Chillida Alicia (dir.), Rachel Whiteread, cat. expo, Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofia, Madrid (11 février – 22 avril 1997), Madrid, Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía, 1997
→James Lawrence, Rachel Whiteread, Gagosian Gallery, 2008
→Allegra Pesenti (coord.), Rachel Whiteread Drawings, cat expo., Hammer Museum, Los Angeles (31 janvier – 25 avril 2010), Los Angeles, Hammer Museum et DelMonico Books, 2010
Rachel Whiteread, Tate Britain, Londres, 12 septembre 2017 – 21 janvier 2018
→Rachel Whiteread, Transient Spaces, Deutsche Guggenheim, Berlin, 27 octobre – 13 janvier 2002
→Rachel Whiteread, Pavillon britannique, 47e Biennale de Venise, 15 juin – 9 novembre 1997
Sculptrice britannique.
Explorant les thèmes de l’absence et de la mémoire des lieux par un jeu sur la perception sensorielle de l’espace, Rachel Whiteread poursuit une démarche systématique que certains critiques ont voulu rapprocher de l’art minimal ou conceptuel. Sur le modèle des maquettes en plâtre d’espaces intérieurs de l’architecte Luigi Moretti dans les années 1950, elle met au point son procédé : réaliser des volumes à partir de surfaces vides, conférant une matérialité à l’invisible. Elle étudie à l’École polytechnique de Brighton, puis se forme à la sculpture à la Slade School of Fine Art, University College, de Londres (1985-1987). Sa première exposition a lieu à la Carlisle Gallery de Londres (1988). Elle y présente Closet, la reproduction d’un intérieur de placard à vêtements, sous la forme d’une structure de plâtre recouverte de bois et de feutre. Elle a déjà commencé à appliquer le principe du moulage à son propre corps, dont elle a fait des empreintes, sans avoir eu l’audace de les montrer.
En 1992-1993, grâce à un échange universitaire avec l’Allemagne, elle travaille à Berlin et met au point son projet programmatique de moulage de formes familières ou banales, dont elle s’attache à révéler la face cachée, à dévoiler les usages méconnus : éviers, baignoires, matelas, dessous de table, intérieur de bouillotte, bibliothèque et même table d’autopsie. Ces moulages sont exécutés dans des matériaux aussi différents que le plâtre, la résine, le caoutchouc, le plastique, et dans un coloris monochrome qui, souvent, renvoie à la brillance des pierreries. Elle cherche à rendre hommage au « bas-ventre de la vie », selon son expression, et au caractère nostalgique des objets qui nous entourent au quotidien. Le Turner Prize lui est décerné pour House (1993), alors qu’elle n’a que 30 ans, faisant d’elle la première femme artiste couronnée par cette récompense prestigieuse. Sa démarche est cette fois plus impersonnelle, moins autobiographique. House (1993-1994) était le volume moulé en béton de l’intérieur d’une maison victorienne du quartier East End à Londres, dont elle ne peut empêcher la destruction – il s’agit souvent d’appartements abandonnés, voués à disparaître. Le vide s’est mué en plein, le plus intime en monumental. La maison ne résulte plus d’une construction, d’un ajout, mais d’une soustraction. Elle s’apparente désormais à un mausolée, à un masque mortuaire ou à un mémorial, qui fixe un espace négatif. Car ses portes ne s’ouvrent pas, ses fenêtres sont obstruées : la maison est devenue une surface impénétrable, qui nous oppose sa résistance, son mutisme.
Suite à sa représentation du pavillon britannique à la Biennale de Venise en 1997 (elle est la première citoyenne de ce pays à le représenter seule), elle reçoit différentes commandes publiques comme Water Tower (New York, 1998) et Holocaust Memorial (Vienne, 2000). Ses œuvres figurent dans de nombreuses collections publiques. Sa première exposition à la galerie Nelson-Freeman à Paris (2010) a réuni, sous forme de natures mortes, un ensemble de sculptures en résine et plâtre teinté, moulages d’objets quotidiens tels que tubes en carton, boîtes de médicaments, fragments d’emballages, le tout composant un paysage abstrait dans les tons pastel. Les œuvres sur papier de R. Whiteread, quoique très rarement montrées, occupent une place centrale dans sa création.