Rouxel, Mathilde, Chakali, Saad, Neplaz, Jean-François (dir.), Le Livre pour sortir au jour de Jocelyne Saab, éditions commune, Marseille, 2023
→Rouxel, Mathilde, Van de Peer, Stefanie (dir.), ReFocus : The Films of Jocelyne Saab. Films, Artworks and Cultural Events for the Arab World, Édimbourg, Edinburgh Univesity Press, 2021
→Rouxel, Mathilde, Jocelyne Saab, la mémoire indomptée, éditions Dar An-Nahar, Beyrouth, 2015
Jocelyne Saab – One Dollar A Day, DEPO, Istanbul, 15 avril -14 mai 2017
→Les Astres de la guerre, Cinémathèque française, Paris, 29 mars – 24 mai 2013
→Strange Games and Bridges, Musée national, Singapour, avril 2007
Cinéaste, artiste franco-libanaise.
Jocelyne Saab grandit à Beyrouth au Liban. Très active sur la scène libanaise tout au long de sa vie, elle a une carrière de reporter de guerre, de documentariste, de cinéaste de fiction, d’artiste et d’actrice culturelle.
Étudiante en économie à Paris, elle intègre au début des années 1970 le milieu du journalisme, d’abord pour la presse, soutenue par Etel Adnan (1925-2021) qui l’invite à écrire au quotidien libanais Al-Safa, puis pour la télévision. Elle travaille pour France Régions 3 (FR3) de 1973 à 1975, puis choisit, pour protéger sa liberté d’expression, de produire ses films seule à partir de 1975. Cette indépendance lui permet de bouleverser les codes du reportage traditionnel et d’inviter des poète·sses à prendre la parole sur ses images.
De 1975 à 1982, la cinéaste couvre principalement les guerres du Liban, réalisant une quinzaine de films, dont trois forment une « trilogie beyrouthine » qui permet de saisir la qualité artistique du travail documentaire de J. Saab : Beyrouth, jamais plus (1976), Lettre de Beyrouth (1978) et Beyrouth, ma ville (1982) ont eu, outre une large diffusion télévisuelle en France et à l’international, une circulation significative en festivals.
La destruction de sa maison de famille et le départ des combattant·es palestinien·nes de Beyrouth après le siège de la ville par l’armée israélienne en 1982 poussent J. Saab à changer de mode d’expression. Son premier film de fiction, tourné en plein conflit, est programmé sous le titre L’Adolescente, sucre d’amour en 1985 à la Quinzaine des réalisateurs du festival de Cannes. Il sort en salles trois ans plus tard sous une version remontée intitulée Une vie suspendue. Elle signe ensuite plusieurs autres fictions : Il était une fois Beyrouth, histoire d’une star (1994), Dunia (2005) et What’s Going On? (2009), tout en poursuivant son parcours documentaire (Les Almées, 1989 ; La Dame de Saïgon, 1997). Film d’archives, Il était une fois Beyrouth est l’occasion d’un vaste projet de collecte de films de patrimoine tournés au Liban. Lancé en 1991 sous le titre « 1001 images », le projet permet de restaurer une trentaine de films sur les centaines rassemblés, qui ont été programmés dans le monde entier pour représenter le Liban.
Après Dunia, dont le tournage en Égypte a été semé d’embûches, elle se tourne vers la photographie et l’installation vidéo. Sa première exposition multimédia, Strange Games and Bridges, présentée au musée national de Singapour en 2007, questionne après la guerre de 2006 la mémoire et le retour perpétuel de la violence. Ses séries photographiques Le Revers de l’occidentalisme et Architecture duelle (2007) circulent principalement dans des foires d’art contemporain (Dubai Art Fair, 2007 ; Abu Dhabi Art Fair, 2008).
Elle réalise plus tard six vidéos commandées pour l’exposition inaugurale du Mucem (Café du genre, 2013) et présente en 2016 à l’Institut français de Beyrouth et en 2017 au DEPO à Istanbul une exposition photo et vidéo sur la situation des réfugié·es syrien·nes au Liban (One Dollar A Day). Son dernier travail est un livre d’images qui revient sur sa carrière et sur 50 ans d’histoire régionale (Zones de guerre, 2018).
Une notice réalisée en collaboration avec le Musée d’Art Moderne de Paris et Zamân Books & Curating dans le dans le cadre du programme Role Models
© Archives of Women Artists, Research and Exhibitions, 2025