Yabloskaya M. N., Women Artists of Russia New Age, 1990-1935, New York/Londres, Rizzoli/Thames and Hudson
→Lébédéva S. D. & Moukhina V. I. (dir.), Trois sculpteurs soviétiques : A. S. Goloubkina, V. I. Moukhina, S. D. Lebedeva, cat. expo., musée Rodin, Paris (1971), Paris, Musée Rodin, 1971
Anna Goloubkina, musée des Beaux-Arts, Moscou, 1914
→Trois sculpteurs soviétiques : A. S. Goloubkina, V. I. Moukhina, S. D. Lebedeva, musée Rodin, Paris, 1971
→Le symbolisme russe, musée des Beaux-Arts de Bordeaux, Bordeaux, 7 avril – 7 juin 2000
Sculptrice russe.
Cette sculptrice exceptionnelle entreprend des études d’architecture à Moscou (1889-1890), puis apprend la sculpture auprès de Sergueï Ivanov, Sergueï Volnoukhine ainsi que Vladimir Béklémichev, à Saint-Pétersbourg. De 1895 à 1896, Anna Sémionovna Goloubkina étudie à l’académie Colarossi à Paris, où elle expose en 1899 ; parallèlement, elle présente ses œuvres à Saint-Pétersbourg aux salons du Mir iskousstva (« Monde de l’art ») de Diaghilev, la même année et en 1900. Elle travaille par intermittence dans l’atelier de Rodin entre 1900 et 1902. Son relief La Vague (1902), qui décore la porte d’entrée du Théâtre d’art de Moscou, est un dialogue avec la Porte de l’Enfer du maître parisien. Membre en 1906 de la Société des sculpteurs russes (ORS), elle est arrêtée l’année suivante pour propagation de libelles politiques. Libérée en 1908, elle intègre l’Union des artistes russes, puis expose jusqu’en 1910 dans les salons de ce groupe de peintres et de sculpteurs, où se côtoient l’impressionnisme, le style moderne, le symbolisme, le primitivisme. Elle participe aux expositions du Mir iskousstva, renouvelées en 1910 et en 1913. Après les révolutions de 1917, elle enseigne aux Ateliers libres (Svomas) et aux Ateliers supérieurs d’art et de technique (Vkhoutémas), de 1918 à 1922.
Un an avant sa mort, elle compte parmi les dirigeants de la Société des sculpteurs russes. Sa création se situe dans la mouvance stylistique de Rodin, en particulier dans le jaillissement de ses personnages d’une masse matérielle brute. Elle privilégie les sujets symboliques et les portraits de ses contemporains. Une œuvre comme Vase brouillard (1908) témoigne de sa volonté de donner une image anthropomorphique des éléments naturels : des visages humains aux yeux clos, dans différentes inclinaisons, émergent d’une masse tourmentée, supposée dégager une impression de brume matinale. La galerie de portraits d’A. S. Goloubkina (écrivains, poètes, philosophes) est un des joyaux de la sculpture de la fin du XIXe et du premier quart du XXe siècle. Son Portrait d’Andreï Biély (plâtre tonifié de 1907) est saisissant d’expressivité, à la fois symboliste par l’accentuation d’un regard flamboyant et visionnaire, mais aussi physiognomique par l’aspect quasi animal du personnage. Ces deux aspects de son art étaient déjà présents dans le Portrait d’Alexeï Rémizov (1899), où réel, rêve et vision sont étroitement imbriqués.