Broadway 1602 Uptown, Rosemarie Castoro, New York, Broadway 1602, 2014
→Lefebvre Arnaud, Rosemarie et Rosemarie : Rosemarie Castoro à la Galerie Arnaud Lefebvre 1993-2001, Paris, Galerie Arnaud Lefebvre, 2001
→Deschamps Madeleine, Rosemarie Castoro, cat. expo., American Center, Paris (7 octobre – 19 novembre 1983), Paris, American Center, 1983
Rosemarie Castoro | Wherein Lies the Space, Galerie Thaddaeus Ropac, Paris, 21 février – 30 mars 2019
→Rosemarie Castoro: focus at infinity, Museu d’art contemporani, Barcelone, 9 novembre 2017 – 15 avril 2018
→Rosemarie Castoro: « hors d’œuvres » 1964-1994, Galerie Arnaud Lefebvre, Paris, mars – avril 1995
Plasticienne états-unienne.
Au cours de ses études de design graphique au Pratt Institute de New York, Rosemarie Castoro se rapproche de la scène de la danse contemporaine expérimentale, participant notamment à certaines chorégraphies d’Yvonne Rainer. Une fois diplômée, elle décide de se consacrer quotidiennement à la peinture. Ses œuvres témoigneront pourtant tout au long de sa carrière d’un intérêt spécifique pour le corps en mouvement. Au début des années 1960, elle s’inscrit dans les mouvements conceptuel et minimal, dont elle fréquente assidûment les acteurs. Elle partage de 1961 à 1970 sa vie avec Carl Andre (1935-), on la voit également sur une photographie de 1969 aux côtés de Lawrence Weiner (1942-), Richard Long (1945-), Sol LeWitt (1928-2007), Robert Smithson (1938-1976) et Jan Dibbets (1941-). En 1971, elle présente à la Tibor de Nagy Gallery un ensemble de panneaux de bois autoportants recouverts de motifs tracés au graphite imitant les traces d’un coup de pinceau répété en all-over. Disposés tels des paravents dans l’espace d’exposition, ces œuvres ont sensiblement la taille d’un corps humain. Leur agencement peut varier, influant sur la déambulation du spectateur et transforme l’environnement dans lesquels ils s’insèrent en « sculptant » l’espace.
R. Castoro fait de ces œuvres la genèse de la série des brushstrokes, coups de pinceaux monumentaux s’étendant librement sur les murs de son atelier. Parmi ces œuvres, Armpit Hair (1972) est une longue sculpture composée d’une couche de plâtre recouverte de graphite et appliquée sur un support de bois à l’aide d’un balai. Cette empreinte du geste de l’artiste semble être une excroissance organique de l’architecture existante. Ces œuvres, accrochées seules ou en groupe, s’étendant dans tous les coins de son lieu de vie et de travail, portent des noms de partie du corps humain, clin d’œil amusé au corps de l’artiste fragmenté. Le titre de cette « peinture-sculpture », Poil sous les bras, qui dénonce le corps lisse et épilé comme idéal féminin, inscrit également R. Castoro dans la lutte pour la libération du corps des femmes menée pendant la seconde vague féministe aux États-Unis. L’abstraction de R. Castoro s’inscrit dans les recherches d’une abstraction « excentrique » à l’aspect informel soutenue par Lucy Lippard, qui présente d’ailleurs ses œuvres conceptuelles dans les Numbers Shows 557,087 à Seattle et 955,000 à Vancouver. Bien que R. Castoro adopte, au début de sa carrière, le vocabulaire formel épuré et mathématique des minimalistes, elle en propose une version subversive, insufflant à ses œuvres un contenu biographique et émotionnel. Elle écrit en 1970 : « Je me vois comme un récipient et ce que je crée comme une éruption de ce que je suis. » Si l’idée d’une œuvre incarnant la subjectivité de son auteur la rapproche de l’art féministe, elle refuse d’être catégorisée en fonction de son genre : « Je ne me considère pas comme une femme artiste. Je suis avant tout artiste et refuse d’être classée dans un système de quotas et de ségrégation. » Son œuvre, longtemps sous-évaluée par les historiens de l’art, reçoit aujourd’hui une attention renouvelée, entrant notamment en 2019 dans les collections du Centre Pompidou et bénéficiant la même année d’une importante rétrospective au MAMCO de Genève.
Publication en partenariat avec le Centre Pompidou, dans le cadre de l’exposition Elles font l’abstraction présentée au Centre Pompidou, Musée national d’art moderne, Galerie 1, Paris, du 5 mai au 23 août 2021, sous le commissariat de Christine Macel et de Karolina Ziebinska-Lewandowska (pour la photographie), assistées de Laure Chauvelot. Notice tirée du catalogue de l’exposition publié par les éditions du Centre Pompidou ©Éditions du Centre Pompidou, 2021