Jean-Luc Bourges et Régine Monod (dir.), Colette Richarme,Une artiste en quête d’absolu, 2 vol., Montpellier, Deuxième époque, 2022
→Camille Boissière, De lignes en figures : Les dessins de Colette Richarme (1904-1991) au musée Atger, cat. exp., musée Atger, Montpellier, (14 septembre-21 décembre 2018), Montpellier, Bibliothèque interuniversitaire de Montpellier, 2018
→Bernard Derrieu, Richarme, journal d’atelier : extraits, 1945-1955, suivi de Parcours d’artiste, Pézenas, Domens, 2000
Richarme, voyage dans le sacré d’un chercheur d’absolu, commissariat d’Alain Girard, musée laïque d’art sacré du Gard, Pont-Saint-Esprit, 15 juin – 15 septembre 2013
→Colette Richarme, Inspirations sétoises, commissariat de Françoise Lopez, musée Paul-Valéry, Sète, 15 février – 18 mai 2008
Peintre française.
Colette Richarme passe ses neuf premières années en Chine, où sa mère, diplômée des Beaux-Arts de Genève, l’initie à la peinture dès l’âge de cinq ans. Rentrée en France suite au décès de son père, elle complète cet apprentissage en suivant, pendant la Première Guerre mondiale, les cours d’une école de dessin sur tissu à Lyon. De 1920 à 1935, elle vit en Savoie, à Albertville d’abord, près de sa famille maternelle, où elle se marie avec Jean Boisseau, un chasseur alpin avec qui elle a trois enfants ; mais le décès de sa fille cadette pousse la famille à déménager à Annecy. Durant toute cette période, C. Richarme réalise de splendides gouaches, aujourd’hui conservées aux archives de Haute-Savoie, à Annecy.
En 1936-1937, l’artiste parfait sa formation à Paris, à l’académie de la Grande Chaumière, dans les ateliers de Charles Blanc (1869-? ), qui la forme au dessin, d’Yves Brayer (1907-1990), qui lui enseigne la composition du nu et du portrait, de Jan Darna (1901-1994), qui l’initie à l’abstraction, tandis que Guillaume Met de Penninghen (1912-1990) lui apprend à maîtriser l’huile. Louise Bourgeois (1911-2010), également élève de l’atelier, y occupe la place de massière, les deux femmes se lient et restent en contact pendant de longues années. C. Richarme grappille ainsi dans l’art de son temps pour nourrir son regard avec la ferme intention de rester autonome, en une démarche intellectualisée et sensible à la couleur, marquée par l’influence d’André Lhote (1885-1962).
En 1937, le couple s’installe à Montpellier. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les lectures irriguent la réflexion de C. Richarme. Elle interprète les poèmes de Stéphane Mallarmé en des « équivalences plastiques », gouaches et dessins puissants qui sont autant de méditations sur la ligne. De cette période datent aussi ses premiers poèmes et ébauches de romans. Sa première exposition se tient en 1940, au Salon des artistes français, puis en 1941 et 1943, au musée Fabre, à Montpellier. Après la guerre, elle retourne à Paris pour suivre les cours de gravure de Robert Cami (1900-1975), tandis que son travail à l’huile suscite un intérêt croissant : en témoignent des expositions individuelles et de groupe auxquelles elle participe. La peintre devient sociétaire du salon Regain, à Lyon, en 1953. La galerie parisienne Bruno Bassano lui offre sa première exposition individuelle en 1955 et le musée national d’Art moderne acquiert en 1957 Inspiration sétoise, produite la même année.
Pour C. Richarme, la peinture, c’est la vie, et sa vie, c’est sa peinture. Pas moins de quatre à cinq heures de travail par jour. Dans son journal, elle note la genèse de ses œuvres, les doutes qui l’assaillent, les difficultés surmontées, la joie éprouvée face à une toile achevée. L’année 1958 marque un tournant inspiré par les brumes et les lumières de Bretagne, sans doute à l’origine de la spécificité d’un art situé par la critique entre figuration et abstraction, et caractérisé par la couleur, les passages et la construction. Ses palettes, qu’elle nomme « petits abstraits », sont les témoins de ses recherches autour des harmonies colorées.
La période qui suit, de 1963 à 1987, est marquée par la reconnaissance de son travail, malgré les réticences de ses collègues masculins du groupe Montpellier-Sète, qui ont tendance à la laisser de côté. En 1964, C. Richarme devient sociétaire du Salon des indépendants, où elle expose chaque année jusqu’en 1987. Elle aura également dix expositions personnelles à Paris. Les années 1980 marquent une période de plénitude. Son travail est présenté régulièrement à Béziers, à Montpellier et à Sète, où, en septembre 1990, l’exposition Six peintres de la Méditerranée au musée Paul Valéry consacre sa place dans le monde de l’art, tout comme l’hommage que lui rend le Salon des indépendants en 1992. Aujourd’hui, l’association Richarme multiplie les initiatives : dénomination d’une rue à Montpellier, expositions à Montpellier, Pézenas, Sommières…