Falguières Patricia, Mroué Rabih, Salhab Ghassan (dir.), Lamia Joreige: works 1994-2017, Beirut, Kaph Books, 2018
Surfaces, Centre culturel français, Beyrouth, janvier 1997
→Ici et peut-être ailleurs, musée Nicéphore Niepce, Chalon-sur-Saône, 18 octobre 2003 – 1 février 2004
→Under-Writing Beirut, Marfa’ Projects, Beyrouth, 10 octobre – 29 décembre 2017
Plasticienne et réalisatrice libanaise.
Née au Liban, Lamia Joreige émigre à Paris avec sa famille en 1983 lors de la guerre civile libanaise (1975-1990), mais retourne néanmoins souvent à Beyrouth et entretient des liens avec la ville durant cette période. L. Joreige obtient une licence d’arts plastiques spécialité peinture et réalisation à la Rhode Island School of Design en 1995. Elle fait partie de la génération d’artistes libanais d’après-guerre civile, aux côtés de Rabih Mroué, Joana Hadjithomas et Khalil Joreige, ainsi qu’Akram Zaatari, dont les œuvres explorent la mémoire et l’héritage liés à la guerre là où ces derniers sont absents de tous discours et commémorations officielles. L. Joreige associe éléments d’archives et de fiction dans son travail et, ce faisant, développe des stratégies narratives libérées de toute linéarité chronologique, de la nature totale de l’histoire et de l’autorité de la vérité. Son œuvre ne cherche pas à représenter, mais à introduire des traces, réactiver des moments, mettre au jour des strates et accepter les déformations et bouleversements. À travers ses vidéos, installations et peintures, L. Joreige tente de retranscrire le passage et la concrétisation du temps, les tensions entre le personnel et le collectif au Liban, ainsi que la réalité des conditions de vie actuelles dans le pays.
Objects of War [« Objets de guerre », 1999 – en cours], une installation vidéo faite de multiples témoignages déclenchés par des objets liés à la guerre, est la première œuvre de L. Joreige qui lui vaut une reconnaissance internationale. Le projet présente divers souvenirs qu’il est impossible de contenir en un seul fil narratif. En 2009, L. Joreige cofonde avec Sandra Dagher le Beirut Art Center, le premier espace associatif dédié à l’art contemporain au Liban, dans lequel elle est encore très impliquée. De 2013 à 2017, elle développe le projet en plusieurs chapitres Under-Writing Beirut [« Assurer Beyrouth »], qui entrelace diverses strates temporelles présentes à travers la ville : le Musée national (chapitre 1), le fleuve de Beyrouth (chapitre 2) et la banlieue d’Ouzai (chapitre 3). Chaque chapitre aborde les traces du passé, les complexités du présent et les incertitudes de l’avenir, proposant ainsi un regard sur les fluctuations de la ville. Son premier long-métrage, And the Living is Easy, sorti en 2014, met en scène des adaptations fictives d’expériences personnelles vécues par l’artiste et, ainsi, décrit l’inquiétude qui entache le bien-vivre à Beyrouth dans un contexte de révoltes régionales qui ont fait ressurgir la possibilité omniprésente d’un retour de la guerre.
L. Joreige développe actuellement une recherche sur les résonances anachroniques entre les soulèvements au Moyen-Orient et l’époque de la Première Guerre mondiale. Cette nouvelle œuvre a pour but de mettre en évidence les effets réels d’évènements tels que les accords Sykes-Picot, suite auxquels la région fut répartie en plusieurs zones administrées par les puissances coloniales, contribuant ainsi à la mise en place des frontières actuelles. Depuis sa première exposition individuelle à Beyrouth en 1997, les œuvres de L. Joreige ont été entre autres présentées à la Tate Modern, au MoMA et à MAXXI, ainsi qu’au premier pavillon national du Liban à la 52e Biennale de Venise (2007).