Mark Sloan, Kevin Young et Andrea Barnwell-Brownlee, Renee Stout : Tales of the Conjure Woman, cat. exp., Halsey Institute of Contemporary Art (en collaboration avec Spelman College Museum of Fine Arts et le Ruth and Elmer Wellin Museum of Art, Hamilton College), Charleston (23 juillet – 23 octobre 2016), Charleston, Halsey Institute of Contemporary Art, 2016
→Michelle A. Owen-Workman et Stephen Bennett Phillip, Readers, Advisors and Storefront Churches: A Mid-Career Retrospective, Kansas City, UMKC Belger Center for Creative Studies, 2002
→Marla C. Berns et George Lipsitz, Dear Robert, I’ll See You at the Crossroads: A Project by Renee Stout, cat. exp., The University Art Museum – University of California, Santa Barbara (10 janvier – 26 février 1995), Santa Barbara, The University Art Museum – University of California, 1995
Renee Stout : Navigating the Abyss, Marc Straus Gallery, New York, 8 janvier – 5 mars 2023
→Renee Stout : Tales of the Conjure Woman, Halsey Institute of Contemporary Art (en collaboration avec le Spelman College Museum of Fine Arts et le Ruth and Elmer Wellin Museum of Art, Hamilton College), Charleston, 23 juillet – 23 octobre 2016
→Astonishment and Power : Kongo Minkisi and the Art of Renee Stout, The National Museum of African Art, Smithsonian Institution, Washington, DC, 1993
Artiste africaine-états-unienne travaillant l’assemblage, l’installation, la sculpture multimédia et la peinture.
L’œuvre plastique de Renee Stout est profondément ancrée dans une quête multiple : spirituelle, sociale et politique. Se fondant sur une variété de médiums et de matériaux, sa pratique est centrée autour de l’excavation et de la régénération continue des traditions spirituelles des diasporas africaines aux États-Unis, ainsi que de l’investigation subjective, minutieuse et sensorielle de leurs cultures multiples. Qu’ils soient réels ou spéculatifs, R. Stout travaille les héritages de la magie africaine-américaine comme des lieux de guérison et de résistance. Dans ses installations, sculptures multimédias et assemblages, elle invoque le sacré à travers des objets trouvés et, dans ses peintures, des personnages fictifs viennent raconter des histoires de Hoodoo, pratique spirituelle aussi protectrice qu’espiègle. Comme elle le dit, son processus est « à la fois cathartique et émancipateur ».
R. Stout grandit dans une famille de la classe ouvrière de Pittsburgh, où elle fréquente régulièrement un cours de dessin pour enfants au Carnegie Museum of Art. Dans la section d’art africain, elle découvre un nkisi nkondi kongo. Bien que celui-ci soit mal documenté et étiqueté de manière générique comme un « fétiche », R. Stout, alors âgée de dix ans, est enchantée par l’œuvre, qui combine sculpture, amulette et clous. Elle parle souvent de cette première rencontre comme d’une étape décisive dans sa pratique artistique.
Après son obtention en 1980 d’un Bachelor en peinture de l’université Carnegie Mellon à Pittsburgh, R. Stout s’intéresse principalement à la peinture figurative, comme le montre l’une de ses premières œuvres, Hanging Out (1983), qui représente quatre hommes noirs sereinement assis devant un magasin. En 1984, elle fait partie du programme de résidences d’artistes africain·e·s-américain·e·s de l’université Northeastern à Boston, avant de s’installer à Washington en 1985. Ces deux années amorcent le passage de l’artiste d’une peinture photoréaliste à une approche plus conceptuelle, d’abord introspective, où elle expérimente avec la construction de boîtes simples, puis orientée vers une démarche de collecte d’objets naturels et trouvés, attentive notamment aux travaux de Joseph Cornell (1903-1972) et de Betye Saar (1926-).
Entre 1984 et 1985, l’impression sur l’artiste qu’avait laissée ce tout premier nkisi nkondi devient plus évidente et conduit à ce qui deviendra sa « fetish series », présentée pour la première fois en 1989 dans l’exposition Black Art, Ancestral Legacy : The African Impulse in African-American Art au Dallas Museum of Art. L’exposition présente ainsi Fetish #2 (1988), une sculpture en plâtre grandeur nature réalisée à partir du propre corps de l’artiste, avec des coquillages en guise d’yeux, des éléments faisant allusion à son histoire familiale, des objets trouvés ainsi que des cheveux et des ongles comme références directes aux nkisi nkondi. En 1993, avec l’exposition Astonishment and Power, R. Stout devient la première artiste états-unienne à exposer au Smithsonian’s National Museum of African Art, où des sculptures telles que Power Object (Homage to Joseph Cornell) (1991) et Headstone for Marie Laveau (1990) sont montrées aux côtés d’authentiques minkisis kongos.
Dans un premier temps, cette reconnaissance nationale lie le travail de R. Stout à ce qu’on appelle alors « l’impulsion africaine », alors qu’aujourd’hui ce sont ses affinités avec des artistes comme Cindy Sherman (1954-) et Sherrie Levine (1947-) et leur appropriation d’images préexistantes qui sont mises en avant. En effet, sa série Fetish et les sculptures de Astonishment and Power ne visent pas tant à reproduire les capacités spirituelles de figures de pouvoir nkisi qu’à utiliser les conventions de l’exposition ethnographique pour invoquer les spectres d’histoires irrésolues. C’est cette démarche qui guide son usage des alter ego fictifs, notamment les praticiennes de Hoodoo Madame Ching et Fatima Mayfield – l’artiste a consacré à celle-ci une Rootworkers’ Table (2011) ainsi qu’une enseigne de magasin en néon. Ces personnages lui ont permis d’explorer les aspects formels, conceptuels et esthétiques des pouvoirs de guérison ancestraux des racines et des plantes – le rootwork – au présent. Plus récemment, R. Stout a réinvesti la peinture afin d’élaborer des plans d’évasion vers un univers parallèle où règnent la justice et les Hoodoo Assassins (2020, en cours).
R. Stout a reçu plusieurs distinctions et prix, dont le Women’s Caucus for Art Lifetime Achievement Award en 2018.
Une notice réalisée dans le cadre du programme « The Origin of Others. Réécrire l’histoire de l’art des Amériques, du XIXe siècle à nos jours » en partenariat avec le Clark Art Institute.
© Archives of Women Artists, Research and Exhibitions, 2023