Armstrong Elizabeth (dir.), Burton Johanna, Hickey Dave, Mary Heilmann : to be someone, cat. d’exp., Orange County Museum of Art, Newport Beach [20 mai – 26 août 2007] ; Contemporary Arts Museum, Houston [3 novembre 2007 – 20 janvier 2008] ; Wexner Center for the Arts, Columbus [10 mai – 24 août 2008] ; New Museum of Contemporary Art, New York [25 septembre 2008 – 25 janvier 2009], Newport Beach, Orange County Museum of Art Munchen, Prestel, 2007
→Bitterli Konrad, Müller Irene, Mary Heilmann: Little 9 x 9 (1973) / Blue Room (1997), Cologne, Oktagon, 2000
→Heilmann Mary, Magill Mark, Keother Jutta (textes), Mary Heilmann: the All Night Movie, cat. d’exp. Galerie Hauser & Wirth, Zurich [1999], Zurich, Offizin, 1999
Mary Heilmann. Past Present Future, Galerie Hauser & Wirth, Zurich, 6 février – 14 mai 2021
→Mary Heilmann : Looking at Pictures, Whitechapel Gallery, Londres, 2016
→Mary Heilmann: Good Vibrations, Bonnefantenmuseum, Maastricht, 30 septembre 2012 – 27 janvier 2013 ; Neues Museum, Staatliches Museum für Kunst und Design, Nürnberg, 21 mars – 23 juin 2013
Peintre états-unienne.
C’est dans les disciplines de la céramique et de la sculpture que Mary Heilmann, élevée au contact de la contreculture californienne et marquée par la philosophie du surf, obtient en 1968 un Master of Arts à l’Université de Californie (Berkeley) où enseignent le grand céramiste Peter Voulkos (1924-2002) et David Hockney (1937-2015). Son diplôme obtenu, elle part s’installer à New York où elle fera l’épreuve d’un double isolement : femme dans le monde très masculin de la sculpture minimaliste ; Californienne dans une ville qui juge la côte Ouest comme diablement provinciale. À la fin de la décennie, elle s’oriente vers la peinture, un médium alors marginalisé parmi les artistes de sa génération.
Quelques années suffiront pour que l’axe central de sa poétique s’affirme : une peinture qui soit une critique de la peinture en même temps que pleinement picturale. La peinture de M. Heilmann est ainsi, dès l’origine, une peinture du second degré. Et c’est dans la remise en jeu combinée des deux grands idiomes de l’abstraction picturale – expressionnisme abstrait et abstraction géométrique – que le postmodernisme de M. Heilmann va se manifester de la plus convaincante des façons. D’un côté, des taches, des coulures et des empâtements qui fonctionnent comme des signes stylistiques et non comme l’expression sismographique d’une psyché. De l’autre, des quadrangles, des lignes et des grilles qu’il faut aussi voir comme des tropes et non comme une profession de foi moderniste. La grille connaît d’ailleurs bien des aventures chez M. Heilmann. Elle se déforme et abandonne toute prétention à servir de paradigme à l’anti-naturel, à l’anti-mimétique et à l’anti-narratif.
Le diptyque Chinatown (1976) appartient à la période des premières grandes réussites de l’artiste. Les bords et le chant de la toile de gauche ont été peints en jaune et ceux de la toile de droite en bleu. La surface frontale de la toile a ensuite été recouverte de rouge, les bandes jaune et bleue devenant ainsi fantomatiques. Le diptyque aurait pu s’inscrire dans la lignée de Josef Albers (1888-1976), il semble finalement loucher vers Mark Rothko (1903-1970). Son titre, riche en connotations, notamment biographiques (M. Heilmann vit alors à Chinatown), nous dit que, loin de ne parler que d’elle-même, cette abstraction est pleine de références, en particulier à la culture populaire. M. Heilmann déclarait en 2017 : « Elles peuvent parfois sembler un peu banales ou convenues, ces grandes expositions avec uniquement des femmes, mais je les approuve parce que je comprends que c’est une bonne chose. C’est une bonne chose pour les gens de voir cela se produire. »
Publication en partenariat avec le Centre Pompidou, dans le cadre de l’exposition Elles font l’abstraction présentée au Centre Pompidou, Musée national d’art moderne, Galerie 1, Paris, du 5 mai au 23 août 2021, sous le commissariat de Christine Macel et de Karolina Ziebinska-Lewandowska (pour la photographie), assistées de Laure Chauvelot. Notice tirée du catalogue de l’exposition publié par les éditions du Centre Pompidou ©Éditions du Centre Pompidou, 2021