Lamoni Giulia Emma, Écrire le rythme vital : une approche de l’œuvre scripto-visuelle d’Irma Blank, Lille, Atelier national de Reproduction des Thèses, 2008
→Irma Blank, Senza Parole, Bologne, P420, 2013
→Irma Blank, Eigenschriften, Berlin, Sternberg Press, 2019
Irma Blank, Breath Paintings, Mostyn Museum, Llandudno, 2014
→Irma Blank, works from the collection of Museion, Museion, Bolzano, 16 novembre 2017 – 23 septembre 2018
→Blank, Culturgest, Lisbonne, 29 juin – 8 septembre 2019 ; Mamco, Genève, 9 octobre 2019 – 2 février 2020 ; CAPC, Bordeaux, 27 juin – 31 octobre 2020 ; CCA & Bauhaus Foundation, Tel Aviv ; 2021, Milan ; Museo Villa Dei Cedri, Bellinzone, 2021 ; Bombas Gens Centre d’art, Valencia, 2022
Artiste germano-italienne.
Originaire du nord de l’Allemagne, Irma Blank s’installe en Sicile en 1955. Ce déracinement est fondamental pour cette grande lectrice, passionnée par la forme écrite : elle réalise que « le mot juste n’existe pas », même dans sa propre langue, les mots ne pouvant refléter pleinement l’exactitude de la pensée. Elle entame en 1968 la série Eigenschriften [Écriture pour soi-même]. Elle répète dans ces dessins au pastel de couleur sur papier un signe, une écriture asémantique, qu’elle explore jusqu’en 1973. Cette date marque son installation à Milan, qui entraîne un changement radical dans sa vie et son travail. Elle entre en contact avec la scène très active de la poésie concrète et commence à exposer dans des espaces d’art et des librairies. Le cycle Trascrizioni émerge en 1973 (jusqu’en 1979), transcriptions à l’encre noire sur papier transparent du matériel imprimé que l’artiste a sous la main : journaux, traités de philosophie, poésie… Elle place son papier sur l’original, dont elle reproduit la mise en page à l’aide de hachures répétées et régulières, tout en le lisant à bouche fermée, émettant un son monotone. Professeure d’arts plastiques au lycée, elle se consacre à son propre travail dans le silence de la nuit et prend ainsi conscience du son produit par le dessin en train de se faire. Elle décide de s’enregistrer au travail, ce qu’elle systématise dans l’ensemble de ses séries, et envisage dès lors sa pratique comme un cycle sensoriel total, qui, outre la vue et l’ouïe, inclut le toucher – avec les livres uniques (des dessins à manipuler) qu’elle réalise dès les années 1960 –, ainsi que la présence corporelle avec des actions et des lectures performées depuis 1979. Elle participe à la documenta 6, à Cassel, en 1977 et à la Biennale de Venise de 1978.
I. Blank entame ensuite la série Radical Writings (1983-1996), qui prend la forme d’une écriture linéaire fondée sur la durée de sa respiration. À l’huile, acrylique ou aquarelle sur toile ou papier, ces œuvres témoignent d’un cheminement vis-à-vis de la couleur : les premières sont réalisées en rose et violet, couleurs de la recherche, puis l’artiste explore exclusivement le bleu, qui représente l’infini, l’écriture et la détermination. Entre 1984 et 1993, elle passe une partie de l’année à Düsseldorf, où elle a un atelier. Après son retour définitif à Milan et consciente que la société entre dans une ère de communication, elle expérimente l’outil numérique dans la série Hyper-Text (1998-2002) où des mots superposés, extraits en trois langues de ses écrits, sont sérigraphiés sur toile. Concomitamment et en contraste avec la froideur de l’ordinateur, elle travaille à la série Avant-testo [Avant le texte, 1998-2006], dans laquelle, tenant des stylos Bic dans chacune de ses mains, elle dessine sur toile ou polyester, dans un mouvement circulaire inédit, pure explosion d’énergie. I. Blank commence en 2000 le cycle protéiforme Global Writings avec des œuvres exécutées à la main ou à l’ordinateur. Elle invente un alphabet éponyme, composé de huit consonnes, avec lequel elle écrit textes et livres, créant une langue inintelligible mais universelle, prononçable par tou·te·s.
Victime d’un grave problème de santé en 2016, I. Blank se réapproprie désormais son corps et adopte une nouvelle manière de travailler, de la main gauche. La série Gehen-Second Life [Aller-deuxième vie, depuis 2017] la mène vers sa deuxième vie de femme et d’artiste, avec des lignes, tracées sur feuilles ou cahiers, révélant sa capacité à affronter l’adversité physique pour aller de l’avant. Très réputée en Italie, I. Blank jouit enfin depuis quelques années d’une reconnaissance internationale croissante. Son travail a été montré à la Biennale de Venise en 2017, intitulée Viva Arte Viva. De 2019 à 2022, la rétrospective Blank qui lui est consacrée se déploie en sept expositions différentes. Ses œuvres sont notamment présentes dans les collections du musée national d’Art moderne – Centre Georges-Pompidou à Paris, du Kunstmuseum de Düsseldorf, du Museion de Bolzano, du Getty Center for the History of Arts and the Humanities à Malibu, de la Galleria Civica d’Arte Moderna e Contemporanea (GAM) à Turin, de l’Archivio della Poesia del Novecento à Mantoue, ou encore de Harvard University à Cambridge.