Nghê Thuât, Điềm Phùng Thị, ACCT, agence de la francophonie, France, 1997
→Denis Nardin, Điềm Phùng Thị : Skulpturen 1960-1990 : eine Retrospektive [Điềm Phùng Thị, sculptures de 1960-1990, une rétrospective], cat. exp., Museum Langes Tannen, Uetersen [1990], Museum Langes Tannen, Uetersen, 1990
→Marc Gaillard, Điềm Phùng Thị : sculptures, cat. exp., Galerie Etienne de Causans, Paris [8-18 février 1988], Paris, Galerie Etienne de Causans, 1988
Musée des Beaux-arts de Ho Chi Minh Ville, Viêt Nam, 1995
→Château Sainte-Barbe, Fontenay-aux-Roses, France, 1993
→Musée Langes Tannen et Musée Wittstock, Allemagne, 1990
Sculptrice vietnamienne.
Si Điềm Phùng Thị (1920-2002) est avant tout connue pour sa sculpture, son œuvre prolifique comprend aussi des estampes, des peintures, des collages de tissus, des bijoux et des meubles. Elle travaillait aussi la terre cuite, le plâtre, le bois, le béton, le métal, la brique et la laque. Ses silhouettes primordiales et abstraites dissimulent l’intérêt de l’artiste pour le corps, en particulier le corps féminin, comme forme élémentaire. Elle fait son apprentissage dans l’atelier de sculpture d’Antoniucci Volti (1915-1989) à l’École des Arts appliqués de Paris en 1961. Elle élabore par la suite un alphabet de formes modulaires qu’elle assemble en une apparente infinie variété de compositions. Sa bibliothèque personnelle contient de nombreux ouvrages sur le yoga, le massage, la kinésithérapie et la phytothérapie : on peut en déduire que ces lectures ont façonné sa vision du corps. Une autre influence majeure est la culture matérielle et l’architecture vietnamiennes, en particulier la structure en crochets emboîtés que l’on retrouve fréquemment dans la charpente des pagodes et qui a vraisemblablement inspiré la création de ses modules.
Điềm Phùng Thị naît à Huế, la dernière capitale dynastique du Viêt Nam. À la mort de sa mère en 1923, son père se remarie et s’installe dans les hauts plateaux du centre du pays pour son poste de mandarin de 1926 à 1932. Điềm Phùng Thị obtient un diplôme en odontologie à l’Université de Hanoï en 1946 et rejoint ensuite le Việt Minh (Front pour l’indépendance du Viêt Nam) dans la guerre de résistance contre la France coloniale. Le mandarin et le soldat — l’un représentant la dynastie et l’autre, la révolution — allaient devenir des figures récurrentes de son œuvre.
En raison d’une grave maladie, Điềm Phùng Thị part pour la France en 1948 afin de s’y faire soigner. Elle y suit une nouvelle formation en odontologie et, en 1953, épouse son ami d’enfance, le chirurgien-dentiste Điềm Bửu ; le couple s’installe à Paris. L’artiste effectue plusieurs séjours dans la République socialiste du Viêt Nam dans les années 1970 et 1980 et suit de près la transition de l’École des Beaux-arts de l’ère indochinoise au réalisme socialiste. Dans les années 1990, elle rentre à Huế avec son mari souffrant et travaille avec la municipalité à l’ouverture, en 1994, d’un musée consacré à son œuvre.
Điềm Phùng Thị découvre l’art en 1959 en s’initiant à la poterie comme un loisir. Deux ans plus tard, elle intègre l’atelier de Volti. Elle expose pour la première fois au Salon des indépendants à Paris en 1961 et présente sa première exposition personnelle en 1966 à la Galerie des Jeunes. La même année, elle rencontre Raymond Cogniat, critique d’art pour Le Figaro et fondateur de la Biennale de Paris. Điềm Phùng Thị participe à la Première Exposition internationale de beaux-arts de Saïgon en 1962, à la Troisième Biennale de Cachan en 1970, à la Quatrième Biennale de Ravenne en 1972 et à la Biennale de Carrare en 1973, entre autres expositions personnelles et collectives, principalement en Europe, mais aussi au Viêt Nam. Elle réalise 37 sculptures monumentales en France pour des écoles, des parcs, des entreprises et des bâtiments publics, ainsi que pour l’ambassade du Viêt Nam. Son dernier monument sera une tombe pour son mari, érigée à Huế en 1997.
Une notice réalisée dans le cadre du programme The Flow of History. Southeast Asian Women Artists, en collaboration avec Asia Art Archive
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