J. van Mierlo, « ‘t vindingrijk Chalonnetje. Het leven en werk van de tekenares Christina Chalon (1749-1808) [L’imagination de Chalon. La vie et l’œuvre de la dessinatrice Christina Chalon (1749-1808)]», dans Els Kloek, Catherine Peters-Sengers et Esther Tobé, Vrouwen en kunst in de Republiek, een overzicht [Les femmes et l’art dans la République, une vue d’ensemble], Hilversum, Verloren, 1998, p. 31-37.
→J. Buijnsters-Smets, « Christina Chalon, een achttiende-eeuwse tekenares [Christina Chalon, dessinatrice du XVIIIe siècle]», Antiek, no 16, 1982, p. 471-480.
Elck zijn waerom : Vrouwelijke kunstenaars in Nederland en België 1500-1950 [À chacune leur raison : Les artistes femmes aux Pays-Bas et en Belgique, 1500-1950], Anvers, musée royal des Beaux-Arts, octobre 1999-janvier 2000.
Dessinatrice et graveuse néerlandaise.
Christina Chalon s’est dédiée à représenter la vie quotidienne des personnes issues des classes laborieuses. Ses dessins, gravures et aquarelles se partagent entre des scènes concentrées sur quelques personnages, le plus souvent des femmes et des enfants, et d’autres présentant des groupes plus étendus – parfois des familles entières – au sein de l’espace domestique. Femme avec deux enfants devant une école (vers 1758-1808), par exemple, est une scène ordinaire qui montre une femme avec deux enfants à ses côtés, parlant à un homme dans l’encadrement de la porte d’entrée d’une école. Intérieur avec famille paysanne (1758-1808) est un bon exemple de la seconde catégorie : sur ce dessin, un homme observe des enfants assis à côté de lui, tandis que, de l’autre côté de la table, trois femmes sont engagées dans une conversation ; une quatrième s’éloigne de la table, tenant dans ses mains un tonneau. Avec des compositions dynamiques comme sur celles-ci, C. Chalon confère un caractère immédiat et spontané à ses œuvres. En choisissant de tels sujets et en puisant son inspiration auprès des artistes de genre du XVIIe siècle néerlandais – en particulier Adriaen van Ostade (1610-1685) – tout en faisant toujours preuve d’inventions qui lui sont propres, elle répond de manière stratégique à la forte demande du marché de l’art pour de telles scènes.
Née à Amsterdam, C. Chalon vient d’une famille de peintres, de dessinateurs et de musiciens. Sa mère s’appelle Susanna van Bullingen et son père est Hendrik Chalon, musicien et fils du peintre Louis Chalon (vers 1687-1741). Son plus jeune frère, Jan Chalon (1738-1795), est dessinateur et graveur, également collectionneur de ces deux médiums. L’aptitude de C. Chalon pour le dessin se manifeste dès l’âge de cinq ans. Ses parents reconnaissent son potentiel et lui organisent un apprentissage auprès de sa cousine, Sara Troost (1732-1803), dont elle commence à recevoir les leçons de dessin à l’âge de sept ans. Elle apprend également l’eau-forte dès son jeune âge, comme en témoigne Abraham caressant Isaac, copie d’une estampe de Rembrandt (1606-1669) qu’elle semble avoir faite à l’âge de treize ans. Quelques années plus tard, elle poursuit sa formation artistique auprès du beau-frère de S. Troost, l’artiste et collectionneur Cornelis Ploos van Amstel (1726-1798).
Durant les deux décennies suivantes, C. Chalon produit un grand nombre d’œuvres. En 1779 est éditée une série de trente-deux estampes d’après ses dessins et eaux-fortes. La même année, des estampes d’après ses dessins sont publiées pour illustrer les poèmes pour enfants de l’auteur néerlandais Jean Francq van Berkhey. Après son mariage avec le musicien allemand Christiaan Frederik Rüppe en 1784, elle continue à créer des œuvres d’art, mais en plus petit nombre, jusqu’à l’interruption de sa pratique en 1799 au plus tard, lorsque la maladie mentale dont elle souffre prend le dessus sur ses activités artistiques. Les années suivantes, c’est d’abord son mari qui prend soin d’elle, jusqu’à ce qu’elle soit finalement admise dans un hospice en 1808 ; elle y meurt dans l’année.
La production de C. Chalon a été estimée et prisée par de nombreux collectionneurs d’art et par ses pairs dessinateurs et graveurs néerlandais. De nos jours, ses œuvres se trouvent dans d’importantes collections à travers le monde, dont la Morgan Library à New York, la galerie des Offices à Florence et le Rijksmuseum à Amsterdam.
Une notice réalisée dans le cadre du programme « Rééclairer le siècle des Lumières : Artistes femmes du XVIIIème siècle »
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