Manetti Renzo, Schwartz Lillian, Vezzosi Alessandro, Monna Lisa: il volto nascosto di Leonardo (Leonardo’s hidden face), Florence, Polistampa, 2007
→Kalantari Bahman, « Polynomiography: From the Fundamental Theorem of Algebra to Art », illustré par Lillian Schwartz et ses figures de couleur Brain used as illustration, in LEONARDO, vol. 38, n° 3, juin 2005
An Evening with Lillian Schwartz, Modern Mondays, The Museum of Modern Art, New York, 10 décembre 2012
→GOOGLEPLEX, British Film Institute South Bank, 2005
→Algorithmic Revolution, Films at Zentrum für Kunst und Medientechnologie (ZKM), 2004
Vidéaste états-unienne.
Pionnière de l’expérimentation visuelle assistée par ordinateur (Computer Art), Lillian F. Schwartz réalise dans les années 1970 une série de films abstraits explorant les potentialités formelles d’une technologie dont le langage, encore expérimental à l’époque, laissait entrevoir des perspectives inédites dans l’émergence d’un nouveau régime visuel. Issue d’une famille nombreuse aux origines modestes et exerçant comme infirmière dans le Japon d’après-guerre, l’artiste américaine s’initie au dessin et à la peinture avant de se tourner vers l’art cinétique dans les années 1960. Active sur la scène artistique new-yorkaise où elle côtoie le groupe E.A.T. (Experiments in Art and Technology) et participe à l’exposition The Machine as Seen at the End of the Mechanical Age organisée au MoMA en 1968, elle devient la première artiste femme à intégrer officieusement, la même année, les équipes scientifiques du laboratoire Bell localisé dans le New Jersey.
Associée aux programmateurs Kenneth Knowlton (1931-), pionnier dans l’infographie et Max Mathews (père de la musique assistée par ordinateur), L. Schwartz explore les limites de ce nouveau médium en élargissant ses applications aux propriétés de l’image en mouvement. Conçus à partir d’une palette graphique offerte par cet environnement technologique, ses films 16 mm constituent des expérimentations hybrides à la croisée des nouvelles technologies digitales et des techniques du cinéma d’animation analogique. Générés par ordinateurs, les motifs abstraits sont recadrés, soumis à différents effets et démultipliés à la tireuse optique avant d’être assemblés à la table de montage par l’artiste.
Produit à la suite de ses premières réalisations cinématographiques (Pixillation, 1970 ; UFOs, 1971) remarquées par les milieux scientifiques et artistiques, son film Enigma (1972) constitue une expérience visuelle quasi hallucinatoire. Alors que des motifs abstraits élaborés à partir de formes géométriques élémentaires (lignes, rectangles) se déploient à la surface du plan, cette composition d’inspiration moderniste – rappelant celles de Piet Mondrian (1872-1964) – est progressivement soumise aux effets stroboscopiques du clignotement de l’image (flicker) combinés à des variations chromatiques et aux sonorités électroniques et expérimentales d’une bande sonore signée par Richard Moore. Considérant l’ordinateur comme faisant partie de l’évolution naturelle des outils d’un artiste, L. Schwartz formule à travers ses films les bases d’un nouveau vocabulaire iconographique abstrait – du « pointillisme technologique » pour reprendre ses termes – avec lequel elle interroge les mécanismes physiologiques et psychologiques de la perception à l’ère d’un changement de paradigme technologique.
Publication en partenariat avec le Centre Pompidou, dans le cadre de l’exposition Elles font l’abstraction présentée au Centre Pompidou, Musée national d’art moderne, Galerie 1, Paris, du 5 mai au 23 août 2021, sous le commissariat de Christine Macel et de Karolina Ziebinska-Lewandowska (pour la photographie), assistées de Laure Chauvelot. Notice tirée du catalogue de l’exposition publié par les éditions du Centre Pompidou ©Éditions du Centre Pompidou, 2021