisses touches picturales. L’utilisation de couleurs sombres évoque l’atmosphère tout en nuances de l’aube qui perce, et l’artiste saisit la sérénité et l’activité grouillante qui coexistent dans les premières heures du matin.
En 1979, S. Ruliyati emménage à Jakarta. Elle y fonde une entreprise à domicile et crée des objets brodés à la main ainsi que des cartes postales qu’elle peint également elle-même afin de subvenir aux besoins de ses six enfants. En parallèle, elle donne des cours de peinture à destination de femmes aux formatons diverses, dont des avocates, des psychologues et des ingénieures. Des années 1980 aux années 1990, elle organise des expositions collectives annuelles avec ses étudiantes, intitulées Ekspresi Warna [Expression de la couleur]. Cette période marque un changement significatif dans le choix de ses sujets, car elle se tourne vers la peinture de fleurs et les portraits des femmes des classes moyenne et supérieure qu’elle rencontre, ce qu’illustrent ses peintures aux couleurs vibrantes, telle Perempuan sedang merokok [Femme à la cigarette, 2005].
Au gré de son quotidien bien rempli, elle emporte partout avec elle son carnet de dessin et saisit sur le vif, depuis un taxi, les activités des travailleurs sur les chantiers urbains, ce qui témoigne à la fois de son dévouement à cette pratique et de son attachement immuable pour les classes populaires [rakyat]. Lorsque sa santé se détériore et qu’elle ne peut plus dessiner en extérieur, elle continue de peindre en prenant pour référence ses anciens dessins.
Dès ses années étudiantes, S. Ruliyati participe activement à plusieurs expositions, notamment la première exposition collective de peintres femmes répertoriée à Yogyakarta en 1956, qui prend place à Sanggar Seniman Indonesia Muda [l’Atelier des jeunes artistes d’Indonésie]. Ses tableaux sont également exposés à la IIe Biennale de São Paulo (Brésil, 1953) et dans une exposition d’art indonésien au musée Ernst, à Budapest (Hongrie, 1962). À ce jour, son tableau intitulé Boneka Jepang [Poupée japonaise, 1965] est la seule œuvre d’artiste femme conservée dans la collection Soekarno au palais présidentiel [indonésien], qui en fait l’acquisition en 1966.
Une notice réalisée dans le cadre du programme The Flow of History. Southeast Asian Women Artists, en collaboration avec Asia Art Archive
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