Dainovskytė, Milda, Narušytė, Agnė (dir.), Foto Vėros Šleivytės, Kupiškis, Kupiškio etnografijos muziejus, 2020
→Veronikos Šleivytės gyvenimo bruožai, Panevėžys, Amalkeros leidyba, 2007
→Agnė Narušytė, « Veronikos Šleivytės fotografijos bruožai », in Iš Panevėžio praeities: fotografijos kontekstas ir paveldas, konferencijos pranešimų rinkinys, Panevėžys, Panevėžio kraštotyros muziejus, 2006, p. 148–164
Sometimes Vėra Looks Like That. Exhibition of Veronika Šleivytė‘s (1906–1998) Photographs / Kartais Vėra taip atrodo. Veronikos Šleivytės (1906–1998) fotografijų paroda, Galerie nationale d’art, Musée national d’art lituanien, Vilnius, 29 juillet – 16 octobre 2022
→Vėros Šleivytės gyvenimo filma [Le film de la vie de Vėra Šleivytė’s], Lietuvos nacionalinė Martyno Mažvydo biblioteka, Vilnius, 20 novembre – 20 décembre 2017
→Exposition personnelle de Veronika Šleivytė à l’occasion de son 70e anniversaire, Musée national d’art Mikalojus Konstantinas Čiurlionis, Kaunas, 1977
Photographe, graveuse et peintre lituanienne.
Depuis son enfance, passée dans une famille nombreuse de métayers au village de Viktariškiai, Veronika Šleivytė rêve d’étudier l’art. En 1924, elle s’inscrit à l’école d’art de Kaunas, dont elle ne sort diplômée qu’en 1934, ayant été obligée de travailler pour subvenir à ses besoins, ce dont pâtit de surcroit sa santé.
Elle commence la photographie vers 1926, pointant son appareil vers tout ce qui l’entoure : sa famille au village, ses ami·es à Kaunas, ses voyages à travers l’Europe, des expositions d’art et de photographie, des médecins, des infirmières et des patient·es dans les hôpitaux, des femmes célébrant des rituels au soleil couchant sur la plage, etc.
En 1933, V. Šleivytė sélectionne parmi ses archives dix-huit photographies dont elle tire des épreuves grand format pour participer à la première exposition de l’Union des photographes amateurs de Lituanie. Parmi les huit cents œuvres exposées par quarante et un photographes, ses clichés obtiennent les deuxième, troisième et huitième places selon le vote du public.
En 1938, V. Šleivytė fonde et préside la Société des artistes femmes de Lituanie, qui organise des expositions féminines jusqu’à l’occupation soviétique en 1940. Elle enseigne également le dessin à la Vaikelio Jėzaus draugijos mergaičių amatų ir ruošos mokykla [école préparatoire d’artisanat pour jeunes filles de l’Enfant Jésus]. Elle en est renvoyée en 1938 pour s’être exprimée sur la pauvreté et les injustices subies par les étudiantes, mais, en 1940, les nouvelles autorités la nomment directrice de l’école (alors rebaptisée « 5e école d’artisanat de Kaunas »). Pendant l’occupation de la Lituanie par les nazis lors de la Seconde Guerre mondiale, V. Šleivytė est arrêtée, mais elle parvient à s’échapper et vit dans la clandestinité jusqu’au retour des troupes soviétiques en 1944. Elle reprend son poste de directrice de l’école, mais est de nouveau renvoyée en 1946 pour excédents budgétaires. V. Šleivytė se consacre jusqu’à la fin de sa vie à l’art, bien qu’elle vive dans la pauvreté.
Sa carrière artistique peut être divisée en deux périodes. Avant la Seconde Guerre mondiale, V. Šleivytė représente l’humble quotidien des classes paysannes et ouvrières dans des lithographies et des dessins au fusain empreints de réalisme. Elle s’intéresse également à la photographie comme médium à la fois d’expression artistique et de documentation. Après la guerre, elle se concentre sur le pastel et ne représente que des paysages, des bouquets de fleurs et des objets du quotidien dans des teintes joyeuses.
En tant qu’artiste, V. Šleivytė est surtout célèbre pour ses photographies. Elle se représente dans presque chacun de ses clichés. Certains de ces autoportraits la montrent habillée en homme ou en double exposition. Au dos de ces images, elle commente avec ironie le caractère mystificateur de sa propre apparence.
Les archives de V. Šleivytė contiennent des photographies de ses amantes. Il s’agit de camarades de classe, d’artistes, d’une infirmière et d’une bonne sœur. Elle se photographie avec chacune de ses compagnes dans des situations intimes ou mimant les gestes de l’amour. Elle dédie un album à l’une d’elles, Le Film de la vie de V. Šleivytė en 1952-1953, qu’elle compose en utilisant des extraits de leurs lettres et des photographies de leurs voyages communs.
V. Šleivytė organise soigneusement ses propres archives, qui documentent sa vie, et en fait don au Kupiškis etnografijos muziejus [musée ethnographique de Kupiškis], lequel inaugure la galerie Veronika-Šleivytė à Viktariškiai. Ses archives photographiques sont présentées lors de l’exposition Kartais Vėra taip atrodo [Parfois Vėra ressemble à cela] à la Nacionalinė dailės galerija (galerie nationale des Beaux-Arts) de Vilnius en 2022, qui contribue à établir V. Šleivytė comme photographe et comme artiste lesbienne.
Une notice produite en partenariat avec Artnews.lt et Echo Gone Wrong dans le cadre de la Saison France-Lituanie 2024.
© Archives of Women Artists, Research and Exhibitions, 2024