Orlando, Sophie (dir.), Sonia Boyce. Thoughtful Disobedience, Dijon, Les Presses du réel – Villa Arson, 2017
→Krinson, Mark (dir.), Sonia Boyce, Performance, Londres, Iniva, 1998
→Tawadros, Gilane, Sonia Boyce. Speaking in Tongues, Londres, Kala Press, 1997
In the Castle of My Skin, Eastside Projects, Birmingham, janvier – août 2020
→Sonia Boyce, Manchester Art Gallery, Manchester, mars – juillet 2018
→Sonia Boyce, We Move in her Way, ICA, Londres, février – avril 2017
Artiste multimédia britannique.
Formée au Newham College London – East Ham Campus puis au Stourbridge College, Sonia Boyce entame sa carrière en réalisant de grands dessins figuratifs, pratique très tôt identifiée par la Tate Britain, le Victoria and Albert Museum (V&A), la Manchester Art Gallery et le musée national d’Art moderne – Centre Georges-Pompidou. Dans un quadriptyque en pastel, Lay Back, Keep Quiet and Think of What Made Britain So Great [Détendez-vous, gardez le silence et pensez à ce qui a fait la grandeur de la Grande-Bretagne, 1986], elle revisite les motifs végétaux Arts and Crafts et les inscrit dans l’histoire des colonisations britanniques et de leurs effets sur leurs sujet·te·s. Elle contribue au développement puis à l’historicisation du British Black Art, un mouvement porté par les étudiant·e·s en art qui souhaitent que les œuvres des personnes noires et racisées jouissent d’une plus grande reconnaissance.
Les années 1990 sont consacrées à un travail plastique adoptant « une économie parasitaire » selon Marcus Verhagen et Jean Fisher : elle utilise les codes d’une culture dominante pour y insuffler une analyse et un commentaire sur le système social. They’re Almost Like Twins [Ce sont presque des jumeaux, 1995] est une installation composée de deux autoportraits photographiques identiques, imprimés sur toile vinyle dans des contrastes distincts. Cette décennie est aussi employée à une exploration du papier peint, de la performance, du tissage, des textes dessinés, amenant en particulier des réflexions sur le fétichisme du corps noir.
Au fil des années, les œuvres de S. Boyce discutent moins le point de vue et la place des personnes noires et racisées en situation décoloniale que les rapports de pouvoirs agissant dans toute forme d’intersubjectivité. For You, Only You [Pour toi, seulement toi, 2007] est une installation vidéo constituée d’une performance chantée du motet Tu solus qui facis mirabilia (de Josquin Des Prés) dans la chapelle du Magdalen College à Oxford. Le chœur Alamire, dirigé par David Skinner, entre en dialogue avec Mikhail Karikis, performeur vocal. Cette forme de conversation disruptive atteint son apogée « drolatique » dans la vidéo Exquisite Cacophony [Exquise cacophonie, 2015] présentée à la Biennale de Venise de 2015, une joute improvisée entre le performeur Andy Bothwell et la vocaliste Elaine Mitchener devant le public du V&A. Celle-ci alterne blagues fortuites, cacophonies et jeux vocaux dans la lignée du poème dada Ursonate (1932) de Kurt Schwitters.
La vidéo-installation We Move in Her Way [Nous bougeons comme elle, 2016-2017] se compose d’une partie gestuelle, vocale et performée réalisée avec E. Mitchener et d’une partie en mouvement proposée par la chorégraphe Barbara Gamper ainsi que ses danseuses, jouant avec des cerceaux agrémentés de rubans, au milieu du public masqué à la manière de Sophie Taeuber-Arp (1889-1943).
S. Boyce invente une véritable pratique collaborative instituante. Elle travaille avec des chanteur·euse·s, des danseur·euse·s, mais aussi des membres du personnel muséal ou bien des publics spécifiques, à l’élaboration d’une archive des chanteuses performeuses noires britanniques, Devotional (1999-en cours). Composé d’un papier peint et d’une vidéo en six parties, Six Acts (2018) explore les politiques d’acquisition, de médiation et d’exposition dans les musées publics par une approche du genre, de la race et des sexualités.
Résultat des échanges réguliers organisés sur le sujet entre les membres de l’équipe de la Manchester Art Gallery et ses publics, une nuit de performances filmées explore notamment une mise en scène d’Ira Aldridge, comédien noir du XIXe siècle, en Othello, des artistes drag répondant aux œuvres de la collection, ou encore le décrochage d’une toile problématique : Hylas and the Nymphs (1896) de John William Waterhouse (1849-1917).
S. Boyce représente le Royaume-Uni à la Biennale de Venise de 2022.
Une notice réalisée dans le cadre du réseau académique d’AWARE, TEAM : Teaching, E-learning, Agency and Mentoring
© Archives of Women Artists, Research and Exhibitions, 2022