Nammour Cesar, Schaub Gabriela, 82 Lebanese artists reviewed by Helmen Khal, Beyrouth, Fine Artis Publishing, 2011
→Khal Helen, The Woman Artist in Lebanon, Beyrouth, The Institute for Women’s Studies in the Arab World, 1987
→Khal Helen, Screens and Bugres. Drawings by Farid Haddad and Jay Zerbe, Beyrouth, Harb Bijjani Press, 1970
Quiet Seduction, Mark Hachem Gallery, Beyrouth, 4 – 18 février 2015
→Modern and Contemporary Arab, Iranian and Turkish Art, Christie’s, 2014
→Forces of Change, National Women’s Museum, Washington, 1994
Peintre et critique d'art américano-libanaise.
Née de parents libanais, Helen Khal a grandi en Pennsylvannie avant de passer deux ans au Liban à partir de 1946, période durant laquelle elle étudie la peinture à la Lebanese Academy of Fine Arts de Beyrouth où elle côtoie les artistes Shafic Abboud (1926-2004), Yvette Achkar (née en 1928) ou encore le sculpteur Michel Basbous (né en 1921). Mariée au poète Yusuf Al-Khal, elle poursuit sa formation à l’Art Students League de New York, mais ce n’est qu’en 1960 qu’elle expose pour la première fois à la Galerie Alecco Saab. À la suite de la perte successive de sa mère et de son frère, elle se tourne vers un style de plus en plus expressionniste et émotionnel. En 1963, elle cofonde la Gallery One, la première galerie du Liban. Divorcée de son mari six mois plus tard, lequel obtient la garde de ses enfants comme la propriété de sa galerie, elle devient professeure à l’American University de Beyrouth et critique d’art dans le Daily Star et le Monday Morning.
Parallèlement à ses portraits, les années 1960 voient éclore un style de peinture à l’huile, avec des champs colorés éthérés, composés de blocs de couleur infusés de lumière, évoquant l’influence souvent soulignée de la peinture de Mark Rothko (1903-1970). H. Khal inscrit cependant son abstraction de style color-field dans une référence au monde physique et conserve des formats intimistes, peignant également sur papier monté sur bois. Pour elle les couleurs permettent de créer « une oasis pour les émotions » et une présence qui offre la possibilité de « se ressourcer, se nourrir, se soustraire aux réalités déstabilisantes du quotidien dans un monde où la sérénité se dérobe ». Dans les années 1970, son style évolue vers des œuvres de plus en plus apaisées et méditatives. Elle se lie alors d’amitié avec Huguette Caland (1931-2019) qu’elle soutient et avec laquelle elle expose. Son activité de galeriste et de critique l’amène à concevoir l’ouvrage de référence aux accents féministes The Woman Artist in Lebanon (1974-1975) qui sera publié en 1987 au Liban, avec de nombreuses artistes telles Etel Adnan (née en 1925), Y. Achkar ou encore H. Caland dont elle contribue à assurer la visibilité à travers des conférences aux États-Unis, où elle réside à partir de 1976. Bien qu’à teneur essentialiste, affirmant des « aires de sensibilité spécifique aux femmes » et une « technique plus méticuleuse », cet ouvrage fait date en faisant de l’artiste femme émancipée un facteur de changement dans la vie des autres femmes. En 1994, le National Women’s Museum de Washington expose l’œuvre de H. Khal au sein de Forces of Change, exposition dédiée aux artistes femmes du monde arabe, tandis que la galerie Agial de Beyrouth diffuse son œuvre après sa disparition, permettant ainsi une reconnaissance plus internationale, confirmée par l’acquisition en 2019 de quatre peintures par le Centre Pompidou.
Publication en partenariat avec le Centre Pompidou, dans le cadre de l’exposition Elles font l’abstraction présentée au Centre Pompidou, Musée national d’art moderne, Galerie 1, Paris, du 5 mai au 23 août 2021, sous le commissariat de Christine Macel et de Karolina Ziebinska-Lewandowska (pour la photographie), assistées de Laure Chauvelot. Notice tirée du catalogue de l’exposition publié par les éditions du Centre Pompidou ©Éditions du Centre Pompidou, 2021