Louise Bourgeois, The Welcoming Hands, 1996, FNAC 2000-61, Centre national des arts plastiques at the Jardin des Tuileries since 2010, © Louise Bourgeois Trust / ADAGP, Paris / CNAP
À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, l’association Archives of Women Artists, Research & Exhibitions investit l’espace public durant un long week-end avec une question historique, culturelle et sociale : quelles sont les œuvres d’artistes femmes qui ont marqué le paysage parisien et où sont-elles ?
Tous les après-midi, des étudiant·e·s issu·e·s de l’École du Louvre proposeront des médiations face aux œuvres, pour une traversée de l’histoire de la sculpture publique à travers la géographie de la capitale. En dialogue avec le travail de leurs aînées, Céline Ahond, Laëtitia Badaut Haussmann, Laurence De Leersnyder et Capucine Vever ponctueront ces parcours de performances et installations éphémères, et Marie-Ange Guilleminot proposera une ouverture de la Boîte 31, boîtes de bouquiniste-espace de diffusion d’éditions, avec une sélection de livres d’artistes de femmes.
Gratuit et accessible à toutes et à tous sans réservation
Organisé en partenariat avec la mairie de Paris, l’École du Louvre et la Monnaie de Paris
Remerciements : Artcurial, CNAP, COARC, FMAC, musée du Louvre – sous‑direction des jardins
Programmation : Hanna Alkema, Coordination et recherches : Mathilde Bartier, assistée de Julie Sabau, Recherches : Eva Belgherbi
Le décor sculpté du Louvre
À la fin du XVIIIe siècle, la production des sculptrices dans la sphère publique augmente considérablement et le nombre de sculptures réalisées par des femmes au XIXe siècle n’est pas négligeable. Au Second Empire, un petit groupe d’artistes femmes se partage quelques réalisations importantes, dans le domaine de la sculpture et de la commande publique, à l’occasion du chantier du nouveau Louvre. Ce moment sera évoqué autour de la figure d’Hélène Bertaux (1825-1909) et permettra d’introduire la place des artistes femmes au XIXe siècle et plus particulièrement la place des sculptrices.
Jardin des Tuileries
À la fin des années 1990 et au début des années 2000, le sculpteur français Alain Kirili fut chargé, par le ministère de la Culture et de la Communication, de donner à la sculpture moderne et contemporaine la place qui lui revenait au sein du Jardin des Tuileries. Véritable vivier artistique, ce jardin est ponctué de plus de deux cents œuvres sculpturales dont les plus anciennes datent du XVIIe siècle.
À partir de 1997, une première phase dite “historique” réunit les œuvres de neuf grands artistes du XXe siècle. Parmi eux, seule une femme apparaît : Germaine Richier (1902-1959), rare sculptrice moderniste à obtenir des commandes publiques à son époque.
En 2000, une deuxième phase se concentre sur l’installation de la sculpture contemporaine faisant appel à dix-huit artistes renommés dont trois femmes : Magdalena Abakanowicz (1930-2017), Louise Bourgeois (1911-2010) et Anne Rochette (1957).
Le faible pourcentage d’artistes femmes dans le jardin des Tuileries est symptomatique de leur invisibilité dans l’espace public et plus généralement, de la place qui leur est accordée dans l’histoire de l’art.
Fontaine Stravinsky
Au début de sa carrière, l’artiste franco-américaine s’oriente rapidement vers la sculpture monumentale, comme en témoigne Hon-en Katedral, sculpture de nana géante de 28 mètres de long. Exposée en 1966 au Moderna Museet de Stockholm, elle est l’un des premières œuvres réalisées en étroite collaboration avec Jean Tinguely.
À partir de 1979, elle commence Le Jardin des Tarots, projet de grande envergure sur un terrain en Toscane, inspiré par les 22 cartes du tarot et mettant en scène des œuvres monumentales en ciment, qu’elle couvre de mosaïques de verre et de céramique.
Si Tinguely apparaît souvent à ses côtés, elle devient néanmoins l’une des sculptrices les plus sollicitées pour des projets de commandes publiques. La médiation autour de la fontaine Stravinsky sera l’occasion d’évoquer leur collaboration artistique si particulière.
Samedi 3 mars à 16h
Performance de Céline Ahond
Tout coule de source
Dans ses performances, ses vidéos et ses éditions, Céline Ahond tente de matérialiser le processus de création d’une image. Les mots sont aussi toujours présents et connectés aux images par la narration : reprenant les mots de Marguerite Duras « autour de nous, tout écrit », l’artiste incarne la posture de la narratrice qui guide les spectateur·rice·s dans les images qui nous entourent. Prenant pour point de départ la fontaine Stravinsky, Céline Ahond proposera une performance marchée autour de Niki de Saint Phalle, des fontaines et des femmes, nourrie de ses échanges avec la géographe Rachele Borghi.
