Tamar Garb, Made Routes, Londres, Richard Saltoun Gallery, 2019
→Tamar Garb (dir.), William Kentridge & Vivienne Koorland: Conversations in Letters and Lines, cat. expo, Fruitmarket Gallery (2016-2017), Edimbourg, Fruitmarket Gallery, 2016-2017
Made Routes, Richard Saltoun Gallery, Londres, 2019
→William Kentridge and Vivienne Koorland: Conversations in Letters and Lines, Fruitmarket Gallery, Édimbourg, 2016
→Small Paintings from the Nineties, University of Cape Town Irma Stern Museum, Le Cap, 1998
Peintre et plasticienne sud-africaine.
Ces quarante dernières années, Vivienne Koorland n’a cessé de remettre en question et de redéfinir les pratiques de la peinture et du dessin. Sa première formation en peinture laisse paraître la forte influence de son enfance dans une Afrique du Sud marquée par l’apartheid. Sa conscience aiguë des injustices et de la violence qui l’entourent la pousse à créer des tracts pour les manifestations d’étudiant·e·s et de travailleurs et travailleuses. En effet, pour elle la question du lien entre l’art et les luttes politiques est fondamentale. À ce jour encore, son œuvre continue de s’attaquer à l’éthique de l’acte pictural et à la manière d’apporter des réponses esthétiques aux événements et aux catastrophes historiques.
Après avoir passé une licence en arts à la Michaelis School of Fine Art à l’université du Cap en 1978, V. Koorland se rend à Berlin pour compléter son diplôme de master à la Hochschule der Künste en 1981. Elle étudie ensuite à l’École des beaux-arts de Paris et à la Columbia University à New York, où elle obtient un second master en arts en 1984. Bien qu’elle vive à New York depuis cette époque, son immersion dans l’histoire et l’art européens, son lien profond avec l’Afrique, ainsi que sa vision critique du sort de ce continent livré aux mains du colonialisme et du capitalisme, ont donné vie à un corpus d’œuvres qui compose avec les destins mêlés des marchandises, des symboles et des vies en instaurant un dialogue fertile et poétique entre des éléments géographiques au premier abord disparates.
En s’affranchissant des approches gestuelle et expressionniste, ainsi que de toute forme conventionnelle de réalisme ou d’abstraction, V. Koorland recycle et remanie les icônes, lettres, marques et mots issus de représentations et de contextes passés. Il en résulte une pratique profondément palimpseste et médiatrice, faite d’images et de matériaux retravaillés, souvent collés sur des supports caractéristiques en toile de jute et parfois mis en parallèle avec des pages empruntées à de vieux livres, qui jouent le rôle de grilles prédéterminées et pleines de références historiques. Cartes, alphabets, partitions, citations, photographies et dessins recyclés, dont certains créés par des enfants ou d’autres témoins de l’histoire non spécialistes, constituent le substrat de surfaces denses et riches en archives. The Local Monuments I: Childhood (1995) illustre parfaitement cette démarche, avec son collage de cartes postales et de photographies juxtaposé à des reproductions de textes, à des toponymes évocateurs et à des façades schématisées, mettant ainsi en scène une cartographie intime du Cap tel que l’artiste l’a connu dans sa jeunesse.
Considérée comme l’une des peintres contemporaines les plus importantes d’Afrique du Sud, V. Koorland présente quatorze toiles lors de la IIe Biennale de Johannesburg en 1997, une manifestation majeure intitulée Trade Routes: History and Geography. Parmi ses autres expositions, citons Reisemalheurs (Travel Woes) au Freud Museum de Londres (2007) ; HomeLands/LandMarks: Contemporary Art from South Africa à la Haunch of Venison Gallery de Londres (2008) ; William Kentridge and Vivienne Koorland: Conversations in Letters and Lines, à la Fruitmarket Gallery à Édimbourg (2016-2017). En 2019, son exposition Made Routes: Mapping and Making à la Richard Saltoun Gallery à Londres, en compagnie de Berni Searle (née en 1964), revisite les thèmes abordés dans Trade Routes et son utilisation, tout au long de sa vie, de listes et de cartes, d’icônes recyclées et de collages composites, tout un ensemble d’éléments qui traduisent la densité matérielle de l’expérience vécue à travers le maniement du langage et de l’image. Telle une forme de peinture « historique » critique, l’art de V. Koorland parle tout autant des traces du passé que des événements cataclysmiques qui ont modelé notre vie comme la sienne.