Société Anonyme, Katherine S. Dreier : lecturer and painter, New York, 1935
→Bohan Ruth, The Société Anonyme’s Brooklyn Exhibition : Katherine Dreier and Modernism in America, UMI Research Press, 1982
→Herbert Robert (dir.), The Société Anonyme and the Dreier bequest at Yale University : a catalogue raisonné, Yale University Press, 1984
The Société Anonyme, Hammer Museum, Los Angeles, 23 avril – 20 août 2006
Peintre, collectionneuse et théoricienne de l’art états-unienne.
Personnalité importante de la scène artistique new-yorkaise dans les années 1910-1950, Katherine Dreier s’est fait l’avocate ardente, dès 1910, des avant-gardes, et, notamment, de l’abstraction qu’elle pratiqua, pour sa part, dans son œuvre de peintre (Abstract Portrait of Marcel Duchamp, 1918) ; la lecture de Kandinsky et de Mme Blavatskaya, entre autres, l’amena à privilégier toujours une conception « spiritualiste » de l’art abstrait, alors même que celui-ci tombait en disgrâce dans les années 1920. Sa défense des modernismes s’effectua sur tous les terrains : celui du mécénat, par la création en 1920 (après sa contribution en 1916 à la fondation par Walter Arensberg de la Society of Independant Artists), avec son grand ami Marcel Duchamp et avec Man Ray, de la Société anonyme, qui avait pour vocation de promouvoir les avant-gardes et de constituer une collection d’œuvres aussi remarquable que celles des Stein, des Arensberg et des Gallatin, et digne d’un véritable Museum of Modern Art ; sur le terrain théorique, par des préfaces et surtout par la rédaction de son ouvrage majeur, Western Art and the New Area: An Introduction to Modern Art, publié en 1923 ; sur le terrain pédagogique enfin, en organisant parallèlement nombre d’expositions, notamment l’International Exhibition of Modern Art à Brooklyn en 1926, panorama complet de l’art avant-gardiste européen, avec, en tête, les abstractions (Mondrian, De Stijl, le Bauhaus, les « abstraits de Hanovre », les abstraits géométriques).
Cette exposition fut l’occasion de réaliser un important catalogue ainsi qu’une série de conférences accompagnant l’itinérance de l’exposition. Son militantisme porta ses fruits : l’abstraction devint une partie incontournable de l’histoire de l’art et occupa de nouveau le devant de la scène, avec la constitution en 1936-1937– à la suite de celle du groupe A en 1934 (K. Dreier y côtoie Albers, Diller, Gorky, Graham, Holtzman, Outerbridge) –, de l’American Abstract Artists, qu’elle animait avec la même fougue. Son engagement dans les modernismes (doublé de son soutien vigoureux à la cause des femmes et à celle des pauvres) s’accompagnait d’un grand mépris pour le marché de l’art. Ainsi, elle donna la collection de tout premier plan de la Société anonyme (qui était réunie en 1939 à sa propre collection) à la Yale University Gallery ; suivirent ses legs aux musées américains, notamment au Philadelphia Museum of Art en 1952 et au Guggenheim Museum de New York en 1953.