Akino Fuku, Gabunshū : Baul no Uta [Recueil de dessins et textes : Chants des Bauls], Tokyo, Chikuma Shobo Ltd., 1992
→Akino Fuku, Nihonga wo kataru [Réflexions sur le nihonga], Vol. 33 de la série Naniwa Juku (cours sous forme d’entretiens), Osaka, Brain Center Inc., 1990
Exposition du centenaire de la naissance de Fuku Akino, Musée national d’art moderne de Kyoto (MOMAK), du 8 avril au 11 mai 2008 ; Musée Akino Fuku de Hamamatsu, du 7 juin au 27 juillet 2008 ; Musée d’art moderne de Kanagawa (Pavillon Hayama), du 9 août au 5 octobre 2008
→Exposition Fuku Akino : Trajectoire de création, Musée départemental des beaux-arts de Hyogo, du 26 avril au 8 juin 2003 ; Musée des beaux-arts Tenshin à Ibaraki, du 19 juillet au 31 août 2003 ; Musée Fuku Akino Fuku, Tenryu, Shizuoka, du 6 septembre au 26 octobre 2003
→INDIA Fuku Akino, Sagacho Exhibit Space, Tokyo, du 11 novembre au 19 décembre 1992
Peintre japonaise.
Fille d’un prêtre d’un sanctuaire shinto situé le long du fleuve Tenryū, Fuku Akino découvre la peinture de Vincent van Gogh (1853-1890) et Paul Gauguin (1848-1903) grâce à son professeur de dessin en primaire, mais ce sont ses enseignants de l’École normale de jeunes filles qui l’initient aux techniques picturales. Ses études terminées, elle accepte un poste d’institutrice dans une école élémentaire de sa région natale, mais elle ne peut renoncer à son rêve de devenir peintre. En 1927 elle rejoint, l’atelier de Rinkyō Ishii (1884-1930), peintre nihonga qui expose dans les salons officiels, puis poursuit sa formation à partir de 1929 à l’école Seikōsha-juku que tenue par un autre peintre de nihonga, Suishō Nishiyama (1879-1958). Dès l’année suivante, au mois de mai, elle participe non seulement à l’Exposition annuelle de l’école, mais est également admise au Salon en octobre. Dans le premier cas, elle présente une œuvre où l’on voit trois apprentis dans un train qui les emmène profiter d’un éphémère jour de repos, à la fois somnolant pour évacuer la fatigue accumulée et excités à l’idée de cette escapade exceptionnelle. Au Salon, elle expose le portrait d’une femme miséreuse, marchant pieds nus en relevant le bas de sa jupe chima dans un terrain vague de la banlieue de Kyoto où traîne de la vaisselle abandonnée au milieu des mauvaises herbes. L’année suivante, son chien famélique errant dans un champ sous un soleil de plomb est refusé au Salon. Les sujets traités par Fuku Akino, inhabituels pour le nihonga, reflètent très tôt son intérêt pour les populations défavorisées vivant au bas de l’échelle sociale, et les paysages de désolation.
Après son mariage en 1932 avec Kōjin Sawa (1905-1982), lui-même élève du Seikōsha-juku et son aîné de quelques années, elle met au monde en janvier de l’année suivante son fils aîné. Au vu de la situation financière de sa famille, et consciente que l’admission au Salon décide du prix de vente d’une œuvre, elle met entre parenthèses ses intérêts personnels pour choisir des sujets plus classiques. Elle s’inspire de personnes de son entourage pour exposer sans faute tous les ans à la fois à l’Exposition du Seikōsha-juku et au Salon. Elle y décroche des mentions spéciales avec Sajō (Sur le sable, 1936, Musée des beaux-arts de la ville de Kyoto), où elle se dépeint trois enfants jouant sur les rives du fleuve Tenryū – dessinant notamment leurs ombres, chose encore assez inédite dans le nihonga – ou avec Kōshō (De rouge vêtues, 1938, Musée des beaux-arts de la ville de Kyoto) où cinq jeunes femmes installées autour d’une table carrée prennent chacune des poses différentes, dans un exercice jouant avec brio sur toute la palette des rouges. Ce succès lui vaut progressivement une reconnaissance en tant que jeune femme peintre pleine d’avenir.
En 1948, militant pour un renouvellement des arts correspondant au monde de l’après-guerre, Fuku Akino s’associe avec d’autres peintres de nihonga de l’est et de l’ouest du Japon partageant les mêmes valeurs, pour fonder l’association Sōzō Bijutsu [Arts Créatifs] – qui devient plus tard la section de nihonga de la Shinseisaku Kyōkai [Association des nouvelles productions], puis en 1974 la Sōga-kai [Société de peinture créative]. Dans cette enceinte, elle expose des œuvres prenant ses propres enfants comme sujets. Quel meilleur sujet en effet pour Fuku Akino qui peut les croquer sur le vif dans toutes sortes de positions, répéter les esquisses à l’envi, approfondir les études tout en restant chez elle ? Ses portraits de groupe retiennent l’attention de la critique, qui apprécie ses compositions puissantes rendant de façon évocatrice les formes en devenir des enfants grâce à des couleurs sobres et des lignes de contours méthodiques. En 1951, elle se voit décerner le Premier Prix Uemura Shōen, qui récompense les jeunes femmes peintres de nihonga, pour Shōnen Gunzô (Groupe de jeunes garçons, 1950, Musée Akino Fuku de Hamamatsu).
Alors qu’elle se met à travailler les paysages côtiers en quête de nouveaux sujets, elle apprend par l’Université municipale des arts de Kyoto où elle enseigne, qu’une université indienne cherche quelqu’un pour enseigner le nihonga. Ainsi que Fuku Akino rejoint en juillet 1962 l’Université Visva-Bharati en tant que professeure invitée pour un contrat d’un an. Profitant de ses moments de liberté, elle visite l’Inde et se fascine pour ses majestueux paysages naturels, au point d’y revenir à 12 reprises dans les années qui suivent. Dès lors, l’Inde devient son sujet de prédilection : elle y consacre toute la seconde partie de sa carrière. Fuku Akino commence par représenter des paysages grandioses, comme dans Heigen Rakujitsu (Soleil couchant sur la plaine, 1964, Musée des beaux-arts de la ville de Kyoto), mais se sent progressivement attirée par la ferveur profonde de ce peuple qui s’efforce de vivre pleinement chaque jour dans un environnement extrêmement dur. Cela donne par exemple Tsuchi no Inori (Prière pour la terre, 1983, Musée national d’art moderne de Kyoto – MOMAK), dans lequel une femme pauvre et illettrée s’applique à dessiner des signes de bon augure, ou encore Terracotta no Jiin (Temple en terre cuite, 1984, Musée Akino Fuku de Hamamatsu), qui représente la façade d’un lieu de culte.
En 1999, le gouvernement japonais lui décerne l’Ordre de la Culture. Sa soif de créer reste intacte et en 2000, elle entreprend un voyage en Afrique alors qu’elle a 92 ans. Elle présente l’année suivante le fruit de ses recherches à l’Exposition de printemps de la Sōga-kai. Elle peint jusqu’à son dernier jour, en octobre 2001.
Une notice réalisée dans le cadre du programme « Artistes femmes au Japon : XIXème – XXIème siècle »
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