Al manasrah, Ezz Eldeen, Encyclopedia Palestinian Fine Art: in the 20 century, vol. 1, Amman, Dar Majdalawi, 2003
Peintre palestinienne.
Tamam Al-Akhal est l’une des premières Palestiniennes à avoir bénéficié d’une formation artistique. Elle est considérée comme une pionnière de l’art moderne palestinien. Son œuvre à la fois réaliste, expressive et impressionniste aborde des sujets tels que la Méditerranée, qui lui rappelle sa ville natale de Jaffa, les marchés traditionnels locaux et l’architecture de son pays. Elle fait usage de couleurs vives pour traduire son sentiment de nostalgie de la terre et des personnes qu’elle a dû quitter lors de l’exode palestinien – la Nakba – suite à l’occupation israélienne de 1948.
T. Al-Akhal est née à Jaffa, un lieu qui influencera profondément son œuvre. Ses tableaux offrent un témoignage rare sur les réfugié·e·s et les conséquences de la Nakba. L’artiste a joué un rôle majeur dans le récit palestinien et dans la construction des perspectives et du vocabulaire artistiques de son pays. Son pinceau et ses couleurs illustrent l’histoire palestinienne et les épreuves qu’endure son peuple, et brossent un portrait emblématique de son expérience et de ses sensations qui s’appuie sur la tragédie du récit national palestinien. Néanmoins, ses œuvres de jeunesse abordent la vie quotidienne avant la Nakba, qui a lieu pendant son enfance. Elle saisit ces instants de bonheur en usant du crayon de couleur et de l’aquarelle.
T. Al-Akhal entame sa scolarité à Jaffa, puis la poursuit à Beyrouth et enfin à l’Institut supérieur des beaux-arts du Caire, dont elle sort diplômée en 1957. Elle enseigne ensuite l’art à Beyrouth et à Ramallah. Elle épouse l’artiste Ismail Shammout (1930-2006) en 1959 et, ensemble, ils fondent et dirigent le Département des arts et de la culture de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). Le couple est néanmoins contraint de s’exiler dans plusieurs pays à cause des guerres régionales et de la crise des réfugié·e·s palestinien·ne·s.
Avec son époux, T. Al-Akhal établit un vocabulaire visuel symbolique représentatif de l’art palestinien. L’un de ces symboles est le pur-sang arabe. En effet, sa silhouette et son allure galbée entrent en résonance avec les rythmes de la musique palestinienne. L’un des autres éléments caractéristiques de son œuvre est la présence du blanc, qui fait référence à la figure musicale du Mawal – un genre traditionnel de musique arabe vocale généralement chanté en amorce d’une chanson – et qui, par la répétition d’un motif incolore, unit l’ensemble des formes au sein du tableau.
Trois périodes artistiques se détachent dans la production de T. Al-Akhal. La première est réaliste, à l’image du tableau Marché de Sabra (1972). La deuxième est abstraite et cubiste, et fait écho à un type de broderie palestinienne très populaire. La troisième s’inspire de la tradition picturale arabo-musulmane dans le but de traduire les problématiques de l’époque à travers l’usage de symboles tels que le cheval, la fleur et la ville, comme dans Chevaux au paradis (1990-1999).
T. Al-Akhal est reconnue pour ses engagements et son audace dans le domaine des arts, où elle n’hésite pas à faire usage de méthodes nouvelles et de techniques modernes qu’elle mêle à un large éventail de matériaux.
Une notice réalisée dans le cadre du réseau académique d’AWARE, TEAM : Teaching, E-learning, Agency and Mentoring
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