Majluf, Natalia (dir.), Elena Izcue: Lima-Paris. Années 30, cat. exp., musée du Quai Branly – Jacques-Chirac, Paris (1er avril – 14 juillet 2008), Paris, Flammarion, 2008
→Majluf, Natalia, Luis Eduardo, Wuffarden, Elena Izcue: El arte precolombino en la vida moderna, Lima, Museo De Arte De Lima, 1999
→Izcue, Elena, El Arte Peruano En La Escuela [L’Art péruvien à l’école], vol. I-II, Paris, Excelsior, 1926
Elena Izcue : Lima-Paris. Années 30, musée du Quai Branly – Jacques-Chirac, Paris, 1er avril – 14 juillet 2008
→Arte Moderno (Collection permanente), Museo de Arte de Lima, Lima
→The Art of Elena Izcue, The Fuller Building, New York, décembre 1935
Artiste et designer péruvienne.
Elena Izcue a grandement contribué à pousser le monde du design péruvien à s’ouvrir à son héritage précolombien. Tout au long de son parcours, elle a développé un corpus d’œuvres fondé sur cette iconographie précolombienne et tenant à la fois des beaux-arts et du design d’objets de luxe. Bien que ses œuvres aient été destinées à un public international privilégié, leur influence a néanmoins eu un impact durable sur l’identité nationale du Pérou et sur la diffusion de son patrimoine et de son artisanat à l’étranger.
E. Izcue entame sa carrière dans les années 1920, sous l’égide du gouvernement péruvien, qui lui commande des tableaux et des fresques. Son art s’affine à partir du milieu de cette décennie, lorsqu’elle devient une figure de proue de la mouvance dite du « renouveau précolombien ». Ce style de design particulier s’articule au sein d’un plus vaste mouvement pan-latino-américain indigéniste, dont l’objectif est de réorganiser la place des populations autochtones dans la société dans une conception ambitieuse de la modernité.
Ses préférences en matière de design coïncident également avec les découvertes archéologiques de Max Uhle et Julio Tello, dont les excavations de céramiques et de textiles précolombiens dans les années 1910 et 1920 font connaître au monde les styles et motifs des civilisations andines anciennes. E. Izcue étudie les objets archéologiques andins dans les musées de Lima et, avec sa sœur jumelle Victoria Izcue (1889-1976), conçoit une salle inca au Museo de la Nación à l’occasion du centenaire de l’indépendance péruvienne en 1921. Elle se met également à réaliser des peintures, des céramiques et des dessins fondés sur ses observations. Son œuvre associe l’iconographie des cultures précolombiennes nazca et chancay à des éléments Art nouveau, donnant ainsi lieu à des images et motifs quelque peu abstraits inspirés par ceux des artefacts archéologiques. En 1926, elle publie un manuel scolaire illustré, Arte Precolombino en la Escuela [Art précolombien à l’école], dans le but de familiariser les élèves péruvien·ne·s à l’histoire de leur pays et d’encourager un enseignement moderne de l’art nourri par des modèles locaux. L’État lui attribue par la suite une bourse de voyage qui lui permet de s’installer à Paris avec sa sœur en 1927. Là, elle étudie la gravure et les arts graphiques auprès d’autres artistes, dont Fernand Léger (1881-1955), et fait une première incursion dans le monde de la mode.
Entre 1928 et 1938, E. Izcue et sa sœur tiennent un petit atelier de textile dans la rue Madame, où elles produisent des tissus imprimés de motifs géométriques aux teintes discrètes tirés du renouveau précolombien. Plusieurs maisons de haute couture parisiennes, dont Worth et Schiaparelli, achètent leurs tissus imprimés à la main. C’est grâce à cette clientèle qu’E. Izcue a l’occasion de fréquenter les élites internationales. Elle se lie d’amitié avec la fille du banquier américain J. P. Morgan, Anne Morgan, qui lui achète des vêtements qu’elle vend ensuite à des acheteurs privés new-yorkais, à la fin des années 1930.
Les sœurs Izcue gardent le contact avec leur pays natal pendant leur temps passé à l’étranger et participent ainsi à l’organisation des pavillons nationaux péruviens pour l’Exposition internationale des arts et techniques dans la vie moderne (Paris, 1937) et l’Exposition universelle de New York (1939-1940). Bien que la Seconde Guerre mondiale oblige E. Izcue à retourner au Pérou, où elle passe le reste de sa vie d’artiste et d’éducatrice, le caractère précurseur de ses designs et de son artisanat se fait encore sentir à ce jour dans l’œuvre de nombreux·ses designers et artistes latino-américain·e·s contemporain·e·s.
Une notice réalisée dans le cadre du réseau académique d’AWARE, TEAM : Teaching, E-learning, Agency and Mentoring
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