De gauche à droite : Chemin du Montparnasse, © Margot Montigny/AWARE ; Portrait de Amelia Groom, © Amelia Groom ; Design par Lisa Sturacci studio, © AWARE: Archives of Women Artists, Research & Exhibitions
Dans le cadre de son programme de résidence dédié à la recherche sur les artistes photographes et vidéastes femmes et non-binaires, AWARE accueillera l’autrice et chercheuse en art Amelia Groom à la Villa Vassilieff de janvier à avril 2025.
Au cours de cette résidence, Amelia Groom se penchera sur le travail des artistes avant-gardistes et militantes Claude Cahun et Marcel Moore. Depuis la redécouverte posthume de leurs photographies, C. Cahun et M. Moore sont devenues des figures emblématiques, reconnues comme des ancêtres queer et trans. Ces dernières décennies, l’attention académique s’est principalement concentrée sur les portraits en intérieur et costumés du couple. Le projet d’A. Groom, quant à lui, met en lumière les nombreuses photographies en extérieur prises par les artistes sur l’île de Jersey, tout en explorant les enjeux environnementaux présents dans les écrits de C. Cahun. Que devient leur critique de la subjectivité humaine moderne, individualiste et binaire, lorsque nous suivons ces artistes à l’extérieur et abordons leur œuvre à travers le prisme d’une écologie élargie ? Comment leur exploration du genre, à la fois expansive et ludique, se déploie-t-elle à travers des monstruosités écologiques qui remettent en question l’ordre établi et les figures normatives ? Comment cela pourrait-il aussi contribuer à la remise en cause du projet colonial-capitaliste européen, catastrophique sur le plan environnemental, qui nie l’indissociabilité de la vie humaine à la terre ? En quoi le rejet des idéologies de pureté et d’originalité par C. Cahun et M. Moore incarne-t-il une opposition à la pensée écofasciste, tant dans ses formes du XXe siècle que dans ses récentes résurgences ? Enfin, que les chats ont-ils appris à ces artistes en matière de refus et de furtivité ? Et qu’en est-il de la mer, cette entité en constante métamorphose qu’elles contemplaient depuis leur maison en bord de mer ? Comment les effets des marées peuvent-ils être liés à la capacité et au besoin exubérant de transformation, qui étaient au cœur de l’esthétique et de la politique de C. Cahun et M. Moore ? Ce sont là quelques-unes des questions qui façonnent (et transforment) ce projet interdisciplinaire, alliant recherche archivistique et exploration de l’impact de leur œuvre dans le contexte de la crise actuelle.
Amelia Groom est autrice et chercheuse en art, actuellement en train de rédiger un livre sur l’art et l’activisme antifasciste de Claude Cahun et Marcel Moore, abordés à travers le prisme des écologies queer et trans. A. Groom a obtenu un doctorat en histoire de l’art et en théorie à l’Université de Sydney en 2014. Elle a depuis bénéficié de bourses de recherche postdoctorales à l’Académie royale des beaux-arts du Danemark à Copenhague et à l’ICI Institute for Cultural Inquiry à Berlin. Dans le cadre de la série Afterall One Work, elle a publié un livre sur Marsh Ruins (1981), une sculpture environnementale marécageuse de l’artiste Beverly Buchanan, qui créait des monuments secrets et anciens pour l’histoire noire dans le Deep South. Les recherches de Groom sur Buchanan ont été soutenues par une bourse de la Terra Foundation for American Art. Elle a récemment publié des textes abordant des sujets variés tels que le refus de Mariah Carey d’accepter le temps, les dessins érotiques de Sergei Eisenstein, la boue et les écologies décoloniales, Schéhérazade et les possibilités de la « parrhésie oblique », ainsi que les pratiques queer, féministes et antiracistes du gossip et des « épistémologies de la rumeur ». Groom a coédité le journal en ligne No Linear Fucking Time (publié par BAK, basis voor actuele kunst, Utrecht), et ses recherches ont fréquemment exploré des questions liées au temps : ses flux sous-jacents, ses blocages, ses détours sinueux, ainsi que les possibilités de ses réorientations.
Les membres externes du comité de sélection étaient :
Dr Flora Dunster est maîtresse de conférences à Central Saint Martins, où elle dirige le programme de master en Photographie contemporaine : Pratiques et Philosophies. Spécialisée dans l’histoire de la photographie queer et lesbienne au Royaume-Uni, elle est co-autrice, avec Theo Gordon, de Photography – A Queer History (Octopus/Ilex, 2024). Aux côtés de Gordon, Fiona Anderson et Laura Guy, elle co-édite le numéro spécial Queer Art in Britain Since the 1980s, à paraître prochainement dans British Art Studies. Ses travaux récents ont été publiés dans Third Text, The Routledge Companion to Global Photographies et Resist, Organise, Build: Feminist and Queer Activism in Britain and the United States during the Long 1980s.
Dr Sara Morais dos Santos Bruss est théoricienne en cultural studies et médias, chercheuse et curatrice. Son travail se situe à l’intersection de l’art féministe et anticolonial, des pratiques politiques, des technologies numériques et des récits de subjectivité humaine et non humaine. Parmi ses publications récentes, on trouve Myths of Accuracy dans BOM Magazine (HKW et Archive Books, 2024) et la monographie Feminist Solidarities after Modulation (disponible en libre accès sur punctum.press, 2023). Sara est curatrice à la Haus der Kulturen der Welt (HKW) à Berlin, membre du conseil de diffrakt. centre for theoretical peripherie, et éditrice pour kritik-lesen.de.
Dr. Taous Dahmani (elle) est historienne de l’art, écrivaine et commissaire d’exposition d’origine franco-britannique et algérienne, basée à Londres. Spécialisée dans la photographie, elle a été commissaire de l’édition 2022 du Louis Roederer Discovery Award aux Rencontres d’Arles. En octobre 2024, elle a assuré le commissariat de deux expositions collectives lors de la Biennale Jaou Photo à Tunis, en Tunisie. Le mois suivant, elle a présenté une exposition monographique de SMITH à NOUA à Bodø, en Norvège. Actuellement, elle assure le commissariat de l’exposition Anastasia Samoylova: Adaptation à la Saatchi Gallery à Londres, pour le FEP. Ses écrits ont été publiés dans des ouvrages de photographie édités par Loose Joints, Textuel et Chose Commune, ainsi que dans des revues telles que The British Journal of Photography, FOAM, GQ, Aperture, Camera Austria et 1000 Words Magazine. Elle est co-éditrice de Shining Lights. Black Women Photographers in 1980s-90s Britain (MACK/Autograph ABP, 2024). Depuis janvier 2023, elle enseigne au London College of Communication (UAL).
Cette résidence a reçu le soutien de la Fondation d’entreprise Neuflize OBC.