Morris, Desmond, The British Surrealists, Londres, Thames and Hudson, 2022.
→Allmer, Patricia, Caws, Mary Ann et al., Angels of Anarchy: Women Artists and Surrealism, Munich, Prestel, 2009.
→Remy, Michel, Surrealism in Britain, Londres, Lund Humphries, 1999
Emmy E. Bridgwater: The Edge of Beyond, The Mayor Gallery, Londres, 1er décembre 2022 – 27 janvier 2023
→Emmy E. Bridgwater, Blond Fine Art, Londres, 1990
→Emmy E. Bridgwater, Jack Bilbo’s Modern Gallery, Londres, 1942
Artiste graphique, peintre et poétesse surréaliste britannique.
Emmy Bridgwater commence son apprentissage artistique à la Birmingham School of Art, une école progressiste. Suivant pendant trois ans l’enseignement du portraitiste Bernard Fleetwood-Walker (1893-1965), elle devient une peintre et une dessinatrice de talent.
Lors de sa visite de l’International Surrealist Exhibition à Londres en 1936, l’artiste ressent l’envie de rejoindre ce nouveau mouvement radical. Elle y rencontre ses pairs de Birmingham, les artistes Conroy Maddox (1912-2005) et John Melville (1902-1986) ainsi que l’écrivain Robert Melville. Elle fonde avec eux le groupe surréaliste de Birmingham, qui accueille plus tard Oscar Mellor (1921-2005) et Desmond Morris (1928). E. Bridgwater est une membre influente de ce cercle ambitieux d’artistes et d’écrivain·e·s qui se rencontrent au Kardomah Café, au Trocadero Pub et chez C. Maddox. Au cours des années 1930 et 1940, ils agissent comme un collectif, organisant des conférences et des débats auxquels ils invitent des universitaires et des musiciens locaux.
Pendant cette période, E. Bridgwater juxtapose des objets inhabituels pour mettre au jour des récits étranges. Des tableaux tels que Night Work is About to Commence (1940-1943) sont définis par son langage symbolique mêlant des oiseaux, l’eau et des formes organiques. Le désir affiché par l’artiste de plonger dans la psyché est caractéristique du groupe surréaliste de Birmingham, déterminé à rester fidèle aux visées originales du surréalisme – telles qu’établies par André Breton – d’explorer les recoins obscurs de l’esprit. E. Bridgwater établit des relations directes et soutenues avec les surréalistes de Paris, notamment avec A. Breton. Ce dernier est impressionné par ses expérimentations de dessin automatique à l’encre, comme avec Meanings in the Round (vers 1939), où elle abolit le contrôle conscient à la faveur du hasard.
E. Bridgwater est aussi l’autrice d’une œuvre poétique prolifique, où l’on retrouve les mêmes symboles que dans sa peinture : oiseaux, œufs et formes torsadées. Elle publie ses poèmes dans des revues surréalistes et modernistes, dont Arson, Free Unions – Unions libres et Le Savoir-vivre. De son vivant, sa poésie inspire un surréaliste britannique majeur, avec lequel elle entretient une liaison en 1942, Toni del Renzio (1915-2007). Bien que les surréalistes masculins de Birmingham évitent les artistes de Londres, E. Bridgwater jette un pont entre ces deux villes, notamment en raison de l’amitié qu’elle lie avec une autre artiste surréaliste, Edith Rimmington (1902-1986).
En 1942, la première exposition personnelle de E. Bridgwater se tient à la Jack Bilbo’s Modern Gallery, à Londres. En 1947, A. Breton la sélectionne comme l’une des quatre artistes surréalistes britanniques à être représenté·e·s au sein de l’Exposition internationale du surréalisme à la galerie Maeght, à Paris. À cette occasion, elle est choisie pour signer la déclaration de 1947 du groupe surréaliste d’Angleterre, ce qui témoigne du fait qu’elle est devenue l’un des membres les plus importants du mouvement.
Cependant, comme cela a été le cas pour de nombreuses artistes femmes, les responsabilités familiales prennent le pas sur la carrière de l’artiste – dans les années 1950 et 1960, elle doit s’occuper à la fois de sa mère et de sa sœur, handicapée. E. Bridgwater revient sur le devant de la scène dans les années 1970, créant principalement des collages, et participe à de nombreuses expositions collectives surréalistes, dont Real Surreal : British and European Surrealism à la Wolverhampton Art Gallery en 1995.
Notice publiée avec le soutien de la Mayor Gallery de Londres.
© Archives of Women Artists, Research and Exhibitions, 2022