Victor, Suzann, See Like a Heretic: On Vision and Belief, cat. exp., Gajah Gallery, Singapour (11 mai – 10 juin 2018), Singapour, Gajah Gallery, 2018
→Victor, Suzann, New Works by Suzann Victor, cat. exp., STPI Creative Workshop and Gallery, Singapour (18 janvier – 21 février 2015) Singapour, STPI Creative Workshop and Gallery, 2015
→Victor, Suzann, Lingham, Susie, An Equation of Vulnerability: a Certain Thereness, Being , Singapour, Contemporary Asian Arts Centre of LASALLE-SIA College of the Arts 2002
Of Waters, STPI Creative Workshop and Gallery, Singapore, 25 avril – 11 mai 2021
→Lights and Shadows, Adam Art Gallery, Victoria University, Wellington, 25 février –17 mars 2002
→Re-emplace, Earl Lu Gallery, Lasalle College of the Arts, 2 – 28 avril 1999
Artiste multidisciplinaire singapourienne.
Suzann Victor apprend d’abord la peinture au Lasalle College of the Arts (1988-1990), alors qu’elle est femme au foyer. Elle étend ensuite sa pratique à l’installation sculpturale et à la performance. Lorsqu’elle déménage à Sydney, en Australie, en 1996, elle rejoint l’University of Western Sydney, où elle obtient un Bachelor of Arts, un Master of Arts et, finalement, en 2008, un doctorat en arts plastiques.
À ses débuts, S. Victor a une approche incarnée et émotionnelle de la peinture abstraite, qui trouve facilement des affinités formelles avec l’installation et la performance lorsqu’elle se tourne vers ces médiums. Dès 1989, dans une exposition collective intitulée Break, S. Victor et ses collègues artistes de Singapour cherchent à s’affranchir des conventions picturales : iels suspendent leurs œuvres dans le vide et les arrangent en un cube central, changeant quotidiennement leur position. En 1991, elle cofonde 5th Passage, le premier espace artistique interdisciplinaire indépendant de Singapour, à but non lucratif et financé par des fonds privés. Situé au sein du centre commercial Parkway Parade, dans la banlieue est de la ville, il vise à venir en aide aux artistes en début de carrière et à rapprocher l’art du peuple en le démystifiant. S. Victor y conçoit Still Life (1992), un commentaire ouvertement féministe sur le patriarcat : aux murs sont accrochées à l’horizontale des aubergines de forme phallique, qu’elle laisse pourrir avec le temps. Leur apparence évolue ainsi de l’agressivité à une triste comédie.
C’est dans le deuxième espace inauguré par 5th Passage, à Pacific Plaza, que S. Victor crée ses installations les plus emblématiques. Expense of Spirit in a Waste of Shame (1994) présente un alignement d’ampoules électriques, attachées au bout d’un câble par un mécanisme de balancelle, qui cognent constamment contre des miroirs. Elles miment l’acte d’autoérotisme féminin et les fantasmes sexuels, ce qui va de pair avec les pressions sociales et mentales associées à la reproduction féminine. His Mother Is a Theatre (1994) évoque la présence du corps par son absence. Une étoffe de velours noir de dix mètres de long est déployée à travers la pièce, et chacune de ses extrémités est cousue à une robe. Au milieu, sur une table, reposent des miches de pain creusées, éclairées de l’intérieur par des ampoules. Des woks attachés à une balancelle mécanique résonnent, et des mèches de cheveux forment sur le sol des mots, dont « clitoris », « orgasme », « lait » et « castration » (en anglais). Avec Still Waters (1998), S. Victor crée une performance porteuse de critique institutionnelle au Singapore Art Museum. Dans cet édifice de l’époque coloniale, elle fait élever des panneaux de verre devant les canaux de drainage qui entourent le deuxième étage, et les remplit d’eau, jusqu’aux chevilles. Elle se meut ensuite à travers ces espaces interstitiels et claustrophobiques.
Depuis 2015, S. Victor travaille à de nouvelles manières d’imprimer des disques acryliques transparents. Elle joue avec la poésie expérimentale de la lumière fugace et de l’ombre dans l’espace physique et attire l’attention sur les rencontres incarnées et sur les découvertes sensorielles.
S. Victor expose ses œuvres à l’échelle internationale, dans le cadre de la IIeAsia Pacific Triennial of Contemporary Art de Brisbane (1996) et de la VIe Biennale de La Havane (1997). Elle est la première artiste femme à représenter son pays au pavillon de Singapour de la Biennale de Venise (2001). Elle participe aussi à la VIe Biennale de Gwangju (2006), à l’exposition Thermocline of Art: New Asian Waves au Zentrum für Kunst und Medien (ZKM) de Karlsruhe (2007) et à la Biennale de Singapour de 2013, pour laquelle elle crée Rainbow Circle. Cette installation optique et météorologique imite l’apparence évanescente des arcs-en-ciel dans l’atrium sous la rotonde du musée. L’artiste approfondit ainsi ses recherches sur la lumière réfléchie et réfractée tout en attirant l’attention sur des problèmes environnementaux.
Une notice réalisée dans le cadre du programme The Flow of History. Southeast Asian Women Artists, en collaboration avec Asia Art Archive
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