Jardin Tino-Rossi
Cet espace, situé en bord de Seine, entre le pont d’Austerlitz et le Pont de Sully, fut transformé, à la fin des années 1970, en jardin par l’architecte Daniel Baldini. Au sein de ce jardin, fut inauguré en 1980, à l’initiative de la Ville de Paris, le musée de la sculpture en plein air. Ce lieu offre au public, un parcours d’une trentaine de sculptures, représentatives des courants artistiques les plus en vogue à l’époque. On peut encore admirer les sculptures de quatre artistes femmes, aujourd’hui plus ou moins méconnues du grand public : la chilienne Marta Colvin (1907-1995), la grecque Aglaé Libéraki (1923-1985), la hongroise Marta Pan (1916-2004) et la brésilienne Liuba Wolf (1923-2005). Leurs œuvres, réalisées entre la fin des années 60 et le tout début des années 80, s’inscrivent dans un contexte de réinvention de la sculpture, entre refus de figurer la réalité et recherche de la forme pure, et où les sculptrices tiennent une place importante.
Dimanche 4 mars à 16h
Performance de Laëtitia Badaut Haussmann
And it was not a party anymore
avec Lara Ayuso-Nicholls, Dizzie Le Tan, Lila Torqueo et Jisoo Yoo
Volonté politique admirable d’offrir à la ville une institution sans architecture ouverte aux vents, le musée de la sculpture en plein air, aujourd’hui en sommeil, reste mal connu des riverains qui l’arpentent. La destinée de ce musée singulier fait écho à l’enfouissement des pratiques d’artistes femmes dans l’écriture de l’histoire dominante par défaut de soin, de considération, mépris, négligence, malentendu ou indifférence. Dizzie et sa bande viendront rendre le jardin aux vents.
Monnaie de Paris
Présentée exceptionnellement pour l’événement, La Fonte des sables (2015) de Laurence De Leersnyder prendra place dans la Cour des fonderies de la Monnaie de Paris. Les œuvres de cette série ont été conçues en écho à leur contexte de création, à l’occasion d’une résidence sur le site du Cyclop à Milly-la-Forêt, œuvre collaborative créée par Jean Tinguely et Niki de Saint Phalle, en pleine nature. L’artiste a creusé des trous dans le sol, aussi profonds que son bras le permettait, avant d’y couler de l’aluminium en fusion, obtenant des moulages « d’après nature », présentés ensuite classiquement sur socle. Elle interroge ainsi l’histoire classique de son médium : les techniques relatives au moulage et à la fonte, les modes de présentation et les fonctions de la sculpture.
Dans le cadre de l’exposition Women House, organisée à la Monnaie de Paris et dédiée à la manière dont les artistes femmes ont repensé et illustré l’espace domestique, deux œuvres monumentales ont été présentées et seront toujours visibles pendant l’événement : Nana-Maison II de Niki de Saint Phalle (1930-2002) dans la Cour d’honneur et La Théière de Joana Vasconcelos (1971) dans la Cour de la Méridienne.
La Boîte 31 de Marie-Ange Guilleminot
En créant l’œuvre La Boîte, Marie-Ange Guilleminot la destinait, depuis 1997, non seulement à la diffusion des éditions et des livres d’artistes mais aussi à son inscription dans le paysage urbain parisien historique si particulier des quais de Seine… avec quatre boîtes de bouquiniste aujourd’hui situées entre l’École nationale supérieure des beaux-arts et La Monnaie de Paris, à deux pas du Pont des Arts, face à l’Institut et à la statue de Condorcet.
Reliée à un statut associatif et présidée depuis 2009 par Marie-Laure Bernadac, La Boîte 31 favorise la rencontre du livre d’artiste avec le plus grand nombre et manifeste la volonté de l’artiste d’investir l’espace public le plus commun, celui de la rue et du simple trottoir. Depuis près de 20 ans, l’ouverture des boîtes est rythmée par l’invitation d’artistes et permet au public de découvrir de manière singulière objets d’art, ouvrages inédits, rares et originaux.
Dans le cadre de “Paris c’est Elles”, accompagnée de Pauline Laudet et de Clara Chevrier, Marie-Ange Guilleminot a réalisé une sélection de livres d’artistes femmes et œuvres plastiques.
Quartier de Belleville
L’envol du Phœnix est une fiction sonore de Capucine Vever qui s’abordera au hasard d’une rencontre, durant un an, à partir du 1er mars 2018. Feng, une femme cherchant du travail et proposant ses services bon marché invite à la contacter par téléphone. En composant le numéro de téléphone, une voix féminine nous raconte l’histoire et les ambitions de cette femme qui habite le quartier depuis deux ans et qui a choisi pour s’en sortir – d’effectuer un travail pas comme les autres. Prêtez l’oreille aux petites annonces dorées placardées sur les poteaux du quartier de Belleville.
Atelier-jardin de sculptures de Liuba Wolf
Ouverture exceptionnelle de l’atelier-jardin de sculptures de l’artiste brésilienne Liuba Wolf dont deux œuvres sont présentées de manière permanente au Jardin Tino-Rossi – musée de la sculpture en plein air (5e arrt